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Le roman comme atelier : la scène de l'écriture dans les romans de Chamoiseau / Lise Gauvin. In "Patrick Chamoiseau et la mer des récits", colloque international organisé par le
laboratoire Lettres, Langages et Arts (LLA CREATIS) de l'Université Toulouse Jean-Jaurès-campus Mirail, 8-10 octobre 2014. Thématique 2 : Le livre et la parole.
Les écrivains francophones ont en commun de se situer « à la croisée des langues », dans un contexte de relations conflictuelles –ou tout au moins concurrentielles- entre le français et d’autres langues de proximité. Ce qui engendre chez eux une sensibilité plus grande à la problématique des langues, soit une surconscience linguistique qui fait de la langue un lieu de réflexion privilégié, un espace de fiction voire de friction (Gauvin, 1999,2000). Si cette surconscience linguistique se traduit dans plusieurs récits par une interrogation sur la fonction du langage, une autre forme d’autoréflexivité traverse également l’ensemble de la production romanesque. Il s’agit alors de représenter, à travers un personnage d’écrivain, le « pourquoi écrire » et d’inscrire dans la texture même du récit la problématique de l’écriture. Ces « romanciers fictifs », doubles plus ou moins avoués de leurs auteurs, jalonnent les récits à la manière d’une figure récurrente dont les modalités renvoient à autant de variations autour du personnage de l’écrivain et de l’image publique qui lui est attachée. Quels sont leurs attributs et quelles fonctions leurs sont dévolues ? Quelles représentations de l’écriture sont ainsi projetées ? Dans les romans de Chamoiseau, la prise en charge du récit par un personnage en situation d’écriture, se dédouble à son tour en plusieurs figures d’écrivains qui sont autant d’instances concurrentielles. La compétence littéraire est ainsi partagée entre diverses instances, celles-ci servant de relais à une plus vaste problématique de l'écriture, chaque figure d'écrivain devenant ainsi les maillons d'une chaîne ininterrompue, comme les variantes inépuisables d'une histoire/Histoire. Histoire à la fois collective, au sens de récit commun, et singulière, au sens des histoires fictives et des destins individuels racontés par les narrateurs successifs, tous en posture d'écrivain. C'est cette interrogation à plusieurs niveaux qui fait l'originalité de ces romans, le métadiscours sur l’écriture- et la littérature- appartenant aussi bien au narrateur-scripteur qu’è ses doubles. C’est cette interrogation plusieurs niveaux que nous examineront dans quelques romans de Chamoiseau, parmi lesquels Texaco, Biblique des derniers gestes (2002), Un dimanche au cachot (2007), Les neuf consciences du Malfini (2009) et l’Empreinte à Crusoé.[Illustration adaptée de "Mystery River", photographie de Mattias Ripp, 2014, publiée sur Flickr].
Mot(s) clés libre(s) : littérature française (20e-21e siècles), Patrick Chamoiseau (1953-....)