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Aspects intermédiaux dans l'oeuvre de Patrick Chamoiseau / Liviu Lutas. In "Patrick Chamoiseau et la mer des récits", colloque international organisé par le laboratoire Lettres, Langages et Arts (LLA CREATIS) de l'Université Toulouse Jean-Jaurès-campus Mirail, 8-10 octobre 2014. Thématique 5 : Explorations génériques. L'intermédialité
est un axe de recherche très dynamique aujourd'hui. Surtout le postulat de
W.J.T. Mitchell (1994), selon lequel la notion d’un médium pur est une
aberration puisque tous les médias sont des mélanges de différents médias et
tous les arts sont composés, a ouvert la voie à la possibilité d'analyser les
œuvres littéraires d’un nouveau point de vue. Un texte littéraire peut par
exemple activer, de différentes manières, plusieurs modes cognitifs. Des
théoriciens comme Hans Lund, Claus Clüver et Werner Wolf ont essayé de montrer
comment cela peut se faire. Le modèle de Wolf (2002) est particulièrement
intéressant, étant donnée sa prétention d'établir une typologie des relations
intermédiales. L'imitation, la thématisation, la fusion et la combinaison sont
les quatre relations possibles entre les médias d’un point de vue
intracompositionnel, selon Wolf. Or, bien que le modèle de Wolf soit innovateur
et extrêmement utile pour les analyses intermédiales, il n'arrive pas à
totalement dépasser la perception essentialiste des médias comme des entités
homogènes et pures. C'est peut-être en complétant le modèle de Wolf avec des
études sur l'iconicité, comme celles de Winfried Nöth, (2001) ou de Lars
Elleström (2010), que l'on peut arriver à comprendre comment les différents
modes cognitifs peuvent contribuer à créer du sens dans un ouvrage littéraire. L’œuvre
de Patrick Chamoiseau est illustrative d’un point de vue intermédial. En effet,
déjà ses premières publications ont été acclamées pour l'oralité de leur style.
Or l'oralité de l'écriture est justement un des détails qui peuvent être
abordés sous l'angle de l'intermédialité, puisque l’écriture et la langue
parlée renvoient justement á des modes cognitifs différents. Il y a cependant
aussi des relations entre l’écriture chamoisienne et les arts visuels. Bien que
moins étudiées que l’oralité, de telles relations sont omniprésentes dans
l’œuvre chamoisienne. Non seulement a-t-il écrit des bandes dessinées et des
scénarios de films, mais les romans eux-mêmes ont un style qui pourrait être
considéré visuel. Liviu Lutas analyse, par conséquent, si la typologie de Werner
Wolf peut être utilisée pour jeter une nouvelle lumière sur l'oralité et sur la
visualité dans l'œuvre de Chamoiseau, surtout dans les cas des romans Solibo
Magnifique, Texaco (1992), Biblique des derniers gestes (2002) et L’empreinte à
Crusoé. Il tâche de montrer comment les aspects intermédiaux
contribuent à l'un des projets que se propose Chamoiseau dans son œuvre
littéraire : celui de donner une vision intérieure de l’identité antillaise et
de l'Histoire de la Martinique.[Illustration adaptée de "Mystery River", photographie de Mattias Ripp, 2014, publiée sur Flickr].
Mot(s) clés libre(s) : créations artistiques hybrides, intermédialité, illustration des livres, Patrick Chamoiseau (1953-....)