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Faux frères-âmes sœurs ? Les relations ambiguës entre les bâtards royaux et les héritiers de la Couronne / Véronique Garrigues. In "Frères et sœurs du Moyen Âge à nos jours", colloque international organisé par le laboratoire France Méridionale et Espagne: histoire des sociétés, du Moyen Âge à l'époque contemporaine (Framespa) de l'Université Toulouse II-Le Mirail et par le Centre de recherches historiques de l'Ouest (Cerhio) de l'Université Rennes 2. Toulouse, Université Toulouse II-Le Mirail, 22-23 mars 2012. Session 2 : La fraternité vécue : sentiments et affection, 22 mars 2012. [Ce colloque de Toulouse constitue la seconde partie d'un double colloque international dont la première partie s'est tenue à Rennes, les 1er et 2 décembre 2011].Les bâtards font partie du décor des cours princières européennes entre le XVe et le XVIIIe siècle. Les germains des Valois, Habsbourg, Tudor, Stuart et Bourbon ont dû composer avec des fratries et sorories consanguines. Leur présence a pu transformer les positions des frères et des sœurs en complexifiant les liens adelphiques codifiés par la préséance. L'évolution permanente du contexte démographique reconfigure des relations démultipliées par les possibilités de positionner les acteurs de la filiation selon le rang de naissance, le sexe, la légitimité ou non de la naissance. A partir des cas espagnols et français, Véronique Garrigues organise sa communication en trois points :- Des sentiments à géométrie variable. Avec les Bourbons s'est popularisée l'image d'un souverain élevant sous le même toit le Dauphin, ses frères et ses sœurs ainsi que les enfants illégitimes. Cette proximité n'a pas toujours été de mise. Des sentiments ont pu se construire malgré une distance importante alors que les sentiments noués dans une proximité imposée ont pu se révéler peu amènes.- Âmes sœurs. Le lien adelphique ne peut être pensé sans référence au genre, tant la relation frère-sœur se distingue de celle entre frères. Dans le système curial, les sœurs sont les premières exclues de la succession. En l'absence d'une course aux honneurs, les liens s'applanissent pour plusieurs raisons : sœur "donnée", elle participe aux stratégies matrimoniales dynastiques, sœur dévouée, ses talents sont mis au service du royaume. Toutefois, des tensions peuvent apparaître en l'absence d'héritier mâle direct ou quand la sœur devient mère.- Faux frères ? Les liens qui unissent les frères incluent implicitement une distinction selon le rang de naissance. Cette hiérarchie a été majoritairement acceptée, d'autant qu'elle pouvait être accidentellement recomposée par le décès de l'aîné. Toutefois, les sentiments s'exacerbaient plus facilement quand une vacance du trône devenait possible par la santé débile du souverain et/ou l'absence de descendance légitime.
Mot(s) clés libre(s) : relations frères-soeurs, famille (aspect historique), succession et héritage, enfants naturels, familles royales, Europe (15e-18e siècles)