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« Le champ sanitaire dakarois à l’épreuve des nouveaux « entrepreneurs » étrangers des thérapies néo-traditionnelles (Sénégal). », Sylvain LANDRY FAYE (socio-anthropologue, enseignant-chercheur à l'Université Cheikh Anta DIOP (UCAD), Sénégal. Colloque international "Santé et mobilités au Nord et au Sud : circulations des acteurs, évolutions des pratiques". Toulouse : Association AMADES, Université de Toulouse II-Le Mirail, Institut d'Etudes Politiques (IEP) : 16-18 septembre 2009. [Intervention suivie d'un échange avec l'auditoire] Cession C : Circulations des malades et des thérapeutes : mobilités sanitaires et négociations thérapeutiques. Atelier C2 : Quand les tradi-thérapeutes migrent. Ces dernières années, la ville de Dakar est devenue une destination privilégiée des mouvements transfrontaliers de populations. Ces dynamiques posent un ensemble d’enjeux, en particulier sur le plan sanitaire. Elles constituent un facteur favorisant la circulation des agents pathogènes (Lalou et al.2007) et ont aussi contribué au départ massif de médecins vers l’Occident (GCIM, 2005.) Cependant, elles ont aussi permis la circulation des thérapeutes valorisant la tradition et religion africaines, en provenance du Ghana, du Nigéria, du Mali et du Cameroun (marabouts, devins, exorcistes, guérisseurs, herboristes etc.) On note aussi une expansion des églises pentecôtistes, dans un pays fortement islamisé. Ces acteurs étrangers, spécialisés dans la prise en charge de pathologies, intègrent un champ sanitaire urbain, dont les dynamismes contemporains méritent une analyse actualisée.En s’intéressant particulièrement aux marabouts et guérisseurs étrangers qui se sont spécialisés dans le traitement de l’infécondité conjugale, cet article vise à décrire les différentes pratiques professionnelles qu’ils mettent en oeuvre pour la prendre en charge; la place que ces thérapeutes étrangers prennent dans les itinéraires thérapeutiques des urbains, comparativement à celle des locaux. Il vise aussi à identifier les modifications apportées dans le champ sanitaire sénégalais, en particulier celui dakarois.Les données présentées sont tirées d’un travail de recherche mené par une équipe d’universitaires de la FLSH (UCAD) en 2008 pour OXFAM, portant sur les dynamiques contradictoires des sociétés ouest-africaines actuelles. Elles ont été collectées par la recension de documents et les entretiens avec des personnes ressources et des acteurs cibles.Nos résultats montrent que les pratiques des thérapeutes étrangers s’inscrivent dans une logique d’hybridation : ils valorisent des savoirs endogènes africains, tout en les associant aux symboles de la pratique biomédicale. Dans le cas de l’infécondité conjugale, ils sont aussi devenus une alternative thérapeutique réelle dans les comportements de recours aux soins des urbains, face à des tradithérapeutiques locaux souvent taxés de « charlatans» en milieu urbain. Ces acteurs ont aussi réussi à remobiliser et à renouveler des idéologies surnaturelles pour expliquer l’infortune, ainsi qu’une médecine traditionnelle locale « instrumentalisée », malgré l’existence de structures associatives (Prometra/Malango.) La proximité entretenue avec la biomédecine s’exprime comme une volonté de conquête d’un nouvel espace de légitimité sociale et politique. Cette légitimité, en voie d’être acquise, remanie les rapports médecine moderne/traditionnelle dans le champ sanitaire sénégalais.
Mot(s) clés libre(s) : anthropologie de la santé, ethnomédecine (Sénégal), migrations, soins médicaux (Dakar - Sénégal)