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Pourquoi la pensée conspirationniste est-elle souvent séduisante ?
/ 11-06-2014
/ Canal-u.fr
DANBLON Emmanuelle
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Les hommes ont souvent été séduits par des théories du complot pour
expliquer leurs malheurs ou pour expliquer le bonheur (des autres), ou
encore pour rendre compte de phénomènes qu'il ne comprenaient pas : des
hommes ont cherché dans des complots l'explication des grandes
épidémies, des guerres, des famines, mais aussi des grands succès
inespérés de leurs adversaires, ou des gloires qui peuvent susciter
l'incompréhension ou la jalousie, etc. Dans l'imaginaire des
auteurs des théories du complot, certaines institutions et certains
groupes ont traditionnellement rempli le rôle des comploteurs : les
jésuites, les juifs, les francs-maçons, les communistes, les
capitalistes, le FBI, le KGB, etc. L'imagination était d'autant plus
facilement sollicitée pour élaborer ces théories qu'elle pouvait sans
mal prendre appui sur l'existence de complots avérés (Watergate,
Timisoara, etc.). Dans le climat de défiance qui prévaut à l'encontre
des sciences et des technologies, il n'était pas surprenant que les
thèses complotistes resurgissent, alimentées là aussi par des faits
réels qui font du mal à l'ensemble de la communauté scientifique. Mot(s) clés libre(s) : complot, argumentation, défiance, doute, controverse
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Existe-t-il un lexique que l'on retrouve fréquemment dans la pensée conspirationniste ?
/ 11-06-2014
/ Canal-u.fr
DANBLON Emmanuelle
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Nous reprenons de
Danblon et Nicolas (2010, Les rhétoriques de la conspiration. CNRS éditions) quelques éléments d'analyse qui
peuvent aider à repérer des textes porteurs d'une théorie du complot.
Cependant, il serait illusoire de s'imaginer qu'il existe un lexique,
une syntaxe ou un style qui désignerait de façon sûre des textes
complotistes. Mot(s) clés libre(s) : complot, argumentation, défiance, doute, controverse
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Existe-t-il des arguments classiques dans la pensée conspirationniste ?
/ 11-06-2014
/ Canal-u.fr
DANBLON Emmanuelle
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Nous raisonnons très souvent à partir d'indices pour rechercher l'explication de certains faits troublants.
Par
exemple, si le nouveau pot de pâte de chocolat est vide, je peux relier
ce fait troublant avec d'autres faits : (1) mon petit garçon adore le
chocolat, (2) il est rentré de l'école quand le pot était encore rempli,
(3) il n'a pas faim à l'heure du dîner, (4) il a quelques traces de
chocolat sur ses joues... Et il me dit qu'il n'a pas mangé de chocolat.
Cependant, les nombreux indices que j'ai assemblés m'indiquent (5) qu'il
a mangé la pâte de chocolat. J'ai raisonné selon la structure d'un argument convergent :
Au vu des indices (1-4), je tire la conclusion (5).
Cette
structure de raisonnement est très classique, dans mille circonstances :
pour mener une enquête policière, pour établir un diagnostic médical,
pour expliquer la présence d'une tache d'humidité sur un mur, pour
comprendre les raisons d'un échec aux examens...
Souvent,
cette structure de raisonnement se révèle puissante pour nous permettre
de découvrir une explication satisfaisante qui rende compte d'un fait
ou de plusieurs faits troublants. Mais c'est aussi un type d'argument
qui, par sa structure même, peut nous induire en erreur. En effet,
même si tous les indices présents dans les prémisses d'un argument
convergent sont vrais, il reste possible que sa conclusion soit fausse.
Dans notre précédent exemple, il est possible que mon petit garçon dise
vrai, et qu'il n'ait donc pas mangé de chocolat, ou qu'il en ait mangé
un petit peu seulement (et que ce soit son frère ou sa mère qui ait
mangé l'essentiel ou la totalité de la pâte).
Par
cet exemple, nous voyons qu'il est possible de construire un argument
convergent qui conduise à la conclusion qui nous semble la plus
évidente. Il en est de même dans d'innombrables situations.
L'argumentation
complotiste repose souvent sur cette structure argumentative qui est à
la fois très populaire, très utile... et potentiellement fausse. C'est
pourquoi il importe de porter un regard critique sur ce type d'argument convergent.
Cependant, comme nous l'explique Emmanuelle Danblon, il serait
illusoire de penser que le discours complotiste peut être repéré par des
indices linguistiques ou argumentatifs simples. Mot(s) clés libre(s) : complot, argumentation, défiance, doute, controverse
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Exemple de la pensée conspirationniste
/ 11-06-2014
/ Canal-u.fr
DANBLON Emmanuelle
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La défiance qui nous préoccupe ici ne s'oppose pas à une confiance
aveugle comme celle d'un enfant qui dort dans les bras de son père. Rien
ne justifie une confiance aveugle. Cette défiance s'oppose plutôt à un scepticisme raisonnable, à l'analyse critique des thèses qui se confrontent dans les débats de société. Elle s'oppose à un travail d'enquête
sérieux. Et dans certains cas, celui-ci peut mettre à jour des
connivences, des manipulations, des affaires de corruption dans
certains projets technologiques. Ce scepticisme raisonnable est souvent une attitude saine qui nous oblige à penser et à évaluer les arguments des uns et des autres.Exemple présenté : la théorie complotiste selon laquelle le SIDA n'existe pas Mot(s) clés libre(s) : complot, argumentation, défiance, doute, controverse
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Comment peut-on définir une pensée conspirationniste ?
/ 11-06-2014
/ Canal-u.fr
DANBLON Emmanuelle
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Définition d'une pensée conspirationniste par Emmanuelle Danblon Mot(s) clés libre(s) : complot, argumentation, défiance, doute, controverse
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Comment distinguer une pensée conspirationniste et une pensée qui dénonce une conspiration bien réelle ?
/ 11-06-2014
/ Canal-u.fr
DANBLON Emmanuelle
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La pensée complotiste s'oppose à une pensée qui
recherche les causes réelles ou les causes les plus probables des
phénomènes étudiés. Et cette opposition montre que la pensée complotiste
est paresseuse à trois titres au moins :
1. La pensée complotiste ne recherche pas, ou cherche peu, les causes des phénomènes dont elle traite
2. La pensée complotiste vise à désigner un coupable
3. La pensée complotiste dit ce que ses partisans veulent entendre Mot(s) clés libre(s) : complot, argumentation, défiance, doute, controverse
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La démocratie des crédules (IAP)
/ Marcel LECAUDEY, Jean MOUETTE, Loïc QUENTIN, Institut D'Astrophysique de Paris (IAP), CERIMES Centre de ressources et d'information sur les multimédias pour l'enseignement supérieur
/ 01-04-2014
/ Canal-u.fr
BRONNER Gérald
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Conférence de l'Institut d'Astrophysique de Paris présentée par Gérald Bronner, professeur de Sociologie Université Paris-Diderot (Paris 7) le 1er avril 2014.
Pourquoi les mythes du complot envahissent-ils l'esprit de nos
contemporains ? Pourquoi se méfie-t-on toujours des hommes de sciences ?
Comment, d'une façon générale, des faits imaginaires ou inventés, voire
franchement mensongers, arrivent-ils à se diffuser, à emporter
l'adhésion
des publics, à infléchir les décisions des politiques, en bref, à
façonner une partie du monde dans lequel nous vivons ? N'était-il
pourtant pas raisonnable d'espérer qu'avec la libre circulation de
l'information et l'augmentation du niveau d'étude, les sociétés
démocratiques tendraient vers une forme
de sagesse collective ? Voici quelques thèmes que la conférence
abordera. Mot(s) clés libre(s) : théorie du complot
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Table ronde - Réagir face aux théories du complot
/ Canal-u.fr
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La journée d'étude "Réagir face aux théories du complot" se déroule le 9
février 2016 au Muséum national d'histoire naturelle. Collégiens,
lycéens, étudiants, enseignants, universitaires et chercheurs, membres
d'associations, journalistes, psychiatres, juristes sont rassemblés à
cette occasion pour présenter leurs démarches, échanger sur leurs
expériences et participer à des tables rondes, conférences et ateliers.
Cette journée s'inscrit dans le cadre de l'Enseignement moral et civique
et de l'éducation aux médias et à l'information, et dans la continuité
de la mobilisation pour les valeurs de la République. Mot(s) clés libre(s) : complot, théorie du complot
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Quel est le statut de la preuve scientifique dans le débat public ?
/ Canal-u.fr
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François Rastier traite d'un texte qui décrit un « plan d'action » des entreprises Syngenta et Bayer Crop Science pour traiter du problème de la disparition des abeilles.
Il s'intéresse à un court extrait de ce texte : « Ce
plan résulte de l'incapacité de la Commission européenne à trouver un
accord avec les États membres pour fournir une réponse appropriée au
rapport de l'Autorité européenne de sécurité des aliments sur le risque
théorique de l'usage des pesticides néonicotinoïdes pour la santé des
abeilles ».
François Rastier relève la posture
qu'adoptent les entreprises à l'égard de la Commission européenne : une
posture qui entend, en dernière analyse, exiger de cette commission de
contredire la position de la communauté scientifique au sujet de la
disparition des abeilles, en remettant en question l'importance des
insecticides dans la disparition des abeilles.
Le « risque théorique » qu'évoquent les auteurs s'oppose à la preuve empirique des articles de recherche et renvoie ainsi les résultats scientifiques à de simples hypothèses.
Dans la suite de la séquence filmée, François Rastier montre que les auteurs de ce plan d'action cherchent à minimiser le danger des insecticides
en mettant en avant d'autres causes de la disparition des abeilles.
Leur plan ne fait que retarder la prise de décisions politiques pour
traiter du problème environnemental posé par la santé des abeilles.
On
voit, par cet exemple, que la preuve scientifique peut toujours être
considérée comme insuffisante, notamment par ceux qui défendent des
intérêts opposés aux conclusions des recherches.
Dans ce cadre, les critiques peuvent toujours(1) évoquer des biais dans les protocoles expérimentaux ou dans le traitement des résultats,(2) nier les causalités qui dérangent,(3) évoquer d'autres causes possibles. Ces éléments de langage permettent de constituer un brouillard argumentatif. Mot(s) clés libre(s) : complot, argumentation, défiance, doute, controverse
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La preuve scientifique reste-t-elle toujours insuffisante pour certaines entreprises auxquelles on impute un problème sanitaire ou environnemental ?
/ Canal-u.fr
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Le statut de la preuve scientifique dans le débat public est aujourd'hui âprement discuté. Ce statut est important parce qu'il détermine la fonction des sciences dans notre société.
Par
exemple, les premières preuves scientifiques de l'origine humaine du
réchauffement climatique datent de 1981. Or, elles sont toujours
contestées en dépit du large consensus qui existe dans la communauté
scientifique. Il en est de même au sujet du rôle des néonicotinoïdes
dans la disparition des abeilles, qui est pourtant bien attesté depuis
1995, mais qui reste contesté, notamment par les fabricants de ces
insecticides.
Pour traiter de ces formes de contestations des résultats scientifiques, François Rastier établit un distinguo entre la controverse scientifique et la polémique anti-scientifique. Mot(s) clés libre(s) : complot, argumentation, défiance, doute, controverse
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