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Les travaux de notre équipe sur les troubles schizophréniques interrogent les liens entre d'une part la dimension clinique de la désorganisation, spécifique de cette pathologie et les anomalies cognitives la sous-tendant, et d'autre part les troubles du langage et de la communication et le déficit en théorie de l'esprit observé chez ces patients (Hardy-Baylé et col, 2003). Les expressions figuratives sont l'une des modalités les plus fréquentes par lesquelles le langage exprime sa fonction pragmatique. L'objectif de nos recherches était d'étudier la compréhension de différentes formes figuratives du langage par les patients schizophrènes de point de vue de la dynamique des processus neurocognitifs qui sous-tendent la compréhension du langage figuré et littéral. La première étape de nos recherches était d'analyser les modalités spécifiques des anomalies de l'interprétation des expressions figuratives (e.g. interprétations au sens littéral, concret ou incongru) par les schizophrènes au moyen d'épreuves expérimentales (ex. les tests de choix multiple). La seconde étape était d'étudier les mécanismes neurocognitifs du traitement du langage figuré par la méthode des potentiels évoqués cognitifs permettant d'accueillir en temps réel des mesures cérébrales reflétant les processus cognitifs qui sous-tendent le traitement du langage. Les résultats des études expérimentales ont permis d'observer que les patients schizophrènes avaient tendance á interpréter au sens littéral les expressions figuratives, en particulier lorsqu'elles étaient ambiguës (e.g. des idiomes ayant une acception littérale et figurée). Ce biais de littéralité était spécifique aux patients schizophrènes á la différence du biais d'interprétations au sens concret qui était également observé chez les patients déprimés. Les difficultés d'interprétation des métaphores et des idiomes chez les patients schizophrènes étaient fortement corrélées au degré des troubles formels de la pensée et des troubles de la communication (Iakimova et col, 2006; 2007). Les résultats psychophysiologiques montrent que les mécanismes neurocognitifs du traitement sémantique sont déterminés par le degré de structuration du contexte indépendamment de son caractère figuré ou littéral (Passerieux et col, 2000). Le degré de structuration du contexte des expressions figuratives est déterminé par leurs caractéristiques intrinsèques (ex. familiarité, prédictibilité, ambiguïté). Nos résultats suggèrent que les troubles de la compréhension du langage figuré chez les patients schizophrènes seraient liées á leurs anomalies générales du traitement intégratif du contexte sémantique. En effet, ces anomalies sont observées que le contexte soit figuré ou littéral (lakimova et col, 2005). D'autre part, les troubles de la compréhension des idiomes ambigus seraient sous-tendus par des anomalies des processus d'inhibition du sens dominant (figuré ou littéral) de l'idiome lorsqu'il est inapproprié au contexte sémantique (Iakimova et col, 2007). Nos recherches contribuent également á la compréhension des mécanismes neurocognitifs du traitement du langage chez le sujet normal. The interest of our research unit is focused on the relation between the clinical disorganisation syndrome in schizophrenia and the cognitive abnormalities which underlay this pattern, in particularly the relation between both language and communication disorders and theory of mind deficits in patients with schizophrenia (Hardy-Baylé et al. 2003). The figurative language is the most frequent form which illustrates the pragmatic function of the language. The aim of our research was to investigate the comprehension of different forms of figurative language (e.g. metaphors and idioms) in patients with schizophrenia by focusing on the neurocognitive mechanisms which mediate the on-line comprehension of both figurative and literal language. The first step of our research was to analyse the specific modalities of impaired figurative language interpretation (e.g. literal, figurative, concrete and incongruous) in patients with schizophrenia by using a classical experimental approach (multiple choice tasks). The second step was to investigate the neurocognitive mechanisms of figurative language comprehension by the method of event-related potentials which provides continuous brain measures of the cognitive processes which underlay natural on-line language comprehension. The results of the experimental studies showed that schizophrenic patients tend to interpret the figurative sentences literally, especially when they were ambiguous (e.g. idioms with two plausible meanings: both literal and figurative). Such as bias toward the literal meaning was specific to schizophrenic patients in contrast to a bias toward the concrete meaning which were also observed in patients with major depression. In schizophrenic patients impaired comprehension of both the metaphors and the idioms was correlated to the level of patients' thought and communication disorder (Iakimova et al, 2006; 2007). The psychophysiological results showed that neurocognitive mechanisms of semantic processing were determined by the degree of the contextual constraints of both literal and figurative sentences (Passerieux et al, 2000). The contextual constraints to figurative sentences were determined by their intrinsic characteristics (their familiarity, predictability, ambiguity). Our results suggest that the impairment of schizophrenia patients in figurative language comprehension appeared to be related to a general impairment of semantic context processing. In fact, abnormal semantic context processing in patients with schizophrenia was observed in both literal and figurative context (lakimova et al, 2005). Moreover, impaired comprehension of ambiguous idioms appeared to be further related to patients' inability to suppress the dominant (or the salient) meaning of the idiom when it was irrelevant to the semantic context (lakimova et al, 2007). Our research further contributes to the comprehension of the neurocognitive mechanisms of language comprehension in normal subjects.
Origine
SPI-EAO CERIMES Canal-U Santé et Sport
Générique
Auteur: Galina IAKIMOVA Docteur en Psychologie (PhD in Psychology) CHU Versailles - INSERM (ERI 15), Université Saint Quentin en Yvelines (EA 4047)
Mot(s) clés libre(s) : anomalies cognitives, Collège de France, psychiatrie, schizophrénie