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La commune de Rezé est localisée au fond de l'estuaire de la Loire et en rive sud du fleuve, face à la ville de Nantes-Condevicnum. Selon Ptolémée (Géographie, II, 7), Rezé-Ratiatum est située en territoire picton. La Loire constitue en effet, si l'on en juge par les sources écrites (Strabon, Géographie,
IV, 2, 1), une frontière naturelle entre deux provinces, la Lyonnaise
et l'Aquitaine, et entre deux cités, celle des Pictons et celle des
Namnètes. L'agglomération occupe un important carrefour de voies
terrestres, fluviales et maritimes et se développe le long du fleuve sur
environ 50 hectares à son apogée au IIe siècle de notre ère (superficie
qu'il faut probablement doubler en prenant en compte les quartiers
suburbains).
Les
fouilles conduites depuis 2005 dans le quartier de Saint-Lupien, à
l'extrémité orientale de la ville, ont permis de confirmer l'existence
d'aménagements portuaires, relativement modestes dans un premier temps
(appontements en bois ?), puis bien plus imposants à partir de la fin du
Ier siècle. Un vaste chantier de construction s'ouvre alors avec
l'édification d'un épais mur de berge en pierre, qui prend appui contre
une rupture de pente naturelle. Au droit de deux rues du quartier
commercial et artisanal adjacent, ce mur s'élargit sous la forme de
vastes terrasses artificielles, qui s'avancent en direction de l'eau.
Ces dernières sont construites en pierre et bois, suivant une technique
de caissons juxtaposés (une quinzaine d'identifiés). Pour l'heure et
pour simplifier, l'ensemble monumental, se résumant à une alternance de
quais chainés à des murs de berge, a été reconnu puis étudié sur plus de
150 m de long et jusqu'à 30 m de large.
L'un
des quais, de plan complet (21 m de façade) et le mieux conservé (1,30 m
d'élévation), comprend une armature interne constituée de poutres ou
longrines en chêne s'entrecroisant et subdivisant ainsi l'étendue en
plusieurs compartiments. Les espaces ainsi délimités sont ensuite
comblés de déchets de taille de micaschiste avant d'être recouverts d'un
dallage. Côté fleuve, le quai est habillé en façade par une série de
poteaux en chêne situés à intervalles réguliers et bien calés entre des
murets en pierre sèche. Ils sont assemblés à la base par tenon et
mortaise à une série de sablières basses de même essence, et associées
entre-elles par des entures de continuité. Sur ces sablières et en lien
avec chaque poteau, figuraient des marques d'assemblage sous forme de
chiffres romains. Cette ossature de pierre et de bois est habillée de
véritables panneaux en chêne de près de 9 m de long sur 0,75 m de haut.
De nombreux bois, dont certains comportent encore leur aubier, ont ainsi
fait l'objet de prélèvements pour analyses dendrochronologiques. Les
premiers résultats attestent une date d'abattage située pendant l'hiver
88/89 de notre ère, suggérant pourquoi pas une mise en œuvre en 89 ap.
J.-C.
Ce
système portuaire, fonctionnant au moins durant la première moitié du
IIe siècle ap. J.-C. (apogée de la ville), permettant ainsi
l'embarquement et le déchargement des marchandises, associe dans le même
temps la reconstruction de grands entrepôts ouverts sur le fleuve. Le
programme initié, imposant par bien des aspects (superficie, quantité de
matériaux employée, ...) résulte nécessairement d'un plan d'urbanisme
concerté et d'une volonté politique forte, d'autant, qu'en l'état de la
recherche, il reste possible d'imaginer que l'agglomération antique de
Rezé, présente une façade monumentale et portuaire de plus d'un
kilomètre en rive gauche de Loire.
Mot(s) clés libre(s) : archéologie