Tri :
Date
Editeur
Auteur
Titre
|
|
"L'esclave vieil homme et le molosse" ou la restructuration du paysage intime d'un roman des Amériques / Corina Crainic
/ Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM, Samir BOUHARAOUA, Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
/ 10-10-2014
/ Canal-u.fr
CRAINIC Corina
Voir le résumé
Voir le résumé
"L'esclave vieil homme et le molosse" ou la restructuration du paysage intime d'un roman des Amériques / Corina Crainic. In "Patrick Chamoiseau et la mer des récits", colloque international organisé par le laboratoire Lettres, Langages et Arts (LLA CREATIS) de l'Université Toulouse Jean-Jaurès-campus Mirail, 8-10 octobre 2014. Thématique 6 : Esthétiques naratives et récits des Amériques.Si
les romans qui le précèdent se préoccupent d’abord du sort commun des
Martiniquais et s’attachent à mettre en relief la richesse, la diversité et la
beauté antillaises de manière à parer au legs esclavagiste, "L’esclave vieil homme et le molosse" met en
scène l’avènement de préoccupations autres, qui relèvent davantage du désir
d’une libération intime que de la sauvegarde ou de la réhabilitation d’un
peuple. Ce désir, exploré d’ailleurs aussi dans "Un dimanche au cachot", "L’empreinte
à Crusoé" et "Le papillon et la lumière",
éloigne le discours des effondrements et des éventuelles solutions en contexte
postcolonial. Il l’éloigne aussi d’une pensée du devenir commun, d’un projet
social, de revendications et d’invitations à une réflexion quant aux manières
d’habiter et de penser le monde en général et la Martinique en particulier. Ou
encore, s’il y a invitation à penser et à habiter le monde différemment, et
surtout plus intelligemment, plus sensiblement ou plus poétiquement, elle est
adressée à ce que l’être humain comporte de plus solitaire et de plus profond,
comme si la révolution appelée ne pouvait correspondre qu’à une intimité
envisagée comme la seule instance pouvant soutenir un projet d’une telle
envergure. Le roman entame aussi un mouvement relevant du roman des Amériques
ou d’une américanité se définissant d’abord et surtout par un désir de la
métamorphose inséparable de celui de la solitude, sinon même d’une
individualité définie non pas comme une pulsion narcissique destructrice ou
stérile mais plutôt comme la condition même de la connaissance et de la
plénitude. Corina Crainic étudie donc les manières dont s’expriment ces
préoccupations, ce qu’elles révèlent de la pensée de l’écrivain et la place
qu’elles occupent parmi des idées, idéaux, fantasmes ou lucidités d’écrivains
des Amériques tels que William Faulkner et Alejo Carpentier.
[Illustration adaptée de "Mystery River", photographie de Mattias Ripp, 2014, publiée sur Flickr]. Mot(s) clés libre(s) : Patrick Chamoiseau (1953-....), littérature antillaise de langue française
|
Accéder à la ressource
|
|
Table ronde : Enseigner les Humanités. Repenser enseignements et filières, filières universitaires
/ Jean JIMENEZ, Université Toulouse II-Le Mirail, Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM
/ 29-05-2010
/ Canal-U - OAI Archive
COURTRAY Régis
Voir le résumé
Voir le résumé
Table ronde "Filières universitaires". Dans "Les Humanités pour quoi faire ? : enjeux et propositions", colloque international organisé par le laboratoire Patrimoine, Littérature, Histoire (PLH) en collaboration avec le laboratoire Lettres, Langages et Arts (LLA). Université Toulouse II-Le Mirail, IUFM Midi-Pyrénées, 27-29 mai 2010. Thème IV : Enseigner les humanités : contenus, méthodes, filières, perspectives. Repenser enseignements et filières, 29 mai 2010. Interventions :- Introduction de François Ripoll (professeur de latin, Université Toulouse II-Le Mirail).- Compte-rendu de deux enquêtes APLAES : présence des langues anciennes dans les nouvelles formations universitaires / Marie-Pierre Noël (Université de Montpellier) et Frédéric Leblay (maître de conférences, université de Nantes).- Enseignement du latin en Lettres modernes : bilan et perspectives / Régis Courtray (maître de conférences, université Toulouse II-Le Mirail) et Fabrice Poli (maître de conférences, université de Bourgogne).- Le Master européen : discussion, propositions / Corinne Bonnet (professeur de lettres anciennes et responsable du master européen "european master in classical cultures), Université Toulouse II-Le Mirail, PLH Erasme). Mot(s) clés libre(s) : enseignement classique (débouchés), études littéraires (méthode d'enseignement), programmes d'enseignement (langues anciennes), sciences humaines (Lettres)
|
Accéder à la ressource
|
|
Chamoiseau et après ? / Jean-Louis Cornille
/ Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM, Samir BOUHARAOUA, Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
/ 08-10-2014
/ Canal-u.fr
CORNILLE Jean-Louis
Voir le résumé
Voir le résumé
Chamoiseau et après ? / Jean-Louis Cornille. In "Patrick Chamoiseau et la mer des récits", colloque international organisé par le laboratoire Lettres, Langages et Arts (LLA CREATIS) de l'Université Toulouse Jean-Jaurès-campus Mirail, 8-10 octobre 2014. Thématique 1 : Situation de Chamoiseau.
Cette communication évoque l'œuvre de Chamoiseau qui, à mesure qu’elle déployait ses fastes, n’a guère éprouvé de mal à susciter les lectures qu’elle méritait. Attentives et bienveillantes, celles-ci se contentaient de la suivre ou de l’accompagner (plus rarement s’efforçaient-elles de la précéder). Mais aujourd’hui c’est d’une certaine façon, malgré toutes les ouvertures auxquelles elle invite, une œuvre close, c’est-à-dire faite. Et à travers elle, ne dirait-on pas que son auteur a lui-même réussi sa dernière mue : d’« idiot » (« Chameau, oiseau ») qui plagiait les grands auteurs, puis de « petite personne » qui s’insurgeait contre eux (« Chamoiseau »), il est devenu « artiste » à part entière (« Cham »), et même un rien « chaman ». Le rebelle s’est mué en artiste, le révolté en amnésique. Il ne s’agit plus dès lors pour lui d’habiter son œuvre, mais d’en faire une île à nouveau déserte, c’est-à-dire ouverte à tous ceux qui viendront y échouer et feront, avec ses débris épars, œuvre à leur tour (afin de l’abandonner aussitôt, en bande, ce qui est encore une façon de la donner en abondance). La voici donc îlot flottant dans une mer de récits (Rushdie) : se séparant des autres (et non le moins du grand continent littéraire), tout en émergeant des profondeurs océaniques. Agir en artiste (Deleuze), c’est à la fois se séparer des autres desquels on continue de se sentir « solidaire », et devenir créateur « solitaire » : être solaire qui, tel le faux Robinson, se tient à la limite entre terre et mer. Dans le reflux. Mais jusqu’où refluer, rebrousser chemin ? On en revient forcément aux premiers écrits publiés dans lesquels se fomentait la révolte. Contre le père, les fils se sont liés, en formant une alliance, certes éphémère, qui ne devait pas se limiter aux seuls essais, comme en témoigne d’emblée Chronique, autant dire les tout premiers mots de l’œuvre : « En vous confiant qui nous étions, aucune vanité n’imprégnera nos voix » : manière de nous signaler que cette première œuvre fut écrite en complicité avec le premier roman de Confiant, Le Nègre et l’Amiral, qui semble presque s’en être dégagé comme d’une gangue. Cependant, l’auteur lui-même ne nous précède-t-il pas sur cette voie de relecture ? N’a-t-il pas atteint un point à partir duquel son œuvre ne peut guère plus que refluer sur elle-même ? A mesure qu’elle avance, elle se retourne sur soi, d’un geste tout sauf orphéen, puisqu’elle s’y constitue : sous la « sentimenthèque » gît une autothèque. C’est ainsi qu’on voit Biblique des derniers gestes mimer le titre du premier roman ; ou L’Empreinte à Crusoé reprendre les « chutes et notes » rejetées du même Chronique des sept misères ; ou encore Un dimanche au cachot revenir sans arrêt sur Le vieil homme esclave et le molosse. A présent qu’elle s’est constituée, incontournable, que dire encore de cette œuvre à chaque fois renouvelée par ce qu’elle accueille ou ce qui s’inscrit de surcroît en elle, sinon la relire (voire même la récrire) ? D’où ce titre : "Chamoiseau : et après ?" Qui peut aussi, de façon plus sournoise, s’entendre ainsi : que peuvent, après Chamoiseau, nous donner encore les Antilles, qui nous donnèrent Césaire, dont procéda Glissant ? Ce serait mal poser la question que d’y voir une sorte de vivier de la littérature produite en français. Chamoiseau n’a lui-même cessé d’appeler d’autres travailleurs à venir de nouveaux horizons : souvenons-nous ici que la mer des récits à l’origine désignait l’Océan indien.[Illustration adaptée de "Mystery River", photographie de Mattias Ripp, 2014, publiée sur Flickr]. Mot(s) clés libre(s) : littérature française (20e-21e siècles), Patrick Chamoiseau (1953-....), littérature antillaise de langue française
|
Accéder à la ressource
|
|
Furigraphier le vide : art et poésie touareg pour le IIIe millénaire / Hélène Claudot-Hawad
/ Nathalie MICHAUD, Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM, Université Toulouse II-Le Mirail, Portique nomade (Agadez)
/ 01-06-2009
/ Canal-u.fr
CLAUDOT-HAWAD Hélène
Voir le résumé
Voir le résumé
Comment exister hors des modèles hégémoniques imposés par la mondialisation ? Comment être touareg aujourd'hui ? Comment poursuivre la marche nomade qui multiplie les horizons ? Comment occuper le vide ? Ces questions douloureuses se posent avec une violence accrue dans les espaces arides du Sahara et du Sahel à l'économie asphyxiée, à la population criminalisée et aux territoires âprement convoités pour leurs richesses minières.Pour résister au chaos et au non-sens, pour lutter contre l'ultime dépossession de soi : celle de l'imaginaire, quarante-quatre poètes touareg de l'Aïr, de la Tagama, de la Téshilé et de l'Azawagh, se sont réunis à Agadez pendant trois nuits et trois jours en novembre 2006. Dessinant des parcours sonores libérés des entraves qui immobilisent aujourd'hui leur société, ils réinventent à leur manière les trames du présent.A travers un langage esthétique de l'intime, au plus près des visages, des corps, des regards, des gestes, des voix, ce film s'attache à saisir les émotions et la logique des acteurs en action. Il présente une facette ignorée du monde touareg, celle qui provient de l'intérieur de la société et fait découvrir la richesse insoupçonnée des productions poétiques et artistiques de cette culture originale et de ses cheminements esthétiques et éthiques dans la modernité. [Poésies et entretiens en tamajaght (touareg, langue amazighe), sous-titrés en français].
> Visionner la version anglaise : Furigraphing the Void: Touareg Art and Poetry for the IIIrd Millennium. Mot(s) clés libre(s) : Arlit (Niger), littérature touareg, art touareg, nomadisme (Sahel), poésie touareg, tamajaght (langue), civilisation amazighe (touareg), entreprises multinationales de production d'énergie, nomadisme (Sahara), résistance politique, dépossession territoriale, Agadès (Niger), politique et littérature, uranium (mines et extractions), littérature amazighe (tamajaght)
|
Accéder à la ressource
|
|
Renouveau et perspectives sur la langue française
/ Mission 2000 en France
/ 15-02-2000
/ Canal-U - OAI Archive
CERQUIGLINI Bernard
Voir le résumé
Voir le résumé
Une action en faveur de la langue française semble naturelle dans notre pays ; elle est plus que jamais nécessaire à l'heure de la mondialisation des échanges. On doit la fonder, cependant, non pas sur un attachement sentimental, mais sur une analyse scientifique de son histoire et des conditions de son progrès. Forte d'une tradition pluriséculaire, d'une vitalité mesurable, de nombreuses institutions d'encadrement, la langue française peut relever le défi de la modernité. Il faut pour cela : - relativiser la norme stricte qui la constitue, comprendre les dangers du purisme, percevoir les faiblesses du monolinguisme ; - moderniser les formes et structures qui requièrent un progrès. Par exemple, corriger régulièrement la graphie, inscrire dans le lexique la parité entre hommes et femmes ; - profiter des technologies nouvelles de la communication : bases de données textuelles et lexicales, dictionnaires en lignes, outils grammaticaux de toutes sortes sur Internet. Un rayonnement maintenu, voire accru de la langue française ne devra rien à une ""défense"" frileuse, mais tout au savoir et au mouvement.Conférence du 15 février 2000 par Bernard Cerquiglini. Mot(s) clés libre(s) : français (langue), france, langage et langues (france), langues et mondialisation, normalisation, politique linguistique, préservation des langues, purisme (linguistique)
|
Accéder à la ressource
|
|
Pouvoir, langue et coutume au XVIe siècle / Jean-Pierre Cavaillé
/ Jean JIMENEZ, Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM
/ 27-11-2008
/ Canal-U - OAI Archive
CAVAILLE Jean-Pierre
Voir le résumé
Voir le résumé
Jean-Pierre Cavaillé se propose d'examiner la relation entre langue et coutume au XVIe siècle, qui donne lieu au XVIe siècle à une réflexion particulièrement riche et diversifiée, en prenant en compte les couples notionnels mobilisés à l'époque pour théoriser à la fois la nature des langues, faire leur histoire, assurer leur promotion et penser la juste relation du pouvoir politique aux langues écrites et parlées par les sujets : « langues naturelles » et langues artificielles (ou plutôt langues « d'art »), langues « vulgaires » et langues « nobles », langage « maternel » et celui qui ne l'est pas, enfin « langue du pays » et « langue du roi » ou « langue de la cour ».L'importance assumée dans ces discussion par la notion, à la fois juridique, anthropologique et linguistique de « coutume », permet, entre autres choses de revenir sur le mythe de Villers-Cotterêts (ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539), aujourd'hui plus que jamais opératoire dans les discours publics. Cette déconstruction du mythe nous servira de terrain pour esquisser une première analyse des relations complexes entre langue, coutume, droit et pouvoir politique au moment où le français, comme d'autres langues vulgaires en Europe, à la faveur d'une dynamique indissociablement politique et culturelle, entreprend de rivaliser avec le latin et le grec.Communication donnée dans le cadre des 4e Rencontres internationales La Boétie de Sarlat organisées par la Société des amis de La Boétie au Centre culturel de Sarlat, du 26 au 28 novembre 2008, colloque "La coutume : formes, représentations et enjeux ".Voir les autres vidéos du colloque Mot(s) clés libre(s) : droit (langage), droit coutumier, français (langue), langage et langues (XVIe siècle), politique linguistique (XVIe siècle), sociolinguistique
|
Accéder à la ressource
|
|
Example of a Gesture System: Orchestral Conducting
/ Thomas GUIFFARD
/ 17-02-2015
/ Canal-u.fr
BOYES BRAEM Penny, BRAM Thüring
Voir le résumé
Voir le résumé
This talk presents some of the analysis techniques that have been used for the linguistic study
of Deaf sign languages to the analysis of the non-dominant hand gestures of orchestral
conductors. The results will be illustrated by examples from both sign languages (Boyes
Braem) and from conducting (Thüring Bräm). Mot(s) clés libre(s) : langue des signes, poésie signée, conduction d'orchestre
|
Accéder à la ressource
|
|
B3 - Le scénario apprentissage-action par Claire Bourguignon
/ Bruno BASTARD, Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM
/ 15-11-2008
/ Canal-U - OAI Archive
BOURGUIGNON Claire
Voir le résumé
Voir le résumé
« Le japonais, c’est possible. États généraux de l’enseignement du japonais en France ». Colloque organisé à l’occasion du 150e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et le Japon. Université Toulouse II-Le Mirail, 15 novembre 2008.Un des intérêts majeurs du Cadre européen commun de référence des langues (CECRL) est d’amener l’ensemble des enseignants de langue, toutes langues confondues, à réfléchir sur leur pratique pour les faire évoluer dans une même direction en vue d’une harmonisation favorable au développement du plurilinguisme d’un côté, et d’un autre côté en vue de redonner du sens à l’apprentissage des langues.Dans cette logique, cette conférence, ancrée sur mes travaux de recherche, sera consacrée aux préconisations du CECR comme facteurs d’évolution didactique pour aboutir à ce que j’ai appelé la « démarche communic’actionnelle » à travers le « scénario d’apprentissage-action », à la fois démarche et cadre d’apprentissage. Mot(s) clés libre(s) : cadre européen commun de référence des langues (CECRL), didactique des langues, japonais (langue), méthodes d'apprentissage
|
Accéder à la ressource
|
|
Didactique du français en LSF au primaire : atelier 2 / Marie-Paule Kellerhals, Catherine Bouis
/ SCPAM / Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail, Jean JIMENEZ, Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
/ 15-10-2014
/ Canal-u.fr
BOUIS Catherine, KELLERHALS Marie-Paule
Voir le résumé
Voir le résumé
Didactique du français en LSF au primaire : atelier 2 / Marie-Paule Kellerhals, Catherine Bouis, in "Regards croisés sur la LSF et l'apprentissage du français écrit", journée d'études organisée conjointement par l'École supérieure du professorat et de l'éducation (ESPE, Toulouse), le département Sciences du langage et le laboratoire Cognition, Langues, Langage, ergonomie,
Équipe de Recherche en Syntaxe et Sémantique (CLLE-ERSS)
de l'Université Toulouse Jean-Jaurès-campus Mirail, 15 novembre 2014. [Conférence en langue des signes française en LSF traduite par
Patrick Gache, Gaëlle EIchelberger et Katia Abbou]. Mot(s) clés libre(s) : écriture (pédagogie), didactique des langues, enfants sourds, étude et enseignement (primaire), langue des signes française (étude et enseignement)
|
Accéder à la ressource
|
|
L'autorité dans les romans de Patrick Chamoiseau / Joscelin Bollut
/ Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM, Samir BOUHARAOUA, Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
/ 08-10-2014
/ Canal-u.fr
BOLLUT Joscelin
Voir le résumé
Voir le résumé
L'autorité dans les romans de Patrick Chamoiseau / Joscelin Bollut. In "Patrick Chamoiseau et la mer des récits", colloque international organisé par le
laboratoire Lettres, Langages et Arts (LLA CREATIS) de l'Université Toulouse Jean-Jaurès-campus Mirail, 8-10 octobre 2014. Thématique 2 : Le livre et la parole.Les représentants de l'autorité sous toutes ses formes sont, dans les romans de Patrick Chamoiseau, régulièrement mis en échec lors de l'exercice de celle-ci. On entend par là que ces personnages, qu'ils appartiennent aux forces de police (Solibo Magnifique), au corps enseignant (Une enfance créole), ou qu'ils s'affirment dans leur environnement comme maîtres incontestables de toute chose (Les neuf consciences du Malfini, L'empreinte à Crusoé), font eux-mêmes la démonstration de la défaillance de leur autorité dans la mesure où elle ne s'exprime que par une violence extrême et incontrôlable. Il est difficile de ne pas voir, dans cette représentation de l'autoritarisme et de l'imposition d'une volonté par la violence physique, les traces laissées dans la culture créole par le colonisateur imposant sa loi, sa pensée, sa langue. Dans les romans de Chamoiseau, les détenteurs d'une autorité réellement efficiente ne correspondent finalement pas aux modèles hiérarchiques habituels. De ce point de vue, l'auteur se fait par ailleurs l'écho des structures familiales particulières aux sociétés antillaises, fondées sur la matrifocalité, malgré la prépotence théorique du père : nous repérons ainsi des constellations de femmes assumant collectivement le rôle de chefs de famille (Une enfance créole), ou bien plus généralement de figures féminines combattantes imposant leur résistance face à l'autoritarisme masculin (Texaco), l'ensemble reprenant pour la communauté l'image du "poteau mitan" ou "Potomitan" empruntée au vaudou. L'exercice de l'autorité se définissant étymologiquement comme la capacité à faire croître et donc à enseigner, il semble pertinent de constater que divers personnages d'éducateurs se démarquent, au sein des récits de Chamoiseau, par l'autorité naturelle que leur confère leur sagesse ou leur appréhension du monde supérieure.
Ces manifestations singulières de l'autorité au sein des univers romanesques construits par Patrick Chamoiseau doivent en fin de compte nous permettre d'en questionner une autre de nature différente, qui est celle de l'auteur tel qu'il se met en scène. En se bâtissant un double à la fois narrateur et personnage, le "marqueur de parole", Chamoiseau se montre souvent actor (en évoluant ponctuellement dans ses propres récits) mais aussi auctor (fondateur d'une parole légitimée puisque présentée comme authentique). Une manière feinte, puisque purement fictionnelle, de légitimer le récit par des sources extérieures est une forme d’abdication volontaire de l'auteur dans son autorité habituelle, ce dernier abandonnant apparemment sa paternité sur le texte pour donner à lire le récit d'un autre ; et pourtant inversement, la présence récurrente d'un personnage-narrateur qui est un double de l'auteur semble marquer une résistance à laisser l'univers romanesque exister en-dehors de son créateur. Cela semble donc positionner l'auteur à mi-chemin entre un retrait vis-à-vis du texte qui semble dénoter une certaine humilité, une mise en scène du récit selon une authenticité fictive, et un jeu complexe autour de l'autofiction.[Illustration adaptée de "Mystery River", photographie de Mattias Ripp, 2014, publiée sur Flickr]. Mot(s) clés libre(s) : littérature française (20e-21e siècles), Patrick Chamoiseau (1953-....), littérature antillaise de langue française, autorité (dans la littérature)
|
Accéder à la ressource
|
|