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Les fouilles réalisées par l'Inrap, en
2002-2003, à Bordeaux sur les quais de Garonne ont permis de démontrer
que le port antique n'était pas cantonné dans l'embouchure de la Devèze.
Outre les aménagements de berge et les restes d'un probable ponton, ces
opérations ont donné lieu à un important travail sur les axes
commerciaux qui transparaissent à travers le mobilier céramique et le
verre. C'est autour du changement d'ère qu'apparaît un premier
renforcement de la berge à l'aide de pieux. La quasi-totalité a été
retrouvée pliée ou cassée en deux, suite à un effondrement de la rive.
Aucun dépotoir n'est associé à ce tout premier aménagement, probablement
du fait de ce même phénomène d'effondrement, qui pourrait être dû à une
crue importante ou à des tassements sédimentaires (?), qui intervient
vers 80 ap. J.-C. Les aménagements effondrés sont totalement
reconstruits à la fin du Ier s. (entre 85 et 113 ap. J.-C., datations
fournies par les études dendrochronologiques et confirmées par la
céramologie). Ce nouvel aménagement, conservé sur un mètre de haut au
maximum, se compose en façade d'un alignement de pieux en chêne contre
lequel vient se caler horizontalement du côté de la berge, un empilement
de madriers et de planches en réemploi. Très vite, un important
dépôt, composé de passées d'argile de Garonne et de sable, se forme aux
pieds des aménagements et tapisse peu à peu le fond du fleuve. Il
comporte un grand nombre de déchets domestiques : céramiques communes,
céramiques fines, sigillées, faune et malacofaune, etc. Le mobilier
céramique et faunique, retrouvé pour l'essentiel dans les dépôts qui se
forment aux pieds des aménagements de berge, témoigne bien plus de
l'utilisation du fleuve comme décharge, que de l'existence d'une zone
portuaire privilégiée. La céramique commune, comme la céramique fine,
appartient au vaisselier traditionnel. Le numéraire montre une fois de
plus l'importance des deux axes commerciaux majeurs que sont la voie
d'Agrippa (qui vient de Lyon en passant par Clermont-Ferrand, Limoges et
Saintes) et la Garonne qui relie Burdigala à la Narbonnaise, dès la fin
du 1er s. av. J.-C.Pour le Bas-Empire, les réparations les plus
récentes, interviennent à la fin du IIIe s. et au début du IVe s. Les
monnaies les plus récentes retrouvées dans les remblais de terrassement
des niveaux de dépotoir ont été frappées entre 341 et 348. La
construction du castrum, fixée dans les années 280-290, ne semble donc
pas avoir entraîner l'abandon des berges de Garonne. La construction de
nouveaux aménagements au milieu du IVe s., alors que Burdigala est
devenue le chef-lieu du diocèse d'Aquitaine, semble indiquer même tout
le contraire. Cette situation, contraire à ce qui semble être observé
sur le reste de la ville, trouve son explication dans le chenal d'accès
au port intérieur.
Mot(s) clés libre(s) : archéologie