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Chronique des Pygmées Bagyeli 2008 : Profession : chasseur
/ 12-05-2008
/ Canal-u.fr
THOMOPOULOS Nikos
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Chronique des Pygmées Bagyeli 2008 : Profession : Chasseurversion française sous-titrée en anglais
Scénario
La forêt d’Afrique Centrale. Un lieu hors du temps.
Un berceau de mythes sur la Terre et l’espèce humaine.
Un de ces mythes relate l’histoire du petit chasseur pygmée qui vit en pur état sauvage au milieu de la forêt.
Dans l’imaginaire collectif, le Pygmée est l’homme primitif par excellence, resté dans un passé lointain de l’humanité. En 2008, plus que jamais, cela est-il valable ?
Quel est le conte que la forêt raconte aujourd’hui sur ce peuple des fables? Au Cameroun, dans la forêt atlantique du sud-ouest, habitent les Bagyeli, une ethnie Pygmée de 5 000 individus dispersés en petits groupes. Il paraît que les Bagyeli ont gagné leur habitat actuel vers la fin du 18e siècle. Selon la légende, ils suivaient, en tant qu’éclaireurs, les déplacements des Kwassio, un groupe ethnique appartenant à la famille linguistique des Bantous. Contrairement aux Bantous, ils menaient une vie nomade dans la brousse, basée sur la chasse et la cueillette.
La forêt leur fournissait la base pour leur subsistance : de l’eau, du gibier, des plantes sauvages, des écorces pour fabriquer des médicaments. Afin de compléter leurs besoins en aliments agricoles et en outils de fer, ils faisaient du troc avec leurs voisins Bantous.
En raison de leur taille et de leur mode de vie plus sauvage, les villageois Bantous considéraient toujours les Pygmées comme des sous-hommes, dépendants de leur civilisation supérieure.
Depuis environ un demi-siècle, des changements profonds bouleversent le mode de vie des Bagyeli. L’accroissement des populations villageoises dans la région, au début du 20e siècle, a suscité une déforestation continue et une réduction du gibier disponible.
Les Bagyeli ont été amenés à chercher d’autres moyens de subsistance. Ayant appris comment pratiquer l’agriculture en travaillant dans les plantations des Bantous, ils ont commencé à cultiver leurs propres champs.
L’adoption de l’agriculture a exigé la sédentarisation. De nouveaux enjeux se présentent désormais pour les Bagyeli. Ils doivent trouver un équilibre entre leur culture traditionnelle et la modernité… Nous sommes au village de Mashuer-Mashuer. Perché sur la montagne de Ngovayang, à 2 heures de marche de la piste, c’est l’un des villages les plus éloignés des Bagyeli. Les petites rivières qui coulent à proximité lui prêtent son nom qui veut dire « beaucoup de cascades ». Au milieu d’une clairière dans la forêt, une douzaine d’habitations hébergent trois familles étendues. La population, de 50 personnes environ, n’est jamais constante.
Les va-et-vient entre les villages de Bagyeli sont fréquents.
On ne devrait pas être étonné : les Bagyeli ont la mobilité dans leur sang…
Une partie du village est occupée par la famille de Guini-Marcel, le guérisseur traditionnel. Guini-Marcel a 50 ans. Il est un des plus anciens du village, l’espérance de vie des Bagyeli étant 40 ans. Il habite avec sa femme, Buona-Marie, et leurs deux filles, Angwade-Merci et Eugénie. Dans la case d’à côté, vivent ses deux neveux, Ndiko et Mabali-Bienvenüe. Mabali, l’aîné, est un grand chasseur, un vrai enfant de la forêt. Sa femme, Dolose, et son fils, Mvia-Timothé. Tôt le matin, dans la cuisine, les femmes allument le foyer. On le maintient allumé toute la journée, afin de satisfaire les différents besoins de la famille. Au-dessus du feu il y a un banc sur lequel on fait fumer les aliments à conserver: la viande, les noix de palmier… Dans ce milieu humide, la chaleur du feu est une arme indispensable.
La fumée fait sécher les filets de chasse, ainsi que le feuillage de la case. Les Pygmées sont parmi les derniers représentants au monde d’une culture de chasse et de cueillette. Cette activité ancestrale constitue traditionnellement le cœur de leur mode de vie. Elle forme l’essence de ce peuple ; son identité culturelle. Les premiers chercheurs qui ont observé la vie des Pygmées avaient relaté de grandes expéditions de chasse qui duraient des semaines, voire des mois. Le campement entier se déplaçait afin de gagner de nouveaux territoires plus riches en gibier. La chasse était une activité collective dans laquelle tout le groupe participait. La chasse au filet pouvait apporter de grands animaux, comme des éléphants ou des gorilles, alors en abondance dans la région. L’adoption de l’agriculture a largement modifié la base de leur économie. La sédentarisation progressive a vu le temps d’absence du campement diminuer. La chasse est devenue individuelle. Désormais, on se contente à de courtes expéditions, d’un à deux jours, autour du campement. Le gibier, plus rare qu’avant, consiste en animaux de petite ou moyenne taille tels que des antilopes, des rats sauvages, des oiseaux ou des singes. On utilise encore des armes traditionnelles comme la sagaie ou l’arbalète. Le chien est un compagnon précieux pour la chasse. Il va chercher le gibier tué, attraper des rats dans leur trou, aider à abattre un animal chassé. Parfois, les Bantous prêtent des fusils aux Bagyeli afin qu’ils chassent pour eux. Vu la dépendance des Bagyeli envers leurs voisins de grande taille, les termes de cet accord ne sont pas équitables. Ayant passé plusieurs jours et nuits dans la forêt pour chasser, les Bagyeli sont obligés d’apporter tous les gibiers attrapés aux Bantous, en échange d’un peu de tabac, de cannabis ou de vin de palme. La méthode de chasse la plus courante aujourd’hui est la pose de pièges. Chaque chasseur installe dans la forêt ses propres pièges. Ils sont éparpillés dans une étendue de plusieurs kilomètres, perdus dans la végétation dense.
Il faut vérifier les pièges tous les deux à trois jours, afin d’éviter qu’un animal attrapé commence à pourrir. Mabali-Bienvenüe visite ses pièges aujourd’hui pour voir s’il a attrapé quelque chose. La machette et l’arme toujours sur l’épaule, afin d’ouvrir le passage et tuer des gibiers éventuels, il fonce dans la forêt… Cohabitant depuis toujours avec les animaux dans la même forêt, les Bagyeli ont appris à observer et à distinguer leurs particularités et leurs habitudes. Ils savent où chaque animal fait son nid, quand et comment il chasse ou il se repose, ils reconnaissent sa voix et peuvent l’imiter pour l’attirer. La recherche de nourriture dans la forêt est toujours un mystère pour les Bagyeli. Ils ont appris à vivre avec l’imprévu constant en faisant confiance à la providence de la nature. Ils prennent ce que chaque jour a à les offrir. Aujourd’hui, Nzambe, le Grand Esprit de la forêt, envoie à Mabali une petite tortue… Sur le chemin du retour, on croise la femme de Mabali au bord d’un ruisseau. Elle va chercher des crabes et de petits poissons dans l’eau de la rivière. Les enfants sont là pour s’amuser et apprendre. Comme dans plusieurs sociétés traditionnelles, la force physique détermine le rôle économique de chaque sexe. Tandis que les hommes pratiquent la chasse, les femmes Bagyeli s’occupent de la cueillette dans la forêt : des tubercules sauvages, des fruits, des champignons, des escargots, des chenilles, des crabes… tout entre dans le panier. De mère en fille, les femmes Bagyeli connaissent le rythme éternel de la nature, comment la vie naît, meurt et se régénère. Leur cœur bat selon une horloge intérieure, quasi-instinctive, qui suit les vibrations de la forêt. Elles savent en quelle saison pousse chaque plante. Elles peuvent reconnaître les champignons non vénéneux parmi des dizaines. Quand les pluies arrivent, elles savent que c’est le moment pour aller chercher les chenilles qui tombent des grands arbres pour former leur chrysalide dans le sol. Elles ont les clés de toutes les maisons des petits crabes qui se cachent dans la boue… La vie des Bagyeli change, et ce réservoir de connaissances, cet héritage culturel de toute l’humanité est menacé… Jusqu’à quand les enfants Bagyeli vont accompagner leurs mères dans ce mystique voyage d’apprentissage au cœur de la forêt ?
De retour au village, le soir s’approche et les femmes sont en train de préparer le dîner. La cuisine des Bagyeli est rudimentaire. Des bananes plantains et des tubercules bouillis, comme l’igname, le macabo ou le manioc, forment la base du repas. On l’accompagne avec un plat de viande ou de poissons, selon le rendement du jour. Une sauce faite de feuilles de plantes ou de fruits sert de salade…
Les hommes finissent la journée en fumant du cannabis…
La nuit tombe. Faute d’électricité, la vie dans le village est obligée de s’éteindre. La dernière lumière d’une lampe de pétrole, et puis…la forêt, sombre et mystérieuse, recouvre ce petit monde… Le matin, on prend un bon repas avant de partir pour le travail. Ça donne la force pour toute la journée jusqu’au dîner du soir. Aujourd’hui, on trouve, dans le menu, du chat sauvage, des fruits de l’arbre à pain et du ndolé, une sauce faite d’herbes. C’est le jour de l’agriculture. La famille de Mabali se prépare pour aller à son champ. Chacun aiguise ses propres outils, Mabali, sa machette et sa hache pour le défrichement ; sa femme, la pelle pour semer. Un arrêt pour s’approvisionner en eau dans la rivière. Mabali appelle son frère pour venir l’aider à abattre des arbres. L’agriculture chez les Bagielli se fait sur des parcelles de terre éclaircies dans la forêt. On travaille un champ pendant deux-trois ans et puis on le laisse en jachère. On cultive des bananes plantains, du macabo, de l’igname, du manioc, de l’arachide. La grande saison sèche, de décembre à mars, c’est la période du défrichement et des semailles. Puis, les pluies font pousser les boutures et lors de la prochaine saison sèche on revient pour faire la récolte de l’année. Le travail est réparti entre l’homme et la femme. Les hommes défrichent le champ et abattent les arbres, tandis que les femmes sèment la terre. Dans quelques décennies, l’agriculture est devenue une composante importante de l’économie des Bagyeli.
Désormais, les récoltes de leurs propres cultures leur permettent de compléter les besoins en produits agricoles pour lesquels ils recouraient aux Bantous dans le passé. Cette autonomie économique s’impose comme la voie principale pour acquérir plus d’indépendance vis-à-vis de leurs voisins.
Elle demande, au retour, des changements profonds de la part des Bagyeli. L’adaptation à la sédentarité et à la planification à long terme se heurte à leur entier système de pensée. Le mauvais entretien des champs et les défrichements non réguliers témoignent des difficultés de la reconversion à la vie agricole. Les Bagyeli doivent renforcer leurs capacités dans cette activité, faire preuve de leur détermination et lutter pour leurs droits, afin d’établir leur statut de cultivateur et assurer leurs terres. Selon le régime foncier au Cameroun, toutes les terres appartiennent à l’Etat. Celui qui met en valeur une terre, en cultivant ou en construisant une habitation, peut établir un titre foncier et ainsi devenir propriétaire. Les titres fonciers sont attribués au premier lieu par le conseil de chaque village Bantou.
Or, les Bagyeli sont confrontés à la réticence des Bantous de reconnaître des droits aux Pygmées et de leur céder les terres qui leur correspondent.
Après une dure journée de travail, les rythmes s’apaisent dans le village.
Le temps passe inaperçu, s’efface presque.
C’est l’heure de la détente, de l’amusement, des petits moments où toute la famille se rassemble. Guini-Marcel déniche quelques pages abîmés d’un vieux magazine français, tombé à ses mains Dieu sait comment.
Des extraits d’une réalité lointaine, étrange, imperceptible. Qui est-ce cette femme blanche souriante ? Et cet homme qui danse, deux bâtons dans les mains, sur une grande étendue de blanc ? Les sirènes de la mondialisation ont su atteindre ce petit bout du monde. Que vont-ils faire les Bagyeli en face d’elles, boucher leurs oreilles et s’attacher à leur mat, ou se laisser séduire par les chants magnétisants de la modernité ?
Aujourd’hui, Mvia-Timothée est malade. Exposé à toute sorte de parasite qui vient des insectes ou de l’eau non-potable, un enfant qui habite dans ce milieu forestier est très vulnérable. Sa mère lui prépare un remède pour les vers intestinaux, en faisant bouillir des écorces d’arbre.
Peuple de la forêt, les Bagyeli ont instinctivement appréhendé la base de la médecine, le pouvoir guérisseur de la nature.
Leur renommée pharmacopée traditionnelle est basée sur des produits extraits de la forêt. Ils utilisent des écorces, des feuilles et des racines, dont ils connaissent les vertus thérapeutiques.
Chaque arbre, chaque plante a ses propres qualités, qui peuvent guérir différentes maladies, ou au moins les soulager. L’art du guérisseur repose dans les mains d’une seule personne dans le village, qui lui-même l’a hérité de son père ou de sa mère. La réputation des Bagyeli comme de grands thérapeutes leur vaut des visites par des Bantous qui viennent se faire traiter ou juste réclamer…un peu de magie pour résoudre leurs problèmes. La pharmacopée traditionnelle des Bagyeli a depuis la nuit des temps assuré leur survie dans cet environnement hostile.
Mais est-ce que ce précieux savoir ancestral suffit pour les protéger de toutes les maladies qui les frappent ? L’adoption de nouveaux comportements sanitaires se présente comme une des retombées les plus positives de la modernisation.
Les Bagyeli commencent à comprendre la nécessité d’aller à l’hôpital pour se faire traiter ou pour accoucher et apprennent à se protéger contre certaines maladies comme le paludisme ou le SIDA. Plus on connaît les Bagyeli, moins on arrive à cerner qui ils sont vraiment.
Quelle est, enfin, l’identité de ce Bagyeli pris dans le tourbillon d’une modernité de plus en plus présente ?
Que voient-ils dans le miroir de leur existence ?
Traditionnellement, l’identité d’un Bagyeli, c’est son ethnie, son village, sa famille, ses propres exploits et ses vertus. C’est tous ces éléments qui lui donnent la reconnaissance auprès de ses frères. Qu’en est-il pour le Bagyeli qui s’est ouvert au monde et à un autre mode de vie ? On dit aujourd’hui aux Bagyeli « Il faut acquérir une carte d’identité pour être reconnu citoyen à part entière. »
Mais, depuis quand un Bagyeli exerce une profession? Ce papier officiel est encore une preuve de leur mutation culturelle ou leur passeport pour une nouvelle meilleure vie ?
Il semble que les Bagyeli sont confrontés à une réalité incontournable.
S’ils ne peuvent pas l’éviter, il faut au moins être préparés pour l’affronter.
La clé pour leur survie dans un nouveau monde, c’est l’éducation.
Avec cette conviction en tête, on se rend à Bipindi, un petit bourg à quelques kilomètres de Mashuer Mashuer.
Là, se trouve le FONDAF, un centre d’hébergement et d’éducation d’enfants Bagyeli.
Savoir est pouvoir. L’éducation donnera aux Bagyeli les armes pour s’émanciper et améliorer les conditions de leur vie.
Elle leur permet de prendre conscience de leur situation et des enjeux qui les concernent. Ainsi, ils pourront faire de meilleurs choix pour leur propre avenir. Une éducation moderne, conforme aux normes de tous les citoyens camerounais, va-t-elle de pair avec un abandon des connaissances traditionnelles ?
Là aussi, un pari se pose pour les Bagyeli : trouver la voie moyenne qui leur permettra d’avancer, tout en maintenant l’essentiel de leur spécificité culturelle. Emportés par le courant de la modernisation, en pleine transformation culturelle, les Bagyeli sont devant le plus grand dilemme de leur existence : To be or not to be Bagyeli ? Mot(s) clés libre(s) : Vie quotidienne, guérissage, Afrique centrale, chasse, gibier, cueillette, rivière, sédentarisation, bagyeli, eau, bantou, relation inter-ethnique, tradition/modernité, thérapie, Mashuer Mashuer, Ngovayang, guérisseur, toilette, film ethnographique, pygmées, plante, feu, pêche, forêt, agriculture, alimentation, mondialisation, mythe, déforestation, animal, vidéo, Cameroun, reconversion, foyer, cascade
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Chronique des pygmées babongo 2007 : Cueillette rituelle de remèdes
/ 26-02-2007
/ Canal-u.fr
EPELBOIN Alain
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Maison de Loundu Daniel à Moughombofouala, le 26 fév 2007, (Ogoué Lolo, préfecture de Koulamoutou, Gabon)
Au retour de la divination en forêt, Loundou Daniel, le devin-guérisseur, accompagné de ses clients, rentre chez lui et s'attache aux reins des amulettes spécifiques. Puis, il conduit son client derrière la maison en commençant par un massif végétal à côté des latrines. Après avoir convoqué les esprits par un claquement rituel sp. d'une feuille contre sa paume, il prononce des paroles adressées à l'esprit tutélaire en secouant le massif végétal : puis, il fait répéter à son client les paroles prononcées en forêt en secouant la touffe. Il en coupe deux brins d'herbe et en fait couper 3 au consultant. La même opération est réalisé en une autre place du jardin sur une touffe d'une autre espèce végétale (2 morceaux de feuille). Mot(s) clés libre(s) : afrique, devin-guérisseur, autel, remède, incantation, pygmée, tambour, Babongo, nzebi, Ogooué Lolo, Mokhombofouala, cueillette rituelle, nanga, ethnomusicologie, confession, guérissage, musique, forêt, esprit, vidéo, paroles, plantes, ethnomédecine, Gabon, rituel, film ethnographique, divination, amulette, latrines
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Chronique aka 1988, Akungu : Femmes pays
/ 16-02-1988
/ Canal-u.fr
EPELBOIN Alain
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Dans le campement pygmée d'Akungu, en République centrafricaine, les femmes et les enfants vaquent à leurs occupations quotidiennes. Au cours de quelques journées se déroulent des scènes telles que la préparation et la cuisson de chenilles, la cure de la migraine d'une jeune femme, la toilette des enfants dans la rivière, la préparation des repas, les jeux des enfants, l'extraction de puces-chiques du pied d'une enfant, la scarification, le tatouage et la décoration des visages et des bras, puis la scarification thérapeutique d'une jeune femme.Chapitres :01 préparation de chenilles ndosi1. Les chenilles sont décoconnées.2. Une fois décoconnées, elles sont prêtes à griller de façon à éliminer leurs poils et à assurer leur éventuelle consommation.3. Les cocons vides seront ensuite repoussés hors du campement dans un tas de déchets secs.4. Du bois est mis à brûler afin de préparer la braise nécessaire à la grillade des chenilles.5. Mambi secoue les chenilles mélangées avec des braises, dans une vieille marmite en aluminium, percée.6. Les chenilles sont versées sur le sol, puis triées jusqu'à obtention d'un époilage satisfaisant.Extrait de l'encyclopédie des Pygmées Aka Edd. SELAF© chenille Anaphe (spp.) .kòngo // = .ndosì Thaumétopoéidé, Anaphe venata Butler, A. infracta Welsh.Morphologie - Jaune foncé, couvertes de longs poils blancs; petites chrysalides brunes. — Éthologie -Petites chenilles processionnaires; cocons réunis en cocon communautaire..ndòsì, Chenille Anaphe, Thaumétopoéidé, Anaphe sp.Acq. - prod. (collecte) = septembre; elles font l'objet d'une récolte systématique pendant la période des chenilles.Expl. - conservation = séchées après vannage sur les braises pour enlever les poils toxiques;- échange/commercialisation = fort prisées des villageois, ceux-ci en sont très demandeurs, soit dans le cadre de l'échange, soit en les achetant aux Aka quand ils ne sont pas alliés.Alim. - base (chair = elles sont cuites à l'eau bouillante, puis assaisonnées ou non de sel et d'huile de palme; on consomme aussi les chrysalides dont la saison dure plus longtemps (novembre); la consommation de .ndòsì mal cuites provoque des vomissements répétés et violents.?Méd. - gastro. (indigestion de § .ndòsì) = l'écorce de § .gbàdo, en décoction à boire, calme les vomissements et les fait stopper.Créd. - biologie = pendant la saison des chenilles, la saison des .ndòsì, constitue une des trois étapes marquées; les chrysalides se réunissent dans un grand cocon communautaire, è.koto-ya-ndòsì / la peau | la÷cette de | l'÷ Anaphe /;Les chenilles (§ .kòngó) doivent souvent être flambées pour les débarrasser de leurs piquants ou de leurs poils, mais on emploie le verbe § mbà- “griller” pour cette action (§ .sOngí) ou encore § pEp- lorsque l'on utilise pour ce faire un panier spécial § .sàkádà). De nos jours, une bassine d'aluminium percée de trous et dotée d'une anse végétale remplace souvent le panier traditionnel, moins résistant aux braises qui assurent l'époilage.Lorsque les chenilles se rassemblent et forment des groupes compacts et lorsqu'elles se mettent en cocon communautaire, il n'est plus possible de distinguer l'individu; on a affaire à une masse indifférenciée, ce que représente la dérivation par changement de genre.(N : 9/8 = bò.ndòsì / mà.ndòsì)202 consommation de fruits vondoKoti a rapporté d'une tournée de cueilette des fruits vondò d'une liane Apocynacée : ils sont immédiatement consommés en les suçant.03 cure de migraine par application de mbili sur des scarificationsAprès avoir réalisé des scarifications en couronne sur le front et les tempes de Wawa qui souffre de migraine, Mambi applique une pâte médicinale § .mbili.L'application du .mbili provoque une vive douleur que Wawa exprime par des cris et des gémissements.L'opération terminée, Mambi range la lame de rasoir ainsi que les restes de remède dans une petite boîte cylindrique propriété de Wawa.Celle-ci se couche, sa dernière-née blottie contre son sein et finit par s'endormir, soulagée.Les enfants se partagent un gobelet d'eauExtrait de l'Encyclopédie des Pygmées AKa Ed. SELAF-Peetersbambo (Nd : 5/6 = è.bambo/bè.bambo < *bamb) mal de tête (sp.), céphalée (sp.), migraine (sp.)La douleur est perçue comme un éclatement (d'où le nom de la maladie), selon certains ressenti d'un seul côté de la tête, souvent accompagné de vertiges.Dans un premier temps, le malade se soigne lui-même en fabricant ou se faisant fabriquer par un proche une corde-remède tressée (§ .kOdi), qu'il se noue autour de la tête. Si ce traitement n'est pas suivi d'effet ou si le mal est trop violent ou encore si le malade ne connaît pas la plante pour faire la corde-remède, il s'adresse au guérisseur (§ .ngàngà). Celui-ci (ou à défaut une parente du campement) lui fait des scarifications qu'il enduit de poudre-remède (§ .mbili) et de sel de cendres.mò.kOdi-wa-è.bambo «liane-remède de la migraine» è.bambo à`O mò.sokò-wâvE wa mù-bàta o-tùtù, wà mù-bambua o-tùtù, bô nde ba kEsà«La céphalée donc, c'est ta tête qui se fend en dedans; elle éclate en dedans c'est pourquoi on incise»
bo mò.sokò-wâvE wa kOnE, OvE ga kà-mò.kOdî, nde ò kàta mò.sokò, nde ò kàta bamoedi «Quand la tête te fait mal, tu te contentes de couper une corde-remède, de te l'attacher à la tête sur laquelle tu l'enfonces» (AE .bambo 18-19)cƒ .kOnO04 Jeu d'enfant: préparation d'un repasA la limite entre le jeu et la réalité, Mengi prépare un petit repas pour ses petites soeurs, tandis que sa mère migraineuse se repose.
05 Enchanvrement des enfantsMongay, aidé par une fillette (=une tante) finit tranquillement les restes de chanvre indien de la pipe de son père.Encyclopédie des Pygmées Aka Ed SELAF-Peeters.mbangì (N : 1/2 = mbangì/bà.mbangì) Chanvre indien
Cannabis sativa L., CannabinacéePlante herbacée cultivée.
Tech. : gén. (stupéfiant) = les feuilles et les sommités fleuries sont séchées, écrasées entre les doigts et et fumées dans une pipe sp. ou dans une feuille végétale ( Zingibéracées § .sEtì, Renealmia sp. ou Aframomum sp.) ou dans n'importe quel papier disponbleLa pipe la plus couramment utilisée est constituée par l'entrenœud de bambou sòngò : le fourneau est constitué par le creux de l'amorce éclatée d'une cartouche de calibre 12.
Soc. : écon.-soc. (échange) = le Chanvre indien, importé illégalement des pays limitrophes, entre dans le cadre des échanges avec les villageois, au même titre que le tabac (§ .mbangà) et l'alcool (§ .ngbakò). De très rares Villageois de la région et à présent quelques Aka en cultivent occasionnellement quelques pieds dans un coin reculé de plantation forestière (la culture en étant interdite).
Même si tous ne sont pas amateurs, de nombreux Pygmées sont consommateurs de chanvre indien. Celui-ci, au même titre que les alcools et les tabacs, n'est pas considéré par les Aka comme une drogue toxique, mais comme des nutriments nécessaires à l'entretien de la santé et de l'humeur, à la réalisation de performances, par exemple de chant ou de danse. Ils permettent l'exécution des travaux pénibles exigés par l'entretien des plantations villageoises de café.
Outre le miel et des remèdes “magiques”, le chanvre et le tabac sont employés par nombre de grands chasseurs pour mener à bien les longues poursuites de gros gibiers.
Hommes, femmes, adolescents, enfants, tous les amateurs ont leur part, qui n'est pas égale. Le partage au sein de la société aka obéit aux règles coutumières de répartition des produits valorisés et donne à voir, au-delà des discours théoriques de préséance, le fonctionnement quotidien de la société. La consommation de chanvre n'est pas le fait d'amateurs marginaux; elle est totalement socialisée.
Tous les membres du campement, hommes, femmes et enfants, participent aux causeries et réjouissances, dont fumer fait partie. Le tabac n'est absolument pas considéré comme toxique et de jeunes enfants finissent “en cachette” les restes de pipe ou de cigarettes.
Les dons et contre-dons de tabac affichent la reconnaissance du statut social de l'individu. Ils sont donc de fait très ritualisés, notamment dans les rapports avec les beaux-parents.
En cas de manque, des fumeurs toxico-dépendants sont amenés à échanger des quantités importantes de produits forestiers contre de dérisoires quantités de cigarettes auprès de leurs fournisseurs villageois.
Néanmoins, à l'exception des grandes occasions, les parts journalières per capita sont la plupart du temps réduites à quelques bouffées d'un produit à faible teneur en substances actives. Les femmes amatrices sont moins nombreuses que les hommes et plus discrètes.
Il n'y a aucune notion, dans cette société, de la toxicité biologique de la fumée inhalée : cigarettes et pipes passent sans cesse de bouche en bouche selon des ordres de préséance précis ; des papiers épais, imprimés servent à confectionner des cigarettes ; les pipes à réservoir d'air impliquent des aspirations très aggressives pour les poumons.
Conscients du caractère illégal de la possession et de la consommation du chanvre au regard des lois officielles de l'Etat centrafricain, les Pygmées savent, en présence d'étrangers, parfaitement dissimuler leur consommation. Aussi est-il très difficile d'apprécier l'ancienneté de l'usage du chanvre indien chez les Pygmées aka?Lorsqu'une prise de chanvre provoque un malaise caractérisé par le fait que les “yeux tournent” (misO mâ zònga, vertiges), on frotte le corps du fumeur avec les feuilles de .tOtO grandes herbes (spp.) (Commélinacées, 1) Palisota hirsuta (Thunb.) K. Schum. 2) P. schweinfurthii). Après quelques instants, il reprend ses esprits {Mga 94}.
Si la conduite d'un individu, sous l'emprise de l'alcool ou du chanvre, va à l'encontre des normes de sociabilité, il est considéré comme malade et pris en charge par la collectivité. Cette “maladie” est rapportée au .kìlà (1. interdit alimentaire, 2. maladie due à la rupture d'un interdit alimentaire). La cure, outre différentes thérapies appropriées, à base d'onctions de matières végétales et de scarifications avec application de substances médicinales, aboutit à un interdit personnalisé de consommation de chanvre ou d'alcool.
Les devins-guérisseurs aka, avec lesquels nous avons travaillé {Mga et Bg}, ne consomment jamais de chanvre, sans qu'il soit possible de savoir s'il s'agit d'un goût personnel ou d'un interdit spécifique. Ces mêmes individus, au cours de leur apprentissage-initiation et de leur exercice professionnel, ont été amenés à consommer à des fins divinatoires un lixiviat hallucinogène et psychodysleptique d'écorces de racines de § .bònd&o (Strychnos icaja et surtout Tabernanthe iboga). L'usage en est strictement réservé aux contacts avec le surnaturel (divination et ordalie) et en conséquence au spécialiste, le devin-guérisseur et ses assistants.
Tabac, alcool et chanvre sont tous produits de l'échange avec les Villageois. Le vin de palme (§ .lEkù), sans en être produit puisque les Aka se le procurent directement, résulte cependant des contacts avec ceux-ci (qui en sont grands consommateurs) du fait que les Palmiers (Elaeis guineensis Jacq.) producteurs se trouvent dans les zones de forêt colonisées par eux, récemment ou anciennement (§ .ndama).
.mbangà (N : 1/2 = mbangà / bà.mbangà) tabac commercialisé
Nicotiana tabacum L., Solanacée
Il s'agit du tabac sous forme de cigarettes, beaucoup plus rarement de tabac en paquet.
Tech. : gén. (stupéfiant) = toujours obtenues auprès des non Pygmées dans le cadre des relations d'échange ou par achat, les cigarettes sont gardées soigneusement dans les sacoches § .sàwàlà. Elles sont partagées en société, aussi est-on souvent amené à n'en fumer que des portions, soit dans un fume-cigarette de bois ou d'os long de singe (§ .pOlOtì) ou plus simplement dans un morceau de feuille pliée de § .sEtì.
Leur valeur augmente considérablement au fur et à mesure de l'éloignement des centres d'approvisionnement. En pleine forêt; quelques cigarettes peuvent être troquées par un villageois contre un gibier entier.
Quoique globalement moins consomatrices, certaines femmes sont des fumeuses invétérées.
Les cigarettes de tabac brun fort (de la marque “Tumbaco”), importées en fraude du Zaïre, sont très valorisées, considérées comme plus fortes que le chanvre.
na dì-kOta mbangà «Je fume du tabac»A présent, les cigarettes "blondes" à bout filtre sont les seules consommées.06 Partage d'eau entre enfantsSous le contrôle de leur mère Wawa, les enfants se partagent un gobelet d'eau, les plus petits avant les plus grands.
Extrait de l'Encyclopédie des Pygmées Aka Ed. SELAF-Peetersmáì (N : 8 = máì) 1. liquide, eau (potable)
L'eau est la boisson usuelle des Aka, comme un support de cuisson essentiel (et quotidien) (§ sìp-). Ordinairement l'eau provient de la source des ruisseaux (§ .sókò5) ou de leur cours s'ils sont propres et limpides — d'ailleurs on cherche toujours à établir le campement à proximité d'un “marigot”. Le lieu de puisage de l'eau potable est toujours situé en amont des lieux de toilette et de lessive.
Cependant, dans certaines régions inondables ou marécageuses, en saison sèche, il est nécessaire d'atteindre en profondeur la nappe phréatique grâce à des trous (§ .dìbà). On recueille aussi les eaux de pluie (§ .mbóá) dans un tronc tombé de parasolier creusé en auge (§ .kòmbò). Ici encore, le trou servant à l'eau de boisson est distinct de la mare limitrophe servant à la toilette.
Pourtant le moyen le plus usuel de remplacer une source consiste à recueillir la sève de végétaux particuliers, celle des arbres § .ngàtá et § .kòmbò (Moracées) que l'on fait couler par leurs racines-échasses (§ .kúmà) ou par des entailles en arêtes de poisson à la base du tronc, mais c'est surtout la sève de lianes-à-eau (§ .nzàmbí) qui s'écoule de tronçons que l'on coupe. C'est ce dernier procédé que l'on emploie pour se désaltérer pendant les sorties en forêt.
â kùká mò.nzàmbí bè.kúdú, bè.kúdú, bè.kúdú; bâ bOsá máì-mEnÉ, bâ núà
«Ils coupent la liane-outre en morceaux; ils prennent cette eau et s'en désaltèrent» (14.638, 640)
nà mbE-núákâ mÉ kà-ngá-máì-má
«Je ne veux boire que cette eau-là» (14.70)
ná gE máì-má-ngbOkO, ná g`E mò.zàmbí
«Il faut que je prenne de l'eau de liane en coupant la liane-outre» (14.635)
á bùàsá kÉnzÉ mú-tà-máì
«Il prend du sable dans l'eau» {Bay}(QIL 57)
kàbá y$E máì «Donne-lui de l'eau» {Bay}(QIL 61)
máì-m^EnÉ má-múyá «Cette eau est chaude» {Bay}(QIL 113)
búsÉ WúÉ mbéngó máì «Nous boirons de l'eau» {Bay}(QIL 159)
máì má zE mú-mò.kÉdì
«Il y a de l'eau dans le marigot» {Bay}(QIL 204)
§ .lEkù
2. eau, étendue d'eau, eau courante
> marigot, marécage, rivière
Les nombreux petits cours d'eau peu profonds qui sillonnent la forêt facilitent la progression sous le couvert et sont utilisés comme chemins privilégiés, alors que les rivières constituent plutôt des obstacles. Lorsque l'eau est trop profonde pour être traversée à gué, un arbre est abattu en travers de la rivière pour assurer le passage d'une rive à l'autre. Parfois, une liane est tendue à hauteur de main pour faciliter l'équilibre, mais le plus souvent, on franchit ce pont improvisé sans garde-fou.
Les marécages, nombreux dans l'interfluve Sangha-Oubangui, sont des réserves poissonneuses intéressantes, mais aussi des lieux de collecte importants (Raphia, champignons…) qui justifient des expéditions collectives. Cependant la progression dans les marais est souvent dangereuse et femmes et enfants s'y hasardent moins volontiers que les hommes. Si l'on y exerce certaines activités, on ne franchit généralement pas les zones marécageuses, on les contourne.
Traditionnellement les Aka n'utilisent aucun type d'embarcation permettant d'utiliser les voies navigables. Seuls ceux qui sont alliés aux riverains de l'Oubangui ont depuis quelques années commencé à construire de petites pirogues pour leur usage personnel : elles leur permettent surtout d'avoir accès aux îles du milieu du fleuve qui sont des réserves giboyeuses, plutôt que de pratiquer la pêche au fleuve, comme leurs commensaux villageois.
bá kànánÉ mè.nd&Emb`E ó-tùtù-yà-máì mà.sú mà.sátò
«Elles ont mis le manioc à tremper dans l'eau pendant trois jours»
bâ dòá-má m`Ok`Om`Ok`O ó-tùtù-yà-máì ng^O.nÉ ó-bè.kpànì ng$o-tô «Ils vont aller l'après-midi dans les marécages là-bas, sur les petites termitières» (12.88)
OvE tí-gúíÉ ó-tùtù-yà-ngá-máì, má gúíánÉ nà-kô nà-kô (12.243)
«Ce n'est pas toi qui entre dans ce marécage, il est bien trop profond»
ínábO dòánÉ vùù, kùká mòEí-máì
«Allons ensemble, vite, traverser au milieu du cours d'eau» (10.14)
à kàná è.sòngà mú-máì
«Il jette une nasse dans la rivière» {Bay}(QIL 62)
var. .kEdì {Bay} // ƒ .kélèdì
3. eau, saison des pluies > annéeDans le vécu quotidien, on n'est pas souvent amené à décompter le temps en années. Dans la plupart des cas, il est fait référence à un événement marquant pour situer une année dans le passé, lorsqu'on cherche à déterminer l'âge de quelqu'un par exemple. Cela se fait aussi par rapport aux naissances ou aux décès qui se sont produits dans les mêmes temps que celui que l'on veut situer.La division du temps en années se fait aussi bien par référence à la saison des pluies qu'à la saison sèche (§ sèvò), généralement en fonction de la saison dans laquelle on se trouve au moment où cette indication temporelle est énoncée.máì-má-mbúsà «l'année prochaine»bà.máì-bá-mbúsà «les années prochaines»? DÉnom. : phytonyme = donne son nom à un champignon § .máímàì.4. eau, liquide intérieur des êtresEtant donné son caractère vital, l'eau est pourvue d'une forte charge symbolique “liquide de vie”.mOì-OvÉ nà-máì-míké «Tu as le ventre plein d'eau» {Bay} (QIL 18)sèvemáì-má-mòlé «la sève de l'arbre»(sauf les latex, résines… qui portent des noms spécifiques)sperme (liquide du mâle) > désir máì-mámù tálâ mÉ mòè «Le désir me brûle le ventre»// l'8÷eau | 8ma / (A)-regarde÷A. / à moi / le3÷ventre // (Ch. 3.3)à dìvá máì-mámù «Elle a reçu mon eau (sperme)» = «Elle est enceinte de mes œuvres» (Ch 3.11)nà bòlá máì-mámù «J'ai éjaculé»// je / (A)-ai versé÷A. / l'8÷eau | 8ma // (Ch 3.28)máì-má-ból`O «de l'eau froide» M «du sperme stérile» (Ch 9.1)var. .mb`Olîliquide amniotique, eauxmáì-má-dì.bùmù «le liquide amniotique» / l'8÷eau | 8de | la7÷grossesse /lait? máì-má-dì.b^ElÉ «le lait» / l'8÷eau | 8de | le7÷sein /bilemáì-má-è.nòngè «la bile» / l'8÷eau | 8de | la5÷vésicule biliaire /© 5. liquide (non solide)?bò.tálè-nà-máì «coulée, fer fondu» / le9÷fer | avec † l'8÷eau /© 6. chant (sp.) de type § .ómbè(cf. Anthologie de la musique aka, CD II, pl. 3)syn .ndùdà(N : 2 = bà.máì)eaux (rivières, cours d'eau; saisons des pluies, années)Le terme maì (cl. 8) relève d'un genre unique, lorsqu'il est employé comme collectif indénombrable (liquide), dont la classe transcende l'opposition de nombre. Cependant, lorsqu'il représente des entités plus concrètes, devenant dénombrables, il subit une dérivation par changement de classe nominale, où l'emploi de la classe 2 (pluriel de l'individualisant dénombrable), lui confère ces qualités qui se réfèrent alors à des ensembles dont l'eau est le constituant, mais non l'identité.(N : 4 = máì)eau (spécifique) Bien que la classe 4 représente normalement le pluriel (ou le non singulier) d'une entité particularisée et dénombrable, l'usage qui en est fait avec maì (perceptible seulement par le phénomène d'accord : maì-mè.kElElE “la/les petite(s) quantité(s) d'eau”), met l'accent sur la spécificité de l'entité envisagée : une part, une occurrence unique, une relation individuelle… et non sur une pluralité de l'objet.07 toilette d'un petit garçon à la rivièrePassage d'un groupe de retour de déplacement et toilette du fils aîné de Bassin Joseph, âgé de 3-4 ans par sa mère Mboli.08 passage de la rivière au retour de la cueillette Passage de la rivière au retour d'une partie de cueillette.Noter les différents types de portage des enfants.09 jeu d'enfant : pêche par écopage à la rivièreLes enfants attrappent quelques minuscules poissons à la rivière qui seront grillés et consommés en en-cas.10 fabrication de cordeletteExtrait de l'Encyclopédie des Pygmées Aka Ed. SELAF-Peeterstum- (V) filer, corder (la filasse)On fabrique la ficelle en roulant les fibres sur la cuisse, généralement enduite de cendres, avec la paume de la main, également frottée de cendres, en deux tortis qui sont au fur et à mesure retordus ensemble. Pour rendre la ficelle plus solide, on utilise parfois le latex d'une liane à caoutchouc qui fixe le roulage des fibres. La principale plante fournissant la filasse est la liane Manniophyton fulvum Müll. Arg. (Euphorbiacée), § .kosa.La fabrication de la ficelle (§ .mbà) est une occupation des périodes oisives et sédentaires, mais surtout des vieillards (§ .kòt&o) dont la participation aux activités de collecte et de chasse est diminuée sinon interrompue et qui, de cette façon, apportent cependant une contribution non négligeable à l'économie du groupe. C'est aussi pour eux un moyen de continuer à bénéficier des activités de chasse auxquelles ils ne participent plus, puisque le propriétaire de l'engin qui a pris le gibier – ici le filet (§ .kìà) pour lequel ils fabriquent la corde – est aussi l'acquéreur de l'animal capturé (voir dans SB, Ethnoécologie, les règles de partage du gibier, Livre I-1).?nâ tum&a mò.mbà nà-bò.kìà «Je corde la ficelle pour le filet»syn § wOs-, was- // ƒ .mbà11 pilage de feuilles de manioczàbukà (N : 1/2 = zàbukà / bà.zàbukà) {Bg} 1. feuille de maniocsyn .sàbùkà // var .zàbu {Mga}Acq. - cueillette-échange = les Aka ne cultivent pas ou depuis peu le manioc; ils se procurent les jeunes uilles soit par l'échange, soit par la cueillette dans les champs en jachère où repoussent des pieds de manioc.Alim. - base (accompagnement > brèdes, légumes verts) = afin de les ramollir et d'en faire disparaître l'amertume éventuelle, les feuilles de manioc sont d'abord frottées à sec sur le fond brûlant de la marmite posée sur un feu vif; cette opération joue également un rôle utile par rapport aux produits toxiques, à savoir les dérivés cyanogéniques, de cette plante; une fois l'opération terminée, les feuilles sont abondamment aspergées d'eau, puis mises à cuire avec les différents ingrédients de la préparation (sel, huile de palme, champignons, viande ou chenilles).2. purée de feuilles de maniocPour ceux qui vivent à proximité de plantations de manioc villageoises, la purée de feuilles est un aliment courant qui, lorsqu'il est préparé trop souvent, est déprécié, parce qu'il indique un déficit de produits de cueillette et de chasse.CrÉd. - écol. = une consommation excessive de feuilles de manioc provoque la maladie de la rate, § .eb`a;- interdit (alimentaire) = ceux qui souffrent de la maladie de la rate doivent s'en abstenir.• zàbukà-muke «beaucoup de purée de feuilles de manioc»= jàBùkà “purée de feuilles de manioc”Tech. - production (apicollecte) = si on ne dispose pas de feu pour enfumer les abeilles, on peut utiliser des feuilles de manioc écrasées et souffler dessus à l'entrée de la ruche, pour asphyxier les abeilles.CRÉD. - interdit (alimentaire) = celui qui est atteint du mal de poitrine, § .mbànz&i, ou de maux de rate ne peut consommer les feuilles de manioc;- (comportemental) = si un enfant a l'interdit de l'Hylochère § .bEyà, sa mère ne doit pas cueillir des feuilles de manioc, de même s'il a une maladie de la fontanelle, bò.kOnO-boa-mò.sokò.• mbokà vâ ngo-sàbùkà «Ici au village, il n'y a que des feuilles de manioc (à manger)»• ba nga-sìpE nà-bà.sàbùkà «On pourra le faire cuire avec des feuilles de manioc»syn .zàbu // var .zàbukà {Bg} // § .bumà // = ng .sàbùkà (Ø-dì/Ø-ì) / = b jàbùkà / = ngb sa12 soufflage d'une saleté dans l'oeil d'un enfant13 extraction de puces-chique des pieds de MongayExtraction de puces-chique des pieds de Mongay par sa mère Mambi, aidée de sa co-épouse Koti.Extrait de l'Encyclopédie des Pygmées Aka Ed SELAF-Peeterspìàmò (N : 3/4 = mò.pìàmò / mè.pìàmò) {Bg} douleur, souffranceLa douleur et la souffrance sont omniprésentes dans ces sociétés où les blessures sont quotidiennes, où les insectes et ectoparasites “piquants” sont très nombreux et où les complexes pathogènes – particulièrement meurtriers – combinent pathologies autochtones et cosmopolites. Les rites de passage, les techniques thérapeutiques curatives et thérapeutiques “traditionnelles” comportent quasi-systématiquement une composante “douleur provoquée” importante. Le nourrisson, pour diverses maladies liées au concept d'interdit, § .kìlà, est balancé au-dessus de brandons attisés, recouverts de feuilles thérapeutiques et asphyxié par des vapeurs douloureuses. Le petit enfant, dès la marche, apprend rapidement la douleur transfixiante de l'extraction de la puce-chique insérée dans sa chair. On ne grandit pas dans cette société, sans être circoncis pour les garçons, sans avoir les incisives supérieures taillées, la cloison nasale, les lobes des oreilles, autrefois la lèvre supérieure percés. Le corps est aussi régulièrement souligné de nouveaux tatouages et cicatrices à visée esthétique.À l'occasion de maladies diverses, dès le plus jeune âge, on subit des applications de produits caustiques sur des scarifications superficielles pratiquées au rasoir en regard de la zone douloureuse ou de la zone d'expression cutanée de la pathologie interne (tempes, région précordiale, hypochondre gauche…) : ces incisions infimes, souvent sanglantes, sont vécues très douloureusement, en ce temps de fragilisation de la mère et de l'enfant, provoqué par la maladie. Chez les enfants, et a fortiori chez les adultes, la peau est le dossier médical sur lequel les experts savent lire l'histoire des maux et maladies qu'a subis la personne. Les soins des guérisseurs sont souvent douloureux : un peu comme s'ils voulaient étouffer les douleurs pathologiques en en provoquant de nouvelles; un processus de “contre-feu” qui agirait sur la souffrance et l'angoisse du patient et de son entourage.Ainsi, l'expression de la douleur est culturellement construite, pouvant amener un gaillard qui supporte stoïquement une plaie monstrueuse à fondre en larmes lors du franchissement transcutané d’une aiguille médicale, ou lors d'une scarification dermique débutant un rituel d'extraction symbolique du mal.14 jeu d'enfants avec un souriceauWawa joue précautionneusement avec un souriceau sous le regard des autres enfants15 jeu d'enfants de tir à la cordeJeu de tir à la corde entre petits enfants16 scarifications tatouages esthétiquesSéance de scarifications tatouage esthétiques entre femmes, sur un fond de harpe joué par Mbonga.
Extrait de l'Encyclopédie des Pygmées Aka Ed SELAF-Peeters.mbadi (N : 5b/8 = mbadi / mà.mbadi)
1.incision, scarification (thérapeutique)
Un des procédés thérapeutiques (préventif ou curatif) les plus usuels (§ .boi) consiste à pratiquer sur la peau de la partie douloureuse de multiples petites incisions fines et rapprochées, puis de les frotter d'une pommade remède § .mbili, à base de poudres mélangées à un excipient (beurre de palme ou pâte de bois rouge).
syn. § .mbili // ƒ .boi
2. incision de tatouage, tatouage en relief
Au fur et à mesure des années et des événements vécus, le corps se couvre de cicatrices de scarifications-tatouages thérapeutiques mais aussi esthétiques.
Le pourtour du visage, les bras, le haut de l'épaule, l'abdomen sont ainsi soulignés, sculptés, redéfinis. Ces scarifications-tatouages esthétiques sont réalisées entre amis, parents, souvent lors du rassemblement des campements et à l'occasion d'épisodes amoureux. S'estompant rapidement, elles sont régulièrement refaites, complétées
Les scarifications-tatouages, qu'elles soient à des fins thérapeutiques ou esthétiques, permettent d'inscrire sur la surface du corps de l'individu l'empreinte du corps social. Elles constituent aussi une mémoire, tantôt individuelle tantôt collective, des événements vécus, heureux et malheureux. Certaines marques, au-delà du statut qu'elles signifient, sont propres à des groupes, voire des lignages et perpétuent le souvenir de rencontres ou d'alliances entre groupes.
La taille des dents, le percement de la cloison nasale, de la lèvre supérieure, des lobes d'oreille, la circoncision, les mutilations “involontaires” des pieds par les puces-chiques, les scarifications-tatouages renvoient à la construction d'une image du corps, spécifique de la civilisation aka avec, au-delà, des variantes propres à chaque individu, des modes et des traditions.
syn. .tElE {Bg-Ka}, § .ndOngO
3. incision, barbelure (d'une flèche)
mà.mbadi-ma-mò.mbànzà “les barbelures (incisions à bord soulevé) de la flèche (= support à poison)”
4. ligature (d'une vannerie)
mbadi-yà-mò.lEkE “la ligature du piège”, faite en § .langà.
§§ .kOdi, bènda, .pata, .ngànzò
.mbili (N : 3/4 = mò.mbili / mè.mbili) I
poudre-remède, pommade-remède (spécifique)
Il s'agit de la poudre ou de la pommade-remède spécifiquement utilisée pour une maladie particulière. Lorsqu'il s'agit d'un remède se présentant sous cette forme, mais en général, le genre employé est 5b/8.
(N : 5b/8 = mbili / mà.mbili) I
© 1. poudre-remède, pommade-remède
Le remède est constitué de poudres diverses, celles-ci étant mélangées à du beurre de palme, issu des amandes, pour faire la pommade. Les poudres sont faites le plus souvent de plantes calcinées ou séchées au feu et pilées, quelquefois de fragments d'os ou de peaux d'animaux, carbonisés, puis réduits en poudre. Ces mixtures complexes sont utilisées par les devins-guérisseurs et leur composition est généralement inconnue du tout-venant.
On appelle également .mbili le mélange de suie de marmite et d'exsudat de pile, employé de nos jours pour des scarifications esthétiques.
3. scarifications enduites de poudre-remède
Actuellement, on pratique deux sortes de scarifications, esthétiques et thérapeutiques. Les scarifications thérapeutiques sont faites en regard de la projection cutanée de la douleur interne. Leur place peut être précisément indiquée par le devin-guérisseur qui prépare le remède à scarifier. Pour ces scarifications, c'est le .mbili végétal ou animal qui est employé. Lorsqu'il s'agit de scarifications esthétiques le .mbili suie-exsudat de pile est d'abord utilisé pour dessiner des motifs sur le corps. Ils sont ensuite scarifiés, puis encore recouverts de ce mélange caustique (cf. Video AE, Femme pays). Des feuilles de §§ .ndèmbe (Rothmannia whitfieldii, Rubiacée), .tòmatò (Solanum lycopersicum et S. spp., Solanacées) servent de liant à cette préparation ou d'émollient si elle est trop sèche. Ces plantes (dont la tomate, introduite, et d'autres Solanées cultivées d'origine villageoise) donnent une teinture noire utilisée aussi pour les tatouages à l'aiguille ou au rasoir et les peintures corporelles provisoires.
17 baiser d'une mère à un petit enfantMosala embrasse sa petite dernière tout en chantant.18 scarification préventive Jean-Marie explique les grandes régions du corps et les maladies correspondantes, puis scarifie son épouse avec un remède donné par ses beaux-parents qui lui ont pardonné le rapt de celle-ci . Mot(s) clés libre(s) : thérapie, ndosi, manioc, pilage, mbili, portage, rivière, mutilation corporelle, chanvre, cueillette, puce-chique, suie, fruit, vondo, thérapie familiale, baiser, remède tatouage, scarification esthetique, pleur, oeil, cordelette, fabrication, écopage, eau, pipe, mbil, partage, aka, migraine, vidéo, scarification, enfant, douleur, poisson, cuisine, alimentation, pêche, Vie quotidienne, musique, maternage, ethnomédecine, image du corps, Akungu, pygmée, remède, ethnomusicologie, guérissage, petite enfance, toilette, République Centrafricaine, chenille, film ethnographique, jeu, afrique
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1. Modes de vie et biodiversité
/ Université Paris I Panthéon-Sorbonne, UVED
/ 19-11-2014
/ Canal-u.fr
BAHUCHET Serge
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Serge Bahuchet revient sur quelques usages fondamentaux de l'environnement par les populations humaines : chasse, collecte, élevage et agriculture. Il met en évidence la complémentarité de ces usages, la spécialisation des individus ou des populations, ainsi que l'ensemble des savoirs associés à ces milieux naturels, fondement de l'ethnoécologie. Mot(s) clés libre(s) : agriculture, chasse, cueillette, Ethnoécologie, Elevage
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