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Hypérion victimaire ou l'art du récit chamoisien / Anaïs Stampfli
/ SCPAM / Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail, Samir BOUHARAOUA, Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
/ 10-10-2014
/ Canal-u.fr
STAMPFLI Anaïs
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Hypérion victimaire ou l'art du récit chamoisien / Anaïs Stampfli. In "Patrick Chamoiseau et la mer des récits", colloque international organisé par le laboratoire Lettres, Langages et Arts (LLA CREATIS) de l'Université Toulouse Jean-Jaurès-campus Mirail, 8-10 octobre 2014. Thématique 6 : Esthétiques narratives et récits des Amériques.Après L’Empreinte
à Crusoé
(2012), réécriture du mythe de Robinson Crusoé, le dernier roman de Patrick
Chamoiseau marque un retour vers la sphère antillaise. "Hypérion victimaire, martiniquais épouvantable" peut
se lire comme le parcours croisé du tueur Hypérion et d’Évariste Pilon,
commissaire de police déjà rencontré dans Solibo
Magnifique
(1988). Ces trajectoires s’ancrent en Martinique. Cependant, la Martinique d’Hypérion
victimaire n’est
plus la Martinique post-plantationnaire des œuvres des années 1990. Avec Hypérion Victimaire, nous sommes face à un sombre
tableau des problèmes de la Martinique actuelle (il est question des
« naufragés du crack et de l’alcool », de la pollution au
Chlordecone) et autres dérives de la surconsommation…). Alain
Leauthier a constaté que « de Texaco la magnifique, insalubre mais
prometteuse, et sur laquelle Chamoiseau fondait le rêve de la nation créole, il
ne subsiste que des favelas sordides, squattées par la drogue, la violence et
la prostitution ». Plus qu’un roman policier
antillais, Hypérion
Victimaire peut
ainsi être lu comme un cri d’alerte. Ce renouvellement thématique constaté dans Hypérion victimaire est soutenu par un
renouvellement générique : après "Texaco",
Patrick
Chamoiseau va encore plus loin dans l’exploration des potentialités du récit
polymorphe en mêlant des enregistrements de procès-verbaux du tueur et un récit
suivant le point de vue du commandant Evariste Pilon. Tissus oraux et écrits
sont à nouveau mêlés. Nous ne sommes plus ici face au recueil ethnographique
des dires d’une Marie-Sophie Laborieux mais nous assistons tout de même à une
certaine sacralisation du récit oral. Hypérion apparaît comme un véritable
conteur. Tout comme dans
Les Mille et une nuits, le temps semble s’être
arrêté pendant son récit, les hostilités sont suspendues « car tant que la
confession dure, la mort est tenue à distance » nous annonce-t-on en
quatrième de couverture. On même voir au travers de la figure du
“tueur conteur” s’esquisser celle de l’auteur de la fiction. Il s’agirait là
d’une mise en abyme détournée permettant de penser l’art du récit. En évoquant ses crimes, Hypérion (qui accompagne ses
mets anthropophages de vers de Perse et de Césaire) parle d’œuvres qu’il
exécute sous l’emprise d’une source d’inspiration qui le dépasse et qui le rend
polyglotte. Nous pouvons voir ici des
clins d’œil de l’auteur qui se réfère à ses propres pratiques du récit,
notamment l’écriture en présence de plusieurs langues à inspiration
glissantienne. Dans cette communication, Anaïs Stampfli propose ainsi d’explorer dans le détail le
renouvellement thématique et narratif d’Hypérion
Victimaire,
ce roman dans lequel Patrick Chamoiseau démontre une fois de plus ses talents
de raconteur de grande envergure.[Illustration adaptée de "Mystery River", photographie de Mattias Ripp, 2014, publiée sur Flickr]. Mot(s) clés libre(s) : Patrick Chamoiseau (1953-....), littérature antillaise, multilinguisme et littérature
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Patrick Chamoiseau et la mer des récits : introduction
/ SCPAM / Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail, Samir BOUHARAOUA, Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
/ 08-10-2014
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SOUBIAS Pierre
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Patrick Chamoiseau et la mer des récits : introduction / Daniel Lacroix, Emmanuelle Garnier, Pierre Soubias. In colloque international organisé par le
laboratoire Lettres, Langages et Arts (LLA CREATIS) de l'Université Toulouse Jean-Jaurès-campus Mirail, 8-10 octobre 2014.Depuis maintenant un quart de siècle, Patrick Chamoiseau est solidement installé dans notre actualité littéraire. Mais depuis "Éloge de la créolité" (1989) et "Texaco"
(1992), l'écrivain martiniquais n'a cessé de questionner la critique et
de déborder des paysages qu'il avait installés. Les travaux qu'il
inspire témoignent ainsi de la résonnance dans des sphères linguistiques
diverses, des deux côtés de l'Atlantique. Pour mieux comprendre
la situation de cet auteur-carrefour, au sein du vaste ensemble des
littératures postcoloniales, a été sollicité le
concours de chercheurs de tous horizons géographiques qui rendent justice à la créativité de ce
raconteur d'histoires en tous genres, sur les
traces des influences multiples au coeur desquelles il travaille, pour mieux cerner l'originalité de ce "penseur-acteur" de la
littérature planétaire.
[Illustration adaptée de "Mystery River", photographie de Mattias Ripp, 2014, publiée sur Flickr]. Mot(s) clés libre(s) : littérature française (20e-21e siècles), Patrick Chamoiseau (1953-....), littérature postcoloniale, littérature antillaise de langue française
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Nouveaux avatars de l'écrivain / Lydie Moudileno
/ SCPAM / Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail, Samir BOUHARAOUA, Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
/ 08-10-2014
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MOUDILENO Lydie
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Nouveaux avatars de l'écrivain / Lydie Moudileno. In "Patrick Chamoiseau et la mer des récits", colloque international organisé par le laboratoire Lettres, Langages et Arts (LLA CREATIS) de l'Université Toulouse Jean-Jaurès-campus Mirail, 8-10 octobre 2014. Thématique 2 : Le livre et la parole. Cette
communication s'attache à cerner l'évolution du discours de Patrick
Chanoiseau quant aux statut et mission de l'écrivain dans l'univers antillais. Lydie Moudileno propose d'examiner d'abord la multiplicité des différents avatars de
l'écrivain qui traversent l'œuvre, pour ensuite tenter de tracer une éventuelle évolution du discours
métalittéraire, des premiers récits comme Chroniques des sept misères et Texaco
à des textes plus récents tels qu'Archéologie du Chaos. Il s'agit d'y déceler
non seulement les récurrences et échos qui permettent de conclure à un discours
singulier, mais aussi les tensions entre ces "avatars" et les limites
que ces tensions impliquent.
[Illustration adaptée de "Mystery River", photographie de Mattias Ripp, 2014, publiée sur Flickr]. Mot(s) clés libre(s) : écrivain, littérature française (20e-21e siècles), Patrick Chamoiseau (1953-....), littérature antillaise de langue française
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Écrire à conte-courant ? L'unité souterraine des romans de Patrick Chamoiseau / Maeve McCusker
/ Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM, Samir BOUHARAOUA, Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
/ 10-10-2014
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McCUSKER Maeve
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Écrire à conte-courant ? L'unité souterraine des romans de Patrick Chamoiseau / Maeve McCusker. In "Patrick Chamoiseau et la mer des récits", colloque international organisé par le laboratoire Lettres, Langages et Arts (LLA CREATIS) de l'Université Toulouse Jean-Jaurès-campus Mirail, 8-10 octobre 2014. Thématique 6 : Esthétiques naratives et récits des Amériques.L’île antillaise fut, à partir des
premiers textes consacrés à la région par les voyageurs, considérée comme un
objet en miniature, quelque chose à acquérir, à admirer, à consommer et à
posséder. Les écrivains antillais eux-mêmes ont souvent imaginé cet espace insulaire
et archipélagique en termes qui soulignent la contrainte, l’exiguïté (c’est le
mot utilisé dans l’incipit de Pluie et
vent de Simone Schwarz-Bart), et en métaphores évoquant la petitesse (poussière ;
olive ; miette ; perle,
diamant ou émeraude ; chapelet). Ces images, relevant de l’univers terrien
de l’île, cherchent à stabiliser ou à concrétiser les contours de l’espace. Plus récemment, et peut-être en
réaction à cette focalisation sur l’étroitesse, ce sont les motifs de la circulation,
de la mobilité, de la dispersion et des flux qui ont dominé le discours antillais,
que ce soit la phrase célèbre de Walcott, « The sea is history », citée par
Glissant dans "Poétique de la relation",
ou, dans le même texte, l’épigraphe « l’unité est sous-marine » tirée de
Brathwaite, ou même la description des Antillais comme étant un « peuple de la
mer »(Benítez-Rojo). La théorie glissantienne de la relation, ainsi que la
créolité de Chamoiseau et de ses confrères martiniquais, prônent l’ouverture et
l’échange, et sont souvent considérées comme appartenant au courant postmoderne
de la théorie postcoloniale, qui valorise les routes et non pas les « roots »
(Gilroy 1991). Cependant, une analyse des romans
de Patrick Chamoiseau révèle un intérêt constant pour le localisme et pour l’espace
insulaire, même si Chamoiseau récuse le mot “île” comme une invention
occidentale, et un lexème qui n’existe pas en créole. Ce sont des lieux de
l’arrière-pays (la ville ; le bois ; la case créole ;
l’habitation), plutôt que, par exemple, le port ou le littoral, qui sont
valorisés dans sa fiction. L’île devient cependant un lieu inépuisable, un
espace de plénitude, de création et d’histoire; et cela, en partie, à cause de
son attention à la couche souterraine
du pays. Dans cette communication, Maeve McCusker propose d’analyser la
construction de l’espace souterrain (cimetières ; cachots ;
prisons), qui permet à l’auteur d’excaver l’histoire, et même la préhistoire,
de son pays, dans trois de ses romans les plus importants: "L’Esclave vieil homme et le molosse" ;
"Biblique des derniers gestes" et "Un dimanche au cachot". Dans ce dernier,
c’est une expérience proprement catabatique qui permet à
l’auteur de déterrer le passé antillais ; c’est à travers la descente
verticale, et non pas à travers la migrance horizontale, que le protagoniste
arrive à mieux comprendre l’histoire et l’identité antillaises.[Illustration adaptée de "Mystery River", photographie de Mattias Ripp, 2014, publiée sur Flickr]. Mot(s) clés libre(s) : littérature française (20e-21e siècles), Patrick Chamoiseau (1953-....), littérature antillaise de langue française, souterrain (dans la littérature)
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Jouvence, dormance et paysage : la Sentimenthèque comme genèse scripturale / Aurélie Dinh Van [texte lu par Catherine Mazauric]
/ SCPAM / Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail, Samir BOUHARAOUA, Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
/ 09-10-2014
/ Canal-u.fr
DINH VAN Aurélie
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Jouvence, dormance et paysage : la Sentimenthèque comme genèse scripturale / Aurélie Dinh Van [texte lu par Catherine Mazauric]. In "Patrick Chamoiseau et la mer des récits", colloque international organisé par le laboratoire Lettres, Langages et Arts (LLA CREATIS) de l'Université Toulouse Jean-Jaurès-campus Mirail, 8-10 octobre 2014. Thématique 4 : Gaïa et la mer des récits 1.
La Sentimenthèque entendue comme la reconfiguration émotionnelle de la bibliothèque intérieure joue un rôle clé dans l’initiation du lecteur à la posture d’auteur. Dans cette perspective, il s’agira d’étudier la manière dont cet inventaire ambulant défait le monolinguisme d’œuvres autrement inféodées à leur territoire de prescription pour se réclamer tout au contraire de relier l’incompatible. Le lecteur scripteur d’Écrire en pays dominé affirme là son pouvoir de redonner vie aux livres endormis par la dialogisation jubilatoire des imaginaires au départ déliés et frontiérisés. Il met en œuvre à cet égard toute une dialectique rabelaisienne de
la « destruction – fécondation » qui, dans sa procédure de carnavalisation du mélancolique postcolonial, promeut une réinvention génésique de la littérature. L’ « Écrire de jouvence » rejoint alors véritablement une éthique environnementale qui offre à la littérature une nouvelle consécration, toute écologique cette fois, à savoir qui transfigure d’une part le texte en paysage placé sous la régie émotionnelle du souvenir littéraire, et qui d’autre part renoue avec l’énergie du vivant et découvre dans le potentiel de germination du livre endormi retourné à la vie ce pouvoir métamorphique du fétide et du morne. D’où l’attention que l’on portera aux auteurs de la Sentimenthèque, que Chamoiseau cite afin de créer des connivences inédites, desquelles surgissent dorénavant de nouvelles solidarités scripturales. [Illustration adaptée de "Mystery River", photographie de Mattias Ripp, 2014, publiée sur Flickr]. Mot(s) clés libre(s) : littérature française (20e-21e siècles), Patrick Chamoiseau (1953-....), littérature antillaise de langue française
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Patrick Chamoiseau, quelle écopoétique ? / Hannes de Vriese
/ Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM, Samir BOUHARAOUA, Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
/ 09-10-2014
/ Canal-u.fr
DE VRIESE Hannes
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Patrick Chamoiseau, quelle écopoétique ? / Hannes de Vriese. In "Patrick Chamoiseau et la mer des récits", colloque international organisé par le laboratoire Lettres, Langages et Arts (LLA CREATIS) de l'Université Toulouse Jean-Jaurès-campus Mirail, 8-10 octobre 2014. Thématique 4 : Gaïa et la mer des récits 1. L’écrivain antillais, par sa position au point de rencontre entre littératures
américaines, européennes et africaines, apparaît comme un passeur privilégié de genres et d’esthétiques littéraires. L’œuvre de Patrick Chamoiseau le démontre, en brassant le canon littéraire européen, l’esthétique baroque sud-américaine et l’écopoétique, très présente en Amérique du Nord. En s’interrogeant en priorité sur ce dernier aspect, on se demandera non seulement quelle place l’écriture de la nature occupe dans l’œuvre chamoisienne, mais également
comment l’écopoétique détermine l’univers fictionnel, sur le plan de l’écriture et surtout sur celui de la géographie littéraire. Le texte, on le verra, se saisit de l’écopoétique sans se laisser écraser par une présence trop univoque ou monolithique d’une telle influence, qu’il s’agit d’intégrer à un univers créolisé. En relevant les effets d’écho et/ou de dissonance entre une dimension postcoloniale d’une part et une portée écopoétique d’autre part, on visera en
outre à démontrer comment l’écriture de la nature offre à Patrick Chamoiseau un solide ancrage dans les enjeux littéraires et sociétaux d’ajourd’hui. À ce titre, les transformations de la nature dans le microcosme martiniquais se réfère chez Patrick Chamoiseau inévitablement à une échelle mondiale sinon universelle.[Illustration adaptée de "Mystery River", photographie de Mattias Ripp, 2014, publiée sur Flickr]. Mot(s) clés libre(s) : littérature et géographie, littérature française (20e-21e siècles), Patrick Chamoiseau (1953-....), littérature antillaise de langue française, nature (dans la littérature)
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"L'esclave vieil homme et le molosse" ou la restructuration du paysage intime d'un roman des Amériques / Corina Crainic
/ Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM, Samir BOUHARAOUA, Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
/ 10-10-2014
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CRAINIC Corina
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"L'esclave vieil homme et le molosse" ou la restructuration du paysage intime d'un roman des Amériques / Corina Crainic. In "Patrick Chamoiseau et la mer des récits", colloque international organisé par le laboratoire Lettres, Langages et Arts (LLA CREATIS) de l'Université Toulouse Jean-Jaurès-campus Mirail, 8-10 octobre 2014. Thématique 6 : Esthétiques naratives et récits des Amériques.Si
les romans qui le précèdent se préoccupent d’abord du sort commun des
Martiniquais et s’attachent à mettre en relief la richesse, la diversité et la
beauté antillaises de manière à parer au legs esclavagiste, "L’esclave vieil homme et le molosse" met en
scène l’avènement de préoccupations autres, qui relèvent davantage du désir
d’une libération intime que de la sauvegarde ou de la réhabilitation d’un
peuple. Ce désir, exploré d’ailleurs aussi dans "Un dimanche au cachot", "L’empreinte
à Crusoé" et "Le papillon et la lumière",
éloigne le discours des effondrements et des éventuelles solutions en contexte
postcolonial. Il l’éloigne aussi d’une pensée du devenir commun, d’un projet
social, de revendications et d’invitations à une réflexion quant aux manières
d’habiter et de penser le monde en général et la Martinique en particulier. Ou
encore, s’il y a invitation à penser et à habiter le monde différemment, et
surtout plus intelligemment, plus sensiblement ou plus poétiquement, elle est
adressée à ce que l’être humain comporte de plus solitaire et de plus profond,
comme si la révolution appelée ne pouvait correspondre qu’à une intimité
envisagée comme la seule instance pouvant soutenir un projet d’une telle
envergure. Le roman entame aussi un mouvement relevant du roman des Amériques
ou d’une américanité se définissant d’abord et surtout par un désir de la
métamorphose inséparable de celui de la solitude, sinon même d’une
individualité définie non pas comme une pulsion narcissique destructrice ou
stérile mais plutôt comme la condition même de la connaissance et de la
plénitude. Corina Crainic étudie donc les manières dont s’expriment ces
préoccupations, ce qu’elles révèlent de la pensée de l’écrivain et la place
qu’elles occupent parmi des idées, idéaux, fantasmes ou lucidités d’écrivains
des Amériques tels que William Faulkner et Alejo Carpentier.
[Illustration adaptée de "Mystery River", photographie de Mattias Ripp, 2014, publiée sur Flickr]. Mot(s) clés libre(s) : Patrick Chamoiseau (1953-....), littérature antillaise de langue française
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Chamoiseau et après ? / Jean-Louis Cornille
/ Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM, Samir BOUHARAOUA, Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
/ 08-10-2014
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CORNILLE Jean-Louis
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Chamoiseau et après ? / Jean-Louis Cornille. In "Patrick Chamoiseau et la mer des récits", colloque international organisé par le laboratoire Lettres, Langages et Arts (LLA CREATIS) de l'Université Toulouse Jean-Jaurès-campus Mirail, 8-10 octobre 2014. Thématique 1 : Situation de Chamoiseau.
Cette communication évoque l'œuvre de Chamoiseau qui, à mesure qu’elle déployait ses fastes, n’a guère éprouvé de mal à susciter les lectures qu’elle méritait. Attentives et bienveillantes, celles-ci se contentaient de la suivre ou de l’accompagner (plus rarement s’efforçaient-elles de la précéder). Mais aujourd’hui c’est d’une certaine façon, malgré toutes les ouvertures auxquelles elle invite, une œuvre close, c’est-à-dire faite. Et à travers elle, ne dirait-on pas que son auteur a lui-même réussi sa dernière mue : d’« idiot » (« Chameau, oiseau ») qui plagiait les grands auteurs, puis de « petite personne » qui s’insurgeait contre eux (« Chamoiseau »), il est devenu « artiste » à part entière (« Cham »), et même un rien « chaman ». Le rebelle s’est mué en artiste, le révolté en amnésique. Il ne s’agit plus dès lors pour lui d’habiter son œuvre, mais d’en faire une île à nouveau déserte, c’est-à-dire ouverte à tous ceux qui viendront y échouer et feront, avec ses débris épars, œuvre à leur tour (afin de l’abandonner aussitôt, en bande, ce qui est encore une façon de la donner en abondance). La voici donc îlot flottant dans une mer de récits (Rushdie) : se séparant des autres (et non le moins du grand continent littéraire), tout en émergeant des profondeurs océaniques. Agir en artiste (Deleuze), c’est à la fois se séparer des autres desquels on continue de se sentir « solidaire », et devenir créateur « solitaire » : être solaire qui, tel le faux Robinson, se tient à la limite entre terre et mer. Dans le reflux. Mais jusqu’où refluer, rebrousser chemin ? On en revient forcément aux premiers écrits publiés dans lesquels se fomentait la révolte. Contre le père, les fils se sont liés, en formant une alliance, certes éphémère, qui ne devait pas se limiter aux seuls essais, comme en témoigne d’emblée Chronique, autant dire les tout premiers mots de l’œuvre : « En vous confiant qui nous étions, aucune vanité n’imprégnera nos voix » : manière de nous signaler que cette première œuvre fut écrite en complicité avec le premier roman de Confiant, Le Nègre et l’Amiral, qui semble presque s’en être dégagé comme d’une gangue. Cependant, l’auteur lui-même ne nous précède-t-il pas sur cette voie de relecture ? N’a-t-il pas atteint un point à partir duquel son œuvre ne peut guère plus que refluer sur elle-même ? A mesure qu’elle avance, elle se retourne sur soi, d’un geste tout sauf orphéen, puisqu’elle s’y constitue : sous la « sentimenthèque » gît une autothèque. C’est ainsi qu’on voit Biblique des derniers gestes mimer le titre du premier roman ; ou L’Empreinte à Crusoé reprendre les « chutes et notes » rejetées du même Chronique des sept misères ; ou encore Un dimanche au cachot revenir sans arrêt sur Le vieil homme esclave et le molosse. A présent qu’elle s’est constituée, incontournable, que dire encore de cette œuvre à chaque fois renouvelée par ce qu’elle accueille ou ce qui s’inscrit de surcroît en elle, sinon la relire (voire même la récrire) ? D’où ce titre : "Chamoiseau : et après ?" Qui peut aussi, de façon plus sournoise, s’entendre ainsi : que peuvent, après Chamoiseau, nous donner encore les Antilles, qui nous donnèrent Césaire, dont procéda Glissant ? Ce serait mal poser la question que d’y voir une sorte de vivier de la littérature produite en français. Chamoiseau n’a lui-même cessé d’appeler d’autres travailleurs à venir de nouveaux horizons : souvenons-nous ici que la mer des récits à l’origine désignait l’Océan indien.[Illustration adaptée de "Mystery River", photographie de Mattias Ripp, 2014, publiée sur Flickr]. Mot(s) clés libre(s) : littérature française (20e-21e siècles), Patrick Chamoiseau (1953-....), littérature antillaise de langue française
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L'autorité dans les romans de Patrick Chamoiseau / Joscelin Bollut
/ Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM, Samir BOUHARAOUA, Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
/ 08-10-2014
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BOLLUT Joscelin
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L'autorité dans les romans de Patrick Chamoiseau / Joscelin Bollut. In "Patrick Chamoiseau et la mer des récits", colloque international organisé par le
laboratoire Lettres, Langages et Arts (LLA CREATIS) de l'Université Toulouse Jean-Jaurès-campus Mirail, 8-10 octobre 2014. Thématique 2 : Le livre et la parole.Les représentants de l'autorité sous toutes ses formes sont, dans les romans de Patrick Chamoiseau, régulièrement mis en échec lors de l'exercice de celle-ci. On entend par là que ces personnages, qu'ils appartiennent aux forces de police (Solibo Magnifique), au corps enseignant (Une enfance créole), ou qu'ils s'affirment dans leur environnement comme maîtres incontestables de toute chose (Les neuf consciences du Malfini, L'empreinte à Crusoé), font eux-mêmes la démonstration de la défaillance de leur autorité dans la mesure où elle ne s'exprime que par une violence extrême et incontrôlable. Il est difficile de ne pas voir, dans cette représentation de l'autoritarisme et de l'imposition d'une volonté par la violence physique, les traces laissées dans la culture créole par le colonisateur imposant sa loi, sa pensée, sa langue. Dans les romans de Chamoiseau, les détenteurs d'une autorité réellement efficiente ne correspondent finalement pas aux modèles hiérarchiques habituels. De ce point de vue, l'auteur se fait par ailleurs l'écho des structures familiales particulières aux sociétés antillaises, fondées sur la matrifocalité, malgré la prépotence théorique du père : nous repérons ainsi des constellations de femmes assumant collectivement le rôle de chefs de famille (Une enfance créole), ou bien plus généralement de figures féminines combattantes imposant leur résistance face à l'autoritarisme masculin (Texaco), l'ensemble reprenant pour la communauté l'image du "poteau mitan" ou "Potomitan" empruntée au vaudou. L'exercice de l'autorité se définissant étymologiquement comme la capacité à faire croître et donc à enseigner, il semble pertinent de constater que divers personnages d'éducateurs se démarquent, au sein des récits de Chamoiseau, par l'autorité naturelle que leur confère leur sagesse ou leur appréhension du monde supérieure.
Ces manifestations singulières de l'autorité au sein des univers romanesques construits par Patrick Chamoiseau doivent en fin de compte nous permettre d'en questionner une autre de nature différente, qui est celle de l'auteur tel qu'il se met en scène. En se bâtissant un double à la fois narrateur et personnage, le "marqueur de parole", Chamoiseau se montre souvent actor (en évoluant ponctuellement dans ses propres récits) mais aussi auctor (fondateur d'une parole légitimée puisque présentée comme authentique). Une manière feinte, puisque purement fictionnelle, de légitimer le récit par des sources extérieures est une forme d’abdication volontaire de l'auteur dans son autorité habituelle, ce dernier abandonnant apparemment sa paternité sur le texte pour donner à lire le récit d'un autre ; et pourtant inversement, la présence récurrente d'un personnage-narrateur qui est un double de l'auteur semble marquer une résistance à laisser l'univers romanesque exister en-dehors de son créateur. Cela semble donc positionner l'auteur à mi-chemin entre un retrait vis-à-vis du texte qui semble dénoter une certaine humilité, une mise en scène du récit selon une authenticité fictive, et un jeu complexe autour de l'autofiction.[Illustration adaptée de "Mystery River", photographie de Mattias Ripp, 2014, publiée sur Flickr]. Mot(s) clés libre(s) : littérature française (20e-21e siècles), Patrick Chamoiseau (1953-....), littérature antillaise de langue française, autorité (dans la littérature)
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Créole magnifique : enquête sur une disparition / Noémie Auzas
/ Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM, Samir BOUHARAOUA, Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
/ 10-10-2014
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AUZAS Noémie
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Créole magnifique : enquête sur une disparition / Noémie Auzas. In "Patrick Chamoiseau et la mer des récits", colloque international organisé par le laboratoire Lettres, Langages et Arts (LLA CREATIS) de l'Université Toulouse Jean-Jaurès-campus Mirail, 8-10 octobre 2014. Thématique 6 : Esthétiques narratives et récits des Amériques.La question des rapports entre le français et
le créole irrigue l’œuvre de Patrick Chamoiseau depuis ses débuts en littérature.
En effet, cette double identité linguistique est au cœur de son premier roman Chronique des sept misères : elle
en constitue le marqueur principal. L’insertion audacieuse du créole dans la
narration en français est sans aucun doute à l’origine du succès de l’œuvre et
de sa visibilité éditoriale. Par ailleurs, Patrick Chamoiseau, qui s’est
prêté au jeu du commentaire et du théoricien de sa pratique d’écriture, en est
bien conscient lui-même. Ainsi, Eloge de
la Créolité tout comme Écrire en pays
dominé reviennent sur l’expérience de l’écrivain tiraillé entre ses
langues. Une expérience qui met au jour plusieurs étapes : soumission à la
langue française, à la fois voisine et étrangère, puis prise de conscience de
l’enfermement dans une langue-carcan, ce « français liturgique » qui
jette ses « filets». Après avoir entendu la petite musique du créole, il
en fait la matière même de son œuvre. Puis, à la suite d’Edouard Glissant,
l’écrivain plaide pour le rejet de la logique identitaire des langues au profit
d’une vision des langues et des poétiques en Relation. De Chronique
des sept misères à Neuf consciences
du Malfini, l’œuvre de Patrick Chamoiseau est imprégnée de cette expérience
évolutive. Une expérience mouvante à l’image insaisissable de la Relation
glissantienne. Nombreux sont ceux à s'être penchés sur
les rapports entre les langues de Chamoiseau et à avoir cherché les clefs de
cette organisation narrative si particulière. Cependant, une fois encore, à
l’image de la langue créole, Patrick Chamoiseau nous a joué un nouveau
tour-détour, une nouvelle « ruse de mangouste ». Après avoir placé au
centre de sa pratique créatrice la problématique des langues et des langages,
voilà qu’il déclare sans ambages : « Aujourd’hui, pour moi, les
questions de langage sont, bien sûr, réglées.[…] On ne comprend pas que tout
cela est réglé pour moi. Là, c’est libre maintenant ». L’évidence doit
s’imposer : Patrick Chamoiseau n’est pas un auteur monolithique. Il
change, son écriture évolue. Et, effectivement, entre Chronique des sept misères et Neuf
consciences du malfini, comment ne pas lire-entendre le chemin
parcouru ? Mesurer le chemin parcouru depuis la
« guerre des langues », l’opposition stérilisante du français et du
créole, jusqu’à la naissance d’une poétique des langues et des imaginaires, tel est l’enjeu de cette contribution.
Noémie Auzas suit pas à pas le cheminement de Patrick Chamoiseau et
observe comment la question des langues française et créole -si sensible, si visible à ses débuts– s’est
transformée pour devenir « moins spectaculaire ». Elle cherche à
montrer qu’il ne s’agit pas là d’une disparition de cette question, mais, bien
au contraire, d’un approfondissement. Passant de l’exposition linguistique à
l’exploration poétique, l’écriture de Patrick Chamoiseau invite à une
lecture sans cesse renouvelée de son œuvre et de son imaginaire des langues. [Illustration adaptée de "Mystery River", photographie de Mattias Ripp, 2014, publiée sur Flickr]. Mot(s) clés libre(s) : Patrick Chamoiseau (1953-....), littérature antillaise de langue française
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