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Aujourd'hui totalement comblé et situé à
l'intérieur des terres, le port romain de Fréjus, exceptionnellement
préservé de toute construction récente, constitue l'un des témoignages
les plus remarquables de ce type d'aménagement en Méditerranée
occidentale. Les études archéologiques et géoarchéologiques menées
depuis dix ans à l'emplacement de l'antique port, ainsi que sur la zone
littorale à l'ouest, au débouché de l'Argens, ont abouti à une
restitution fiable de l'évolution de la configuration du littoral. On
sait, depuis 2005, que le bassin portuaire n'était pas, à l'origine,
enclavé, comme on le supposait jusqu'alors, mais largement ouvert sur la
mer. On connaissait cependant assez mal le contexte de mise en place du
port, ou même l'évolution des milieux, sur ses abords orientaux. Ainsi,
des études sont actuellement menées vers l'est, jusqu'à l'extrémité du
cours du Valescure et permettent aujourd'hui d'esquisser plusieurs
hypothèses, notamment avec la découverte d'un vivier en eau vive du Ier
siècle ap. JC, en 2009. Ce vestige, par sa configuration, atteste, non
seulement que, contrairement à ce que l'on croyait, la mer baignait
l'extrémité Est de la ville antique à cette époque, mais témoigne
également de grandes modifications du littoral au cours de l'Antiquité.
En effet, la restitution des modalités du colmatage du vivier, point de
départ de notre réflexion, a clairement démontré l'existence d'un
phénomène d'avancée du rivage à partir du Ier siècle ap. J.-C.,
condamnant ainsi, progressivement, l'utilisation du vivier. Depuis,
trois carottages (Madeleine, quartier des Horts, Valescure) réalisés
dans la zone orientale ont confirmé cette hypothèse. L'implantation des
différents aménagements constituant le port, aussi bien à l'ouest qu'à
l'est, a probablement modifié le transit naturel des sédiments. La
structuration du port telle qu'elle nous apparaît aujourd'hui pourrait
alors résulter, en réalité, de plusieurs étapes distinctes, liées aussi
bien à la volonté d'augmenter sa capacité, qu'à la nécessité de
s'adapter à la transformation du littoral et de sa dynamique.
Mot(s) clés libre(s) : archéologie