Voir le résumé
« Migrations et pratiques de santé : Indiens urbanisés et systèmes de santé en Amazonie brésilienne », Evelyne Marie Thérèse MAINBOURG (Instituto Leônidas e Maria Deane de la Fundação Oswaldo Cruz, Manaus, Brésil). Colloque international "Santé et mobilités au Nord et au Sud : circulations des acteurs, évolutions des pratiques". Toulouse : Université de Toulouse II-Le Mirail, Institut d'Etudes Politiques (IEP), Association AMADES : 16-18 septembre 2009. [Intervention suivie d'un échange avec l'auditoire].Session A : Ajustements des systèmes, des politiques de santé et des pratiques de soins aux migrants malades et/ou vulnérables. Atelier A3 : Réaménagement des pratiques de soin et questionnements interculturels.«Au Brésil, la santé des populations indiennes a été ces vingt dernières années le centre de débats quant aux stratégies du système de santé. Après des décennies d´actions immédiatistes et d´alternance de ministères en charge de la politique de santé des Indiens, un nouveau sous-système de santé spécifique pour ces populations a été créé en 1999, en relation directe avec le SUS (Système Unique de Santé national). Ce sous-système spécifique est basé sur 34 Districts Sanitaires Indiens qui correspondent chacun à une région géographique, aux ethnies qui y habitent et à un ou deux centres urbains à peu près équipés en hôpital et laboratoire qui déterminent le profil géographique, ethnique et épidémiologique de chaque district. Dans chacun d´eux, une équipe de médecin et infirmières, basée dans la ville principale, travaille en circulant d´un village à l´autre, appuyée par les agents communautaires de santé indiens qui réalisent des activités de prévention, de diagnostic précoce et de suivi de traitements, chacun dans leur village. La population indienne qui habite les villes, soit pour y avoir émigré, soit pour y être née, n´est pas incluse dans ce système de santé puisqu´il est fait pour les populations indiennes qui résident dans les territoires indiens et qui sont trop éloignées des villes et ont donc difficilement accès au SUS. Tous cesIndiens émigrés ou nés dans la ville se trouvent donc dans la situation générale (SUS), sans assistance sanitaire spécifique. Or, on sait que le SUS permet difficilement de prendre en compte les caractéristiques culturelles et parfois lingüistiques de cette population : interprétation de la maladie et des mesures thérapeutiques spécifiques, itinéraires thérapeutiques, régime alimentaire durant l´hospitalisation, thérapies chamaniques parallèles... Les efforts réalisés pour dépasser ces difficultés, par les professionnels de santé et les Secrétariats à la Santé de chaque commune ou État sont encore limités et informels. Mais les tentatives d´insertion de cette problématique dans la formation des personnels de santé sont chaque fois plus importantes.La migration des populations indigènes au Brésil est un phénomène récent encore peu étudié, surtout celle en direction des villes. Les causes en sont diverses : conflits ou limitation des moyens de subsistance sur les territoires indigènes, infrastructures et services publics essentiels insuffisants (enseignement scolaire et centres de santé)... De plus, on observe une certaine hétérogénéité entre les différentes ethnies qui ont émigré ou émigrent vers les villes. Quelques ethnies comme celle des Baré ont une longue histoire de contact avec la société nationale. Par ailleurs, l´histoire de migration et de colonisation vécue par le Brésil montre, à travers la figure du caboclo (descendant d´indien et d´européen mélangés) que de nombreux traits culturels empruntés aux peuples indigènes sont encore très présents dans la culture urbaine de la population non indienne. Témoin en est l´usage des plantes médicinales par les populations urbaines.A partir de deux études réalisées en Amazonie, l´une à Manaus, capitale de l´État d´Amazonas qui compte environ 11.000 Indiens sur une population de 1.800.000 habitants, et l´autre dans la région de São Gabriel da Cachoeira, commune d´Amazonas située au nord-ouest et peuplée de 17 ethnies (dont les Baré), nous nous proposons de montrer comment, par l´effet de la migration des indiens vers la ville et celui de séjours temporaires de professionnels de santé dans les territoires indigènes on observe une imprégnation des pratiques de santé traditionnelles par le système de santé général et, réciproquement, une influence de la biomédecine sur les pratiques traditionnelles.
Mot(s) clés libre(s) : anthropologie de la santé, ethnomédecine, interculturalité, migration intérieure (Brésil), politique sanitaire, services de santé (Amazonie-Brésil)