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En France, la politique de l'homosexualité semblait devoir s'arrêter avec la fin des discriminations légales, au début des années 1980. L'idéologie républicaine se voulait certes tolérante. Mais, construite en miroir d'une Amérique, elle interdisait toute politisation de la vie privée, censée conduire à la guerre des sexes, en même temps que toute politique minoritaire, supposée nécessairement communautariste. Pourtant, le pacs fait basculer le débat de la tolérance à la reconnaissance : c'est ainsi qu'il entraîne dès 1997 une réflexion publique au-delà du pacs, qui conduit à poser la double question du mariage et de la filiation. Ce mouvement dépasse bien sûr la France. C'est ainsi qu'en 2003 le débat sur le mariage nous est revenu en référence aux états-Unis, avec pour formes d'action la désobéissance civile et la bataille juridique. Toutefois, la comparaison transatlantique permet de souligner d'importantes différences dans la construction du débat public. Sans doute de part et d'autre pourrait-on dire que l'enjeu est le même la place de l'homosexualité, et de l'homophobie, dans la société. Mais ce qui fait problème aux états-Unis, c'est surtout le mariage, tandis qu'en France, c'est davantage la filiation. C'est un écart qu'il convient d'interroger. Ces différences ne doivent pourtant pas nous aveugler : par delà les spécificités nationales, c'est un mouvement de fond qui traverse également les Pays-Bas, la Belgique ou l'Espagne, le Canada et l'Afrique du Sud. Pourquoi cet enjeu minoritaire est-il devenu si important dans de nombreuses sociétés ? Sans doute en va-t-il de l'ordre symbolique, de l'ordre sexuel qui organise la hiérarchie des sexes et des sexualités, qui s'avère historique. Mais surtout, le fondement même des normes sociales ne relève plus d'une transcendance (Dieu, nature ou science). Leur justification est immanente : c'est la société qui les (re)définit, et la délibération démocratique qui les fonde.
Mot(s) clés libre(s) : homoparentalité, homosexualité, mariage homosexuel