Tri :
Date
Editeur
Auteur
Titre
|
|
Naissances, gestes, objets et rituels, Kienfange, Burkina Faso, 1995.
Rasmane du soir au matin : soins au nourisson chez les Mossi
/ Marc EGROT
/ Canal-u.fr
Voir le résumé
Voir le résumé
Naissances, gestes, objets et rituels, Kienfange, Burkina Faso, 1995.Rasmane du soir au matin : soins au nourisson chez les Mossi
Montage vidéo réalisé pour l’exposition « Naissances : objets, paroles et rituels » du Musée de l’homme 2005-2006
DESCRIPTION ETHNOGRAPHIQUE DES SOINS DE MATERNAGE (Marc Egrot)Les soins sont faits deux fois par jours avec minutie par la mère ou par une femme de la cour dans l’hypothèse où la mère est considérée comme trop inexpérimentée pour les réaliser sans erreur. Ces soins commencent dès le premier jour de vie et se poursuivront pendant toute la durée de l’allaitement, soit environ deux à trois ans. Quatre opérations sont distinguées ici, bien qu’elles soient réalisées dans une même séance et qu’elles sont subordonnées l’une à l’autre. Le leedo (lavement), le y»nugrî (gavage), le pekre (toilette) puis le pêsgu (soins de l’ombilic) seront donc exposés séparément dans un ordre chronologique.
La femme qui réalise le lavement s’asseoit au sol ou sur un petit tabouret mœaagÆ, les jambes étendues devant elle. Après avoir relevé son pagne jusqu’à mi-cuisses, elle glisse un grand plat en dessous d’elles et saisit l’enfant qu’elle installe en décubitus ventral, la tête vers ses pieds, posée de profil sur les crêtes tibiales. Les jambes de l’enfant sont repliées, les genoux reposant sur les cuisses, ses fesses pointant vers le haut. De la main droite, la femme prend la calebasse contenant la préparation du lavement, prend une grande gorgée du liquide brûlant qu’elle garde en bouche, et repose le récipient. Elle saisit les hanches de l’enfant de façon à pouvoir le soulever tout en écartant les fesses avec les pouces. En se penchant légèrement, elle peut alors insuffler le liquide dans le rectum de l’enfant, les pouces exerçant immédiatement après une compression des fesses et donc une obstruction de l’anus. D’une seule main, les fesses sont maintenues serrées afin de libérer la main droite qui attrape une nouvelle fois la calebasse pour renouveler trois à quatre fois l’opération.
Après avoir introduit une quantité suffisante de liquide, l’enfant est saisi de la main droite, soulevé et retourné pour le placer assis sur les cuisses légèrement écartées, le visage tourné vers l’opératrice. Le liquide de lavement s’écoule alors dans le plat. Le temps de l’évacuation permet de rétablir un contact visuel avec l’enfant, autorisant ainsi l’échange de sourires, de mimiques, de paroles d’autant plus utiles que le bébé crie pendant la séance. L’enfant est tenu par les aisselles afin de pouvoir le soulever et le laisser retomber sur les cuisses. Ces mouvements, effectués également dans d’autres occasions pour apaiser un enfant en pleurs, favorisent par ailleurs l’évacuation du lavement. La femme restera dix à vingt minutes avec l’enfant sur ses jambes afin de permettre une totale élimination du liquide. Cette phase peut également être l’occasion d’une tétée. Le leedo terminé, la femme retire le plat et le remet à une fille de la cour. Cette dernière sort et jette le liquide sale sur le toit en chaume de la case. L’enfant est ensuite déposé sur une natte pendant que la mère prépare le y»nugrî . Après avoir nettoyé un plat émaillé et deux calebasses, elle verse le liquide brûlant de la marmite en terre encore posée sur le foyer dans une calebasse réservée à cet usage, le y´am-wÆmde . L’autre calebasse est remplie d’eau froide. L’enfant est assis latéralement sur les cuisses de sa mère qui le soutient de la main gauche en lui faisant les soins avec la droite. Le nez, les lèvres et le menton de l’enfant sont enduits de beurre de karité, afin, disent les femmes, d’éviter les brûlures que pourrait occasionner le liquide chaud. La même opération d’onction huileuse est effectuée sur le thorax et l’abdomen afin de permettre un écoulement rapide de l’eau. Un soin particulier est apporté à l’ombilic qui reçoit un amas de beurre de karité qui obstrue totalement l’orifice afin d’éviter toute pénétration de liquide à l’intérieur.
La mère vérifie ensuite avec le doigt la température de la décoction qui sera adaptée à l’aide de l’eau froide contenue dans l’autre calebasse. L’enfant est alors placé en décubitus latéral gauche, les pieds vers la mère. La tête de l’enfant est maintenue par une pression de l’avant bras gauche.
Le y´am-wÆmde est attrapé de la main droite puis passé dans la main gauche. La main droite, en supination, les doigts légèrement fléchis et le pouce en adduction, forme une concavité dans laquelle est versée la décoction. Le bord interne de la main est alors accolé au visage de l’enfant afin de permettre l’ingestion forcée de la boisson tout en obstruant le nez grâce à l’auriculaire . La femme profite de chaque ouverture de la bouche de l’enfant lors des tentatives d’inspiration, pour la remplir par un léger mouvement de rotation de la main. L’opération est renouvelée deux à trois fois en laissant l’enfant reprendre haleine entre chacune d’entre elle. Immédiatement après la dernière ingurgitation forcée, la mère commence la toilette (pekreÊ) de l’enfant avec la même eau. L’enfant est entièrement mouillé puis savonné avec du savon traditionnel (obtenu par saponification du beurre de karité) puis rincé. Rapidement la mère souffle dans les yeux, le nez et les oreilles afin d’en faire sortir l’eau. L’enfant est séché avec un tissu puis son corps enduit avec du beurre de karité.
L’étape suivante, le pêsgu du y«ugÆ (nombril), nécessite du beurre et des noix de karité ainsi que deux sÆyæ (pl. de sÆrê) c’est à dire des tessons de canari L’un des sÆyæ est utilisé dans un premier temps comme simple récipient dans lequel sont mises les noix de karité et secondairement comme râpe. Le second, le y«ug-sÆrê, placé dans le foyer en début de séance, est sorti des braises à l’aide d’un bâton. La mère s’installe de nouveau en position assise, la jambe droite allongée, la gauche légèrement fléchie. Elle place l’enfant assis sur la cuisse droite, la gauche servant de dossier et de repose tête. La main gauche enserre les deux chevilles de l’enfant afin de maintenir les jambes en extension. Avec le pouce droit, la mère prend un peu de beurre de karité, puis exerce une pression de la pulpe de la dernière phalange sur le sÆrê brûlant pendant quelques secondes pour venir immédiatement l’appuyer en dessous de l’ombilic pendant deux à trois secondes. L’opération est renouvelée une trentaine de fois en tournant autour de l’ombilic, avec également quelques applications sur le nombril lui-même. La mère ramasse ensuite le sÆrê contenant la noix de karité, garde le tesson en terre dans la main gauche et maintient la noix de karité appuyée sur le sÆrê brûlant de manière à en ramollir l’extrémité. Elle râpe ensuite cette noix sur la surface rugueuse du sÆrê qu’elle tient dans l’autre main. Elle récupère la pulpe râpée et fondue qu’elle applique minutieusement sur l’orifice du nombril afin de l’obstruer totalement.
L’enfant sera ensuite habillé et déposé sur une natte sur laquelle il s’endort dans la plupart des cas. Cette séance de soins complète est faite deux fois par jour. Il y a en effet le s¶or-y´amde (y´amde au petit soleil du matin) et le zæab-y´amde (y´amde du soir). Mais il est fréquent de faire un à deux y»nugrî supplémentaires par jour, ainsi que des lÊedo en cas de maladie de l’enfant. Les soins sont effectués jusqu’à l’âge de deux ans environ, c’est à dire jusqu’à l’âge du sevrage, sauf les soins de l’ombilic qui prennent fin après trois à quatre semaines. La pratique des soins nécessite un savoir faire difficile à acquérir et certaines mères sont aidées par des vieilles femmes pendant toute la durée des soins du premier enfant. Si la réalisation peut paraître relativement aisée avec les bébés, elle devient beaucoup plus ardue lorsque l’enfant est plus grand :
« Celles qui peuvent entretenir leurs enfants font ça durant deux ans. Elles les terrassent pour pouvoir faire ça. Même en ce qui concerne le y´amde, tu le terrasses et tu lui fais boire de force. Certains enfants apprennent même à marcher et tu le forces à boire. Il peut même attraper le y´am-wÆmde et vouloir renverser le contenu et puis tu le coinces pour le faire boire ».
LES SOINS DES PREMIERS JOURS DE VIE ET LE PREMIER SIGNE DU LIEN ENTRE NOUVEAU-NE ET MONDE DES MORTSLe premier leedo se fait dès les premières heures de vie. Après l’accouchement, de l’eau est chauffée. Elle servira dans un premier temps à laver la parturiente. Une fois douchée, elle rentre dans la case. On lui apporte de l’eau pimentée (kîpar-kœŒm) chaude dans laquelle du beurre de karité (kÆam) a été dissous. Pendant ce temps une femme de la cour est allée moudre de la farine de mil puis est revenue préparer du to (sÆgbo) avec une sauce liquide (zëÊm-zëedŒ) qui sera servi à la nouvelle mère. Les lavements de l’enfant sont réalisés avec le même liquide de toilette utilisé pour la mère. Il s’agit donc d’eau ordinaire (kœ-zÆalæ), bouillie et chaude .
Le premier lavement postnatal revêt une importance symbolique particulière. Il autorise en effet la sortie des premières selles, le méconium, de couleur jaune-verte désignée en mœoreÊ par le terme toê-neega. Deux vieilles femmes expliquent l’origine du toê-neega.« Un bébé qui vient de naître n’a pas mangé, mais on doit quand même lui faire le lavement à cause du toê-nÊega. Le jour de sa naissance, en ce moment c’est le toê-nÊega, il faut qu’on le purge pour qu’il défèque. Si on le purge, le produit du lavement va expulser le toê-nÊega. Ca ressemble à la sauce des feuilles du tœùùgÆ ».
« Ces saletés, on entend des fois dire qu’un tel a déféqué du toê-neega. Ça veut dire qu’un tel meurt et revient à la vie. Dans le passé, quand on voulait enterrer un cadavre – d’ailleurs c’est ce qui se fait de nos jours pour ceux qui suivent le rœg-n-mïkî (tradition) – on préparait du sæg-maasæ (to non cuit, inconsistant). On pilait les feuilles du tœùùgÆ mettre dans la marmite, on mettait de la paille comme ça, pour dire qu’une telle accouche et que quand il meurt, il revient. C’est en ce moment que vous saurez réellement qu’un tel est revenu après sa mort. Et puis vous pilez les feuilles du baobab ; si c’est un homme… Vous pilez dans un mortier, puis vous préparez du sæg-maasæ pour le mettre sur le mŒ-pêelÊ (brins de paille blanche). Ensuite, si c’est un… chose [un homme], vous prenez la sauce de feuilles de baobab, vous préparez le sæg-maasæ et vous mettez trois fois sur trois mo-pÙùlÆ (pl. de mŒ-pêeleÊ). Une fois que vous avez fini d’enterrer le cadavre, vous prenez le toê-neega avec la corbeille mettre à l’intérieur. Donc, saches que quand tu vas aller accoucher – parce que ce sont les morts qui reviennent –, c’est obligé que ton enfant défèque du toê-neega. Et on dit que c’est le toê-neega. On te dit qu’il faut que tu fasses le lavement pour que l’enfant défèque le toê-neega. Si tu fais le lavement, son ventre devient chaud, tu le fais boire, puis son ventre se refroidit et tu fais ta cuisine.
Le méconium apparaît donc comme la première manifestation de cet ancêtre qui revient dans l’enfant. Marie Raynal évoque dans sa thèse la préparation d’un repas comprenant une pâte de mil faite de farine de mil mélangée à de l’eau, « préparation culinaire [qui] ne peut cependant pas être confondue » avec du sÆgbo (to), puisqu’il n’y a pas de cuisson, mais qui serait bien la sæg-maasæ évoquée ici. L’auteur précise ensuite que selon ses interlocuteurs, « la “sauce” qui accompagne ce “plat” est faite de feuilles de baobab pilées et trempées dans de l’eau froide ». Ce repas est donné au défunt par un lÆagda (homme chargé de certains soins mortuaires et de l’enterrement), après la toilette mortuaire, en déposant dans la main droite du mort une boulette de pâte agrémentée de sauce, puis en l’approchant ainsi de la bouche du mort, geste répété à trois reprises pour un homme, quatre pour une femme . Gustave Alexandre évoque également le dernier repas d’un mort par le terme “léleghdem” à base de farine de mil, et précise que cette nourriture est ensuite enterrée . Marie Raynal apporte à ce sujet une précision, puisqu’elle écrit que les boulettes données au mort et symboliquement “consommées” par lui, sont déposées dans un fragment de poterie. Ce repas “consommé” par le mort et le reste de la préparation sont alors déposés par deux femmes et un neveu utérin dans un trou creusé dans le tas d’ordures situé à côté de la cour. Cependant, d’autres repas sont proposés au mort avant son enterrement et ce pendant trois à quatre jours pendant lesquels une fille de la famille jette trois à quatre morceaux de pâte de mil enduit de sauce dans la case du mort ou devant et à gauche de l’entrée . Si le dépôt de tabac, de cola, de sel et d’argent dans la tombe sont décrits par Marie Raynal, elle ne dit par contre rien sur le dépôt de nourriture .
Après la naissance, la mère restera recluse dans sa chambre pendant trois jours si elle a mis au monde un garçon, quatre s'il s’agit d’une fille . Durant ce délai, elle ne pourra manger que du sÆgbo (to) avec la sauce zëÊm-zëedŒ. Si ces prescriptions n’étaient pas respectées, « le ventre de la femme deviendrait noir » (Æ pÔga nÆ sŒbgæmê). A la sortie de cette phase, une vieille femme (p^g-y´angÆ) part en brousse le matin pour cueillir trois plantes : lïuul-nŒorê (oiseau-bouche : nom d'une plante ) ; kÔmbrwÆngæ (nom d'un arbuste ) ; wïs?Ê (nom d'un arbuste ) et revient les bouillir dans une grande marmite.
La décoction est ensuite filtrée et la parturiente est lavée avec. Cette décoction servira encore pendant trois à quatre jours, délai au bout duquel elle est sensée perdre sa saveur et donc son efficacité. Cette décoction est également ingérée au moment de la toilette soit deux fois par jour. L’objectif du t¥$m est de « nettoyer le corps ». La femme recommence ensuite à se laver avec de l’eau simple mais toujours chaude et ce pendant un mois (une lune). La décoction de trois plantes fabriquée pour la mère sert également de liquide de lavement pour l’enfant.
Toutes sortes de modelages du corps sont également effectuées et une vieille femme, Teng-poko, explique : « On fait sortir le bébé, on rase sa tête puis on la lave avec du savon. On tend ses pieds en étirant ses jambes puis on croise ses bras comme ça [devant le thorax] avec sa tête également ; si c’est une fille, on tend comme ça [étirement du cou et des bras] pour que plus tard elle puisse porter de l’eau et pour que ses bras ne soient pas courts. On appuie par là [sur la plante et sur les malléoles internes], pour que ses pieds ne soient pas tordus (nÆo-gadÆ) ; on appuie sur son dos sinon il sera bossu (k»ndi) ; on le lave à l’eau savonneuse, puis on rentre le coucher ».
Après les trois ou quatre premiers jours, les recettes de décoctions pour fabriquer les leedo et les y»nugrî vont varier en fonction de l’âge de l’enfant, et de la perception de son état physiologique ou pathologique. Les quelques recettes fournies dans les lignes qui vont suivre ne sont qu’un faible reflet de cette variété, mais elles n’ont jamais constitué un objet de ma recherche. L’information qui est donnée ici n’a pour but que de montrer encore un peu plus la minutie et l’importance du travail se rapportant aux soins des enfants. Il s’agit en effet de plusieurs heures de travail par jour pour la mère et les femmes de la cour, consacrées aux soins proprement dit, mais également à la cueillette et la préparation.
QUELQUES EXEMPLES DE PREPARATIONSLes recettes des lavements et du liquide de gavage sont modifiées en fonction de l’état de l’enfant. Les femmes prêtent une attention soutenue à chaque petit signe qui semble anormal. Si « le ventre crie », si l’enfant défèque mal, s'il « pèse », si son ventre gonfle, s'il ne dort pas bien, s'il n’est pas assez tonique, si plus grand, il ne donne pas de signe d’une évolution vers la marche à quatre pattes puis debout,… autant de petits signes qui vont induire des adaptations constantes dans la composition des préparations.
Durant les trente jours qui suivent la première semaine, le liquide de lavement et de gavage est le même et ne sera modifié que si l’enfant ne réagit pas conformément à l’attente des femmes, notamment quant à sa fonction digestive et excrétoire. « Quand il vient de naître, un enfant peut atteindre trente jours sans qu’on ne change de lÊedo. On utilise seulement les graines du sorgho rouge puis on les lave et on met dans la calebasse. Ensuite on les cuit. Quand ça boue, cà devient tout rouge. Et on laisse décanter puis on enlève ça pour qu’il boive. Certains enfants qui arrivent à déféquer très vite, on ne change pas leur alimentation, mais pour d’autres enfants par exemple, on va chez les bouchers pour trouver des petits morceaux de viande. Celles qui ont les moyens s’en vont acheter la viande de boeuf et viennent couper un morceau pour le mettre dans le y´amde, pour que ça lui donne la force. Par la suite, après un mois, si tu fais le lavement avec l’eau du y´amde et puis il ne défèque pas, tu changes de lÊedo. Pour ça, tu peux chercher du gÔ$$ngÆ ou bien du gêemb?ogŒ l’arbre du zæmne (sorte de lentilles ) là ; tu cherches les feuilles de cet arbre pour venir les faire bouillir. La marmite qui est posée sur le foyer là, c’est posée là–bas seulement ; si tu lui fais ce lavement et qu’il défèque, c’est avec ce leedo seulement que tu vas continuer jusqu’à sa guérison ».Si l’enfant refuse de boire le y´amde préparé avec le kÆ-zéegÆ (les grains du sorgho rouge), les femmes partent couper des petites branches de tÆangÆ (karité). Les branches sont ensuite martelées afin d’en détacher l’écorce, mises à macérer dans l’eau pendant une dizaine d’heures, délai au bout duquel les « bois d’infusion » (y´am-dæadŒ) sont retirés et séchés. Ils serviront les jours suivants pour préparer les autres y»nugrî jusqu’à ce qu’ils perdent leur saveur et soient remplacés par de nouvelles écorces. Mais en pareil cas, l’attitude des femmes semble assez prosaïque. Différentes préparations sont en effet essayées jusqu’à ce que le goût de l’enfant soit satisfait (sorgho rouge, karité, gÔ$$ngÆ, y»nuny»ugu , nªg-a-nª , etc.).
Les prescriptions deviennent en revanche plus précises lors de manifestations jugées anormales. La préparation est alors un véritable médicament (t¥$m) destiné à traiter le mal dont souffre l’enfant.
Le s´ag-pÙùlgÆ (diarrhée blanche) est évoquée dès que les selles sont claires et liquides et que l’enfant semble avoir mal au ventre. Cette perturbation est liée à une mauvaise évacuation des « saletés contenues dans le ventre à la naissance ». Selon la saison, les feuilles ou les racines du gêemb?ogŒ sont préparées en décoction pour les lavements.
Si l’enfant souffre du lÔgre (maux de flanc, cf. chap. sur la nomination des maladies), deux liquides de lavement peuvent être préparés, baptisés des noms suivants : pÆ-k”i-nÊ-tÆaba (ne sont pas parenté) et f´rg-m-tªlli (exfolier à l’envers). Le premier est préparé à base d’écorces de r¶aagÆ (neere) et de tÆangÆ (karité), mélangées puis macérées. « Ça broie les maux de flancs et l’enfant va faire des selles ». Les signes du lÔgre chez le petit enfant sont reconnus par des symptômes indirects :
« Quand un enfant a mal aux flancs, quand les maux viennent tout juste de commencer, si tu touches les flancs, il y a des grumeaux ; en plus de ça l’enfant commence à manger sa langue et on dira dans ce cas que l’enfant d’un tel a le lÔgre. Mais quand il va commencer à faire des selles et que tu ne sais pas, ses lèvres commencent à se fendiller. On dit dans ce cas que c’est le lÔgre. Celles qui savent diront que c’est le lÔgre. Des fois c’est le côté droit, des fois, c’est le côté gauche. Tu cherches le pÆ k”i nÊ tÆaba que tu fais bouillir et tu donnes le lavement. Une fois que tu fais le lavement, ça va broyer le mal et ça va cesser ».Les borborygmes de l’enfant sont également une manifestation importante. Si le ventre de l’enfant fait du bruit, il est dit qu’il « crie » ou qu’il « boue ». Ce signe est interprété comme une demande de l’enfant d’un lavement particulier nommé lÊ-t‚$sgÆ (lÊedo = lavement, t‚$sgÆ = au goût âpre, âcre) préparé à base de feuilles de wÆgsalgÆ .
Si l’enfant ne fait pas de selles malgré les lavements, un autre lÊ-t‚$sgÆ est préparé sous forme de décoction de g´a-tªugu. Le refus de téter est quelquefois expliqué comme la conséquence d’un mal nommé nŒ-kaafŒ (mil : kaafŒ, de la bouche : nŒorê). A la naissance, l’enfant aurait parfois « quelque chose de blanc dans son rægsendÆkæ (larynx) . Il faut alors partir en brousse couper de petites branches de k^$l$$n-t$$gÆ , dont les écorces sont enlevées puis bouillies afin de servir à la fois de y´amde et de lavement (lÊedo).
Si l’enfant a le rhume (mÊoogœ), le liquide de lavement et du y»nugrî est préparé avec les feuilles le zæangÆ et du pºtrpuug´ä .
Quand le nombril fait mal, on part chercher les graines (biïsi) du sªsutrï et les feuilles du pœglen-nÆo-yéega préparées en décoction et données en lavement. Toute personne qui a eu le t«mÆ (maladie sexuellement transmissible étudiée dans un chapitre ultérieur), même si elle est guérie, est dangereuse pour la descendance. Un médicament appelé t«m-sÆale (de composition non révélée) est donc systématiquement préparé, mélangé au y´amde. D’autres femmes procèdent en plaçant directement le médicament sur leurs mamelons au moment de la tétée. Sans ce traitement préventif, l’enfant pris au bras par une personne atteinte ou ayant été atteinte de t«mÆ, verrait son ventre enfler.
Une autre maladie, le kÆam, nécessite des soins particuliers. Une vieille femme décrit ainsi la préparation du médicament :
« Tu cherches du b¶nlÊbendÆaga , tu fais trois boules (gîla Æ t?a) de ça si c'est un garçon, quatre boules si c'est une fille ; puis tu cherches un sÆrê (tesson de poterie) provenant d'un canari puis tu les mets dedans et tu boues. Ensuite, tu filtres l'eau et tu la mets dans un s”m-bilÆ (sorte de cuvette en terre cuite) et on lave le malade avec. Puis, tu filtres l'eau. Tu pars la déposer avec le s”m-bilÆ dans un s?mbolgŒ (trou fait au bas d’un mur pour laisser couler les eaux usées) puis tu laves l'enfant et tu recueilles l'eau qui coule à l'aide d'un s”m-bilÆ. A la fin du bain, tu cherches un lêprÊ (couvercle en vannerie) puis tu recouvres le bord du s”m-bilÆ. Le matin tu te lèves, tu ôtes le lêprÊ ; tu cherches un bois puis tu remues le contenu du s”m-bilÆ, ça ressemble à la bouillie qui est restée adhérente à la marmite lors de la préparation du tô. Ces g”sî (coagulats, caillots, pelures) ressemblent à ça ».
En fait, le bois récupère un surnageant gras qui ressemble au beurre de karité appelé kÆam. Ce résidu sera enterré à l’extérieur de la cour. C’est donc ce résultat de la cure thérapeutique qui confirme le diagnostic de kÆam.
Loin d’être exhaustif, l’inventaire des liquides utilisés par les femmes montre l’ampleur du travail. Les préparations peuvent en effet changer rapidement en l’absence d’amélioration ou devant l’apparition de nouveaux symptômes. Toute modification oblige les femmes à partir en brousse afin de cueillir de nouvelles feuilles, de prélever de nouvelles écorces, de creuser la terre à la recherche de nouvelles racines, de couper les branches d’un arbre, de ramasser de nouvelles plantes. De retour au village, elles devront laver les produits de leur cueillette, les faire sécher, écorcer les branches ou les racines puis en prélever une partie pour préparer leur décoction.
LES FONCTIONS ET LE POTENTIEL PATHOGENE DES SOINS
lÊedo et y»nugrî
Quatre fonctions essentielles des lavements reviennent dans les discours.
En l’absence de lavements, l’enfant ne déféquerait pas bien, voire pas du tout et surtout n’éliminerait pas les « saletés » (r„gdœ) contenues dans son ventre. Alors le ventre de l’enfant « se met en boule » et « il pèse ». De façon accessoire et sans que jamais une femme ne l’ait exprimé clairement, les lavements, en provoquant l’évacuation de selles lors des soins, évitent l’émission d’excréments en dehors des séances. En témoigne les remontrances de cette mère à son fils de dix jours qui défèque sur la natte peu de temps après la fin des soins :
« Toi, tu es quel enfant ? On t'avait dit de déféquer et tu ne l'as pas fait et c'est maintenant que tu défèques ! ».L’enfant étant la plupart du temps porté sur le dos de sa mère pendant ses diverses activités, on comprend que la limitation des selles émises spontanément puisse être perçue comme un avantage .
La deuxième fonction est de transmettre la force, p?ngÆ (force, puissance), aux enfants. Elle est commune aux lavements et aux ingurgitations forcées du y´amde. Leur future aptitude aux travaux des champs, aux travaux domestiques, aux activités de constructions, etc. sont fonction de la bonne réalisation des lavements dans l’enfance. Les premiers signes qui sont surveillés sont les progrès de l’enfant dans son évolution psychomotrice. A deux mois, il doit tenir sa tête ; à six mois, se tenir assis ; à dix mois commencer ses premières tentatives de marche. La pratique des soins aux enfants est depuis quelques années très critiquée par les services de santé biomédicaux et les diverses organisations gouvernementales ou non gouvernementales qui, dans leurs activités, s’occupent des enfants (enseignement, travail social, santé, etc.). Ces pratiques traditionnelles sont notamment incriminées par les services de santé biomédicaux lors de la survenue d’érythème fessier, de diarrhée, de prurit anal, etc. Des jeunes mères trouvent dans ces critiques les arguments leur permettant d’abandonner ces pratiques traditionnelles. Certaines ont en effet des difficultés à supporter les cris de leur enfant et les contraintesphysiques qu’elles doivent exercer. Elles prêtent alors le flanc à d’incessantes remontrances de leurs aînées, dont voici un exemple :
« Dans le passé si tu faisais ça, les enfants avaient la force (p?ngÆ). Même si l’enfant tombait malade, il avait la force. Mais de nos jours, les enfants n’ont plus la force. On dit de ne plus faire de lavements ; si tu donnes du y´amde à l’enfant, et qu’il commence à crier, on te dit que c’est parce qu’il ne veut pas ; et tu ne fais que le laver uniquement. Où est sa force ? Si le soleil l’atteint un peu seulement, il tombe sans force. Mais dans le passé, si tu accouchais, les p^g-y´anse (les vieilles femmes) n’acceptaient même pas que tu fasses du feu avec des këkù (des tiges de mil coupé) pour bouillir le y´amde de l’enfant. C’est avec les ræadŒ (bois) seulement. Parce qu’on dit que « këkù kÆ nÆ-mÆo nÊ ræad bÆ t¥ sÆag n sêsga » (la tige de mil ne luttera pas avec le bois même si elle a absorbé énormément d’eau de pluie). Même si la tige de mil a la force, elle n’osera pas affronter le bois. Et si l’enfant revient de sa promenade, s’il est entrain de s’amuser avec ses camarades, les autres le terrassent. C’est parce qu’il n’a pas la force. On se demande « yÆa këkù y´amd bïig lÆ » ? (Est–ce un enfant dont le y´amde a été préparé à l’aide de tige de mil ?) ».
Si l’absence de lavements, ou les lavements « modernes » réalisés avec une poire en caoutchouc sont critiqués, d’autres négligences empêchent les enfants d’acquérir la puissance. Si la cuisson de la décoction avec des tiges de mil en est une, l’utilisation trop longue des mêmes composés végétaux pour la fabrication en est une autre. Au bout de trois à quatre jours, les plantes, les écorces ou les feuilles sont réputées avoir perdu leur saveur et donc leur efficacité :
« On dit que “Æ zÆgl y´am-dæogŒ w‚sgÆmê” (le bois du y´amde d’un tel a perdu sa saveur). Tu n’as pas entendu que “këkù nÊ b´ok n pæoog Æ zÆgl s‚dÆ ? (Rires) (les tiges de mil sur l’épaule ont vraiment manqué à un tel] pour signifier que la personne est bête ».
La troisième fonction est d’assurer à l’enfant un sommeil profond. C’est à la chaleur des deux préparations qu’est attribué l’endormissement de l’enfant :
« Si c’est le y´amde, ça doit être très chaud. S’il boit son corps devient très chaud, et il va dormir profondément. Si tu prends un y´amde qui est tiède, et puis tu le fais boire, ça n’agit pas sur lui. Ça ne tue pas ses muscles, son ventre n’est pas chaud et l’enfant ne fait que pleurer. On dira que le y´amde est un y´am-mÆasgÆ (un y´amde froid). Voilà pourquoi, il ne dort pas. C’est pourquoi, ça doit être chaud. Si tu lui fais boire ça chaud et que tu le mets au dos, il dort très vite ; tu pourras faire tes travaux ».
Cette chaleur vient également compenser la fraîcheur, le goût sucré et la douceur du lait.
« Le lait est frais. L’enfant, à force de téter toute la journée, ça rend sa bouche fade. S’il ne gagne pas l’eau chaude, son sommeil est difficile ; parce que s’il boit l’eau chaude, il dort bien et pendant longtemps avant de se réveiller et de recommencer à téter ». La quatrième fonction, commune également aux lavements et aux y»nugrî, est une action thérapeutique déjà décrite dans le chapitre précédent.pêsgu.
Les soins du nombril ont pour objectif d’activer la chute du cordon, la cicatrisation de l’ombilic et l’obstruction d’un “conduit” qui communique avec l’intérieur du ventre. Certaines femmes utilisent également une décoction de wÆllb“isïm et, de plus en plus souvent, un désinfectant acheté en pharmacie est appliqué les premiers jours sur les conseils de la matrone du dispensaire. Les vieilles femmes relatent également un soin qui semble aujourd’hui abandonné ou du moins n’a pas été observé. Après l’accouchement, le cordon est coupé avec une lame traditionnelle, le bærgÆ. Immédiatement, les femmes préparent une pâte à base de fiente de poule (nŒ-b”ndu) liquide (kœaagÆ) ou molle (bëegÆ), mélangée avec du savon dans un sÆ-pùùgÆ (morceau de canari ou de marmite en terre cuite). A l’aide d’un brin de mœ-pŒko (une herbe) , le produit est appliqué sur le nombril « en traçant des lignes » avant de commencer le premier pêsgu.La chaleur du sÆrê est transmise à l’ombilic par le doigt de la mère, enduit de beurre de karité (kÆam), afin d’activer le processus de cicatrisation. Le gras évite la survenue de brûlures tant au niveau de la phalange de la mère que de la peau de l’enfant :
« Le fait de mettre du beurre comme ça, c’est pour que le y«ugÆ (nombril) devienne mou (bÔkê) ; parce que quand on enlève le kÆam mettre sur la main, c’est pour que ta main aussi soit molle afin que le sÆrê ne brûle pas ton doigt (nªgº) et que ça ne brûle pas le nombril (y«ugÆ) ».
« C’est pour que ça ne brûle pas ton doigt et pour que la chaleur des soins ne brûle pas l’enfant. Parce que quand on met le beurre avant de faire le pêsgu, ça ne fait pas mal, ça fait mal bien sûr, mais ça ne fait pas de plaie. Mais si tu veux toucher le sÆrê sec, tu vas brûler ton doigt, et encore tu es grande par rapport à l’enfant ».
Il a d’ailleurs une fonction identique au moment de l’ingurgitation forcée du y´amde avant laquelle les narines et les lèvres sont enduites de beurre.L’obstruction de la bouche (nŒorê) de l’ombilic (y«ugÆ) est réalisée deux fois pendant les soins. La première se fait avec du beurre de karité avant l’administration orale du y´amde qui sera enchaîné avec la toilette de l’enfant. En effet, l’eau et diverses saletés (poussières, brindilles, etc.) ne doivent absolument pas pénétrer dans le nombril. La deuxième intervient à la fin du pêsgu avec un enduit fabriqué avec de la pulpe de noix de karité fondue et râpée. Cet enduit durcit et restera en place jusqu’à la prochaine séance de soins, empêchant cette fois la pénétration d’air ou de poussières à l’intérieur du ventre.« Il y a un vide au niveau du y«-rÆogo (nombril mâle ) jusqu’au yëd-nïfº (oeil de l’anus). Si tu laisses l’eau pénétrer, ça va jusqu’à l’intérieur et ça s’enfle. Mais si tu continues les soins et puis tu écrases du z»unfª (noix de karité) mettre, ça se cicatrise très vite et le vide qui s’y trouvait se bouche ».Une négligence dans la réalisation de cette obstruction entraîne la survenue de nombreuses maladies qui se manifestent dans les jours qui suivent, voire bien plus tard, à l’âge adulte.
« Quand on dit que le y«ugÆ de l’enfant d’un tel est enflé, c’est parce que les soins n’ont pas été bien donnés. On n’a pas bien fait le pêsgu, on a laissé l’air pénétré, on lui a donné son bain et l’eau a pénétré ou bien son y«-rÆogo est vide ».
Les pressions du pouce exercées sur le pourtour de l’ombilic permettent de ramollir le ventre et de provoquer des « renfoncements » qui activent la fermeture de ce canal. Elles accélèrent également la chute du cordon, par un acte que l’on pourrait qualifier de « dessertissage » ; les femmes utilisent en effet le verbe mîsgi pour décrire leur action, terme qui signifie « défaire, sortir le bout replié ou rentré » . Mot(s) clés libre(s) : chaleur, orifice, bercement, soin quotidien, mère enfant, ombilic, lavement, graisse, gavage, eau, décoction, mossi, petite enfance, karité, afrique, déchets, nouveau-né, vidéo, anus, massage, allaitement, Burkina Faso, film ethnographique, toilette, savon, Kienfangue
|
Accéder à la ressource
|
|
Biljana la femme-guérisseuse, Budisava, Serbie
/ 19-02-2000
/ Canal-u.fr
VIVOD Maria
Voir le résumé
Voir le résumé
Biljana la femme-guérisseuse, Budisava, Serbieun film de Maria Vivodfilm et montage : Maria Vivodassistance technique : SCAVtraduction francaise Vladimir Fisera et Maria Vivod
musique choeur des moines de Chevetogne, Chants de la liturgie slavonne
son Maria Vivod Ambre Muller & Astrid Marchioli
SCAV, Université Marc Bloch de Strasbourg1ère partie tournage en 2000interview avec commentaire et traduction en français sur les activités de cette guérisseuse
thérapie sur une vieille femme - feu - oreillethérapie plomb
thérapie jeunes femmes par la mère de Biljana - courge calebasse massage graisse Le film a été enregistré en hiver 2000, en Serbie Monténégro actuelle, c’est à dire, ce qui reste de l’ancienne fédération yougoslave. Plus précisément, il s’agit de la province au nord de ce pays, dans la région de la Voïvodine, à 150 km au sud de la frontière hongroise.
Le village où j’ai filmé s’appelle Budisava, à 15km de la capitale de la Voïvodine, Novi Sad. Le tournage s’est fait en février, soit presque un an après le commencement des bombardements de l’OTAN. Uniquement sur la ville de Novi Sad une quantité extraordinaire de 60 000 tonnes du matériel explosif sont tombés. C’est juste pour dessiner un croquis rapide de l’état d’esprit des gens qui étaient filmés pendant ces deux semaines…
Le sujet de mon film est Biljana, une femme serbe qui a quitté son poste de secrétaire de l’école primaire de son village pour se consacrer, comme elle le dit, à son métier de « guérisseuse populaire ». Elle devient très connue dans la région : les gens en cherchant une aide à leurs problèmes et à leurs maladies viennent la voir de loin.
Biljana n’est pas l’unique guérisseuse : depuis le début des années 90, quand les guerres civiles ont éclatées l’une après l’autre, les guérisseurs, les herboristes, les rebouteux et les voyants ont ressurgi après 40 ans de joug communiste qui interdisait et réprimait toute pratique de médecine dite « alternative ». La publicité par la télévision ou la radio est un moyen que ces guérisseurs utilisent pour se faire connaître. Dans la société serbe contemporaine il est devenu acceptable, voir « normal » de s’adresser aux médecins populaires, plus souvent appelés « traditionnels ».
Biljana est rebouteuse et pratique des massages. Elle prêche également le retour à la foi orthodoxe serbe. Mais sa réputation vient surtout d’un procédé qu’on appelle en langue serbe « salivanje strave », « olomöntés » en hongrois, soit dans une traduction libre (littérale ?) « faire fondre la peur ».
Dans les Balkans, et une partie de l’Europe Centrale, la fonte du plomb, presque toujours pratiquée par des femmes, est célèbre.
Elle permet notamment de guérir certains désordres psychiques et particulièrement la « maladie de la peur » : le « fras » en serbe ou « fràsz » en hongrois, une entité nosographique populaire qui se manifeste – le plus souvent chez les enfants en bas âge, mais aussi chez les adultes –, par un état d’anxiété aiguë et de nervosité, accompagné de cauchemars .
Mais les femmes qui fondent le plomb utilisent aussi cette technique pour établir un diagnostic et prédire l’état de santé des personnes venues consulter.
Biljana par exemple fait fondre le plomb pour presque chaque patient dans un but diagnostique. La forme du plomb fondu lui permet ainsi de voir ce dont souffre le consultant, ses maladies chroniques ou encore celles du passé. Par exemple, des petites cavités régulières évoquent des kystes ovariens chez les femmes, une forme du cœur – des maladies cardiovasculaires- etc.
Mais en répétant ce procédé (trois) plusieurs fois, elle peut non seulement traiter la maladie diagnostiquée mais aussi prévoir l’état de santé futur de la personne . Le succès du traitement est attesté lorsqu’elle obtient l’éclatement du plomb brûlant plongé dans l’eau, qui s’exprime par un bruit caractéristique et par la forme explosée qu’acquiert le métal fondu lors de sa solidification brutale.
Mais c’est principalement de la fonction divinatoire de cette méthode qu’il sera question dans le film présenté aujourd’hui, bien que cette dimension ne soit pas essentielle dans la pratique courante de Biljana. Elle affirme en effet qu’elle évite de dire aux patients ce qu’elle voit dans le plomb concernant l’avenir. Néanmoins, quelquefois, elle fait des exceptions et la forme du plomb permet alors de dévoiler des évènements futurs, les points faibles de l’individu, le développement probable de maladies, le délai dans lequel ces manifestations sont susceptibles de survenir. Mais pour parfaire ses prévisions, Biljana cherche à connaître le comportement religieux du consultant, en particulier le respect des principes et des règles prescrits et valorisés par l’église orthodoxe : le jeûne, les dimanches ou encore la façon dont la personne célèbre sa « slava », la fête du saint protecteur.
L’énoncé divinatoire est alors toujours acompagnée de recommandations relatives à la foi et la pratique religieuse : un zèle de la foi à laquelle il appartient (uniquement pour les personnes chrétiennes !), le respect des tabous (ne pas laver ses cheveux et son linge les dimanches, fréquenter l’église, se confesser régulièrement). Sous réserve que ces prescriptions soient respectées, la probabilité de survenue des maladies prédites devient minime.
Biljana peut également pratiquer la technique du plomb fondu en l’absence de la personne concernée. Elle utilise dans ce cas , comme nous allons le voir dans le film, un substitut nommé « zamena » - « échange » dans la langue serbe : un morceau de vêtement ou la photo de la personne absente. (M.V.)2ème partie tournage en 2005Consultation d’une femme par une femme guérisseuse dans son cabinet de consultation. Thérapie par incantation - Conjuration.
L’attention est portée à l’acte de l’incantation que Biljana appelle ‘prière’
Le plomb fondu est à la fois un objet divinatoire et thérapeutique Mot(s) clés libre(s) : feu, incantation, graisse, pain, fille, thérapie, mère, interaction enfant, ventouse, bocal, bougie, mal, Vostrog, icône religieuse, Budisava, Voïvodine, saint, sel, christianisme, peur, maladie, guerre, religion, femme, vidéo, massage, Serbie, orthodoxie, film ethnographique, divination, guérisseur, guérissage, Balkans, Europe
|
Accéder à la ressource
|
|
Kosai : massages traditionnels pour bébés
Tunisie - Inde
/ 06-03-2001
/ Canal-u.fr
Rahal Ahmed
Voir le résumé
Voir le résumé
1 - massages traditionnels pour bébés, (2 mois) pratiqués dans un orphelinat à Nabeul en Tunisie (15 mn)
2 - massages traditionels pour bébés, (4 mois), pratiqués par une soignante traditionelle sur la place publique dans la ville de Varanassi en Inde (3 mn) Mot(s) clés libre(s) : Tunisie, Varanasi, Nabeul, orphelinat, massage traditionnel, évier, bassine, petite enfance, toilette, film ethnographique, puéricultrice, tradition, vidéo, Inde du Nord
|
Accéder à la ressource
|
|
Le feu et le gras : utilisation du feu et du beurre de cacao dans les techniques du corps et de la petite enfance à la Réunion
/ 14-04-1999
/ Canal-u.fr
POURCHEZ Laurence
Voir le résumé
Voir le résumé
Les utilisations du feu et du gras dans les soins du corps qui suivent la toilette de l’enfant, façonnage du visage et massage du corps. Mot(s) clés libre(s) : afrique, beurre de cacao, Créole, Sainte-Marie, façonnage, gras, La réunion, petite enfance, toilette, film ethnographique, massage, visage, vidéo, feu, soin
|
Accéder à la ressource
|
|
La photo : toilette à 7 mois de Vishal Ganesh
/ 21-04-2010
/ Canal-u.fr
PASSEPORT Fanny
Voir le résumé
Voir le résumé
Film sous titré en français
Une mère effectue la toilette et le massage de son bébé de 7 mois, prénommé Vishal Ganesh dans le village du bas (Ghinghran) de cette société semi-nomade.
Ghinghran, village du bas des Rongpa, District de Chamoli, Uttarakhand, Inde, Avril 2010. Mot(s) clés libre(s) : vidéo, huile de moutarde, soin, Uttarakhand, Chamoli, Rongpa, défécation, bassine, petite enfance, toilette, film ethnographique, Inde, massage, eau
|
Accéder à la ressource
|
|
Naissances, gestes, objets et rituels. Côte d'Ivoire, 1991.
Soins au nouveau-né chez les Gouros : le massage
/ 08-01-1991
/ Canal-u.fr
HAXAIRE Claudie
Voir le résumé
Voir le résumé
Montage vidéo réalisé pour l’exposition « Naissances : objets, paroles et rituels » du Musée de l’homme 2005-2006Dès la naissance et jusque vers trois mois, tous les nouveaux-nés gouro subissent matin et soir des séances de massages vigoureux pratiqués avec un chiffon imbibé d'une décoction médicamenteuse. On leur applique ensuite divers remèdes sur la peau. Les massages sont absolument indispensables et peuvent être donnés seuls. Les remèdes varient. Après avoir montré un soin entier, nous nous attarderons sur une séquence de massage sans médicaments puis nous étudierons la préparation de remèdes. Les massages assouplissent et fortifient le corps de l'enfant. Les remèdes préviennent les maladies qui le font maigrir, au nombre de celles-ci on craint surtout les diarrhées suivies de déshydratation.
Mot(s) clés libre(s) : afrique, film ethnographique, petite enfance, bain, remède, décoction, soins quotidiens, etnopharmacologie, eau, Côte d'Ivoire, massage, plante, protection, prévention, maladie, médicament, nouveau-né, vidéo, préparation, gouro
|
Accéder à la ressource
|
|
Consultations de Souley Nyakh, tradipraticien à Joal (déc. 2012)
- "versements" aux pangols domestiques, onctions et fabrication d'amulettes
- visite et "versements" aux habitants d'une forêt de baobabs sacrés
/ 01-07-2013
/ Canal-u.fr
EPELBOIN Alain
Voir le résumé
Voir le résumé
- "versements" aux
pangols domestiques, onctions et fabrication d'amulettes
Le tradipraticien sérer
Souley Niakh de Joal, au Sénégal, âgé d'une quarantaine d'années, reçoit simultanément
deux clients dans sa chambre. Il les fait asseoir sur le lit et des
fauteuils en plastique. Lui-même est installé sur une natte synthétique posée à
côté du lit, les jambes écartées devant un boubou-tunique en toile de
coton traditionnelle, recouvert d'une crasse patinée correspondant à des versements de sang de
poulets sacrificiels.
D'une sacoche noire à
plusieurs poches, de type pour ordinateur, il extirpe les objets du rituel : un
"chasse mouche", bâton de pouvoir en crins de cheval noir, montés sur
un manche gainé de tissu rouge, enroulé dans une coudée de bande de tissu de
coton artisanal bicolore ; un sachet plastique d'une poudre, probablement
polyvégétale, qu'il versera sans récitations dans un récipient d'eau, un pot en
plastique blanc de 5 litres, apporté par une des résidentes de la maison qui
bavardent dans la cour.
Le premier consultant, Mbaye
D2., âgé d'une soixantaine d'années vient achèver un traitement pour des maux
divers, notamment des douleurs des os et
des articulations et fatigue,
de cause non précisée : jalousie, sorcellerie due à ses succès ?
C'est un musicien sérer célèbre, ami de l'assistant-traducteur de
l'anthropologue vidéographe, Aliou Henri Diouf, lui même musicien.
Le tradipraticien fait
asseoir Mbaye D2. sur la natte, face à lui, séparé par la tunique sacrificielle
posée entre eux. Il trempe les crins de cheval du bâton de pouvoir dans l’eau
avec poudre et, de haut en bas, oint par effleurements le crâne, la nuque, les
épaules, les bras, le dos, les reins de son patient. Il le fait se relever et
exécute des massages des bras avec ses mains, imprégnées de la projection d'une
récitation, dans un sens "extractif", de la racine des membres aux
extrémités. Ces massages rapides, entre effleurement et passe de magnétiseur, alternent
avec des étirements doux des bras et du rachis. A la fin de ce temps, il
intime l'ordre à son client de répondre systématiquement positivement à toute
question qui lui est posée, comme une imposition d’un
optimisme à afficher en permanence : - Si on te questionne, tu dis
oui.
Tenant le pot d’eau avec
poudre, il le conduit alors derrière la chambre dans une étroite arrière cour
ou est installé l'autel domestique consacré aux esprits tutélaires du
tradipraticien, les pangols. Il est constitué de mortiers défoncés enterrés à
l'envers, de pilons enterrés, de divers objets, pierres et de deux
volumineux anneaux de fer qui ne semblent pas de facture artisanale. Après
avoir versé de l'eau avec poudre sur chacun des objets de l’autel représentant
les pangols, le tradipraticien intime à Mbaye D2. de se "laver", sans
quitter son pantalon, de s'asperger sur le modèle du schéma corporel de la
toilette quotidienne par aspersion, y compris les pieds, posés l’un après
l’autre sur le bord de l’autel, dans une proximité extrême et troublante avec
les esprits ainsi convoqués.
Comme avec un jeune enfant,
Souley Nyakh achève la toilette de la tête de son client, la maintenant au
dessus de l’autel. Puis, il se saisit des anneaux trempés d’eau avec poudre et
les passent horizontalement l'un après l'autre au dessus de la tête de MBaye D.
encore penché sur l'autel.
De retour dans la
chambre-cabinet de consultation, Souley Nyakh le fait asseoir en face de lui,
toujours séparé par la tunique sacrificielle. Il brandit, les bras tendus,
la coudée de tisssu bicolore face à la tête de son client, sur laquelle il finit
par la poser. Il s'en saisit ensuite pour essuyer les zones qui ont été
massées, effleurées, lavées, comme pour récupérer aussi des restes non visibles.
Ensuite, il la secoue vigoureusement plusieurs fois et la pose sur la tunique
sacrificielle. Puis, il fabrique une cordelette de coton sur laquelle il
effectue 4 noeuds magiques spécifiques avec récitation d'une formule, dont : "J'ai
pris une poignée de sable, m'envelopper de Dieu avec un oreiller de
pierre". Il attache lui-même la cordelette qui fait deux fois le tour
de l'avant bras gauche de Mbay D.
Il recouvre alors la tunique
sacrificielle et la bande de tissu bicolore d'un morceau de toile blanche percée
de trois trous circulaires de la taille de l’ouverture de petits canaris usuels
et d'un quatrième plus petit. Le bâton de pouvoir est déposé dessus, puis mis
de côté, de même que le tissu blanc et la bande bicolore, pour poser neuf
cauris et une petite plaque pesante, non identifiée, l’objet qui joue souvent
un rôle de « témoin » dans ce type de divination iconique. Six jets
de cauris se succèdent, dont un avec la main de Mbay D. posée sur les cauris
étalés. Ils confirment tous la réussite du traitement et le devenir heureux.
Après quoi, Souley Niakh
demande à Mbaye D2. de laisser la place au deuxième consultant, El
Hadj T., un pêcheur sérer d’une soixantaine d’années qui vient pour les
séquelles cicatrisées d'une grave fracture de la partie supérieure du tibia droit,
écrasé entre deux pirogues.
Il le fait asseoir sur le
sol en face de lui et lui mesure le tour du genou droit avec la bande de tissu bicolore.
Il mesure ensuite la cheville et réalise un noeud spécifique du même type que
celui de la cordelette, transformant la bande de tissu en amulette, en sengor,
ceinture de projection de force à un noeud. Il la brandit à la face du
consultant puis vers le ciel et le sol, c'est-à-dire la tunique sacrificielle
sur laquelle il la dépose pour se saisir du bâton de pouvoir. Il trempe les
crins de cheval dans le seau d’eau avec poudre de la consultation précédente et
en oint doucement la jambe souffrante à de nombreuses reprises, du haut vers le
bas. Il finit par le massage avec incorporation dans le corps du patient des
vertus des paroles magiques projetées dans ses mains à chaque passage devant
ses lèvres, accompagnées de claquements de doigts.
Ensuite il attache la bande
bicolore, devenue sengor à un noeud, au dessus du genou. Il reprend les
effleurements de la jambe avec les crins de cheval trempés d'eau avec
poudre, toujours de haut en bas, mais en venant les recharger successivement en
les plongeant dans chacun des trous circulaires de la toile blanche posée par
dessus la tunique sacrificielle, comme des ouvertures de canaris non visibles.
Il interroge ses cauris en quelques jets comme pour vérifier le bon déroulement
des opérations, puis entreprend la fabrication d'une cordelette de coton artisanal
à 2 noeuds spécifiques avec des récitations. Après l'avoir passée à plusieurs
reprises sur la jambe malade, il l'attache à la cheville. Puis il déchire une
étroite bande de la toile blanche à trous circulaires et la transforme en
cordelette à un noeud, avec récitations de paroles et passage entre les lèvres
du guérisseur. Il l’attache au dessus du genou à la place de la bande tissu
bicolore nouée.
Souley Nyakh fait lever El
Hadj T. et le dirige, tout boiteux, derrière la maison. Il lui fait poser le
pied sur l'autel domestique des pangols. Trempant les crins du bâton de pouvoir
dans le récipient d'eau avec poudre, il effleure doucement le membre malade, de
haut en bas, du genou à l'autel. Ensuite, il verse de l'eau avec poudre, toujours
de haut en bas sur la jambe et le pied posé sur l'autel, puis passe les anneaux
de fer sur et autour de la jambe avant de les reposer à leur place. Un dernier
versement de liquide avec poudre sur la
jambe et l'autel, ainsi qu'une aspersion à l'aide des crins de cheval et il
fait retourner son client dans la chambre à la même place que précédement. Il
lui a ordonné de bien marcher et effectivement le consultant ne boite plus. Le
tradipraticien exécute de ouveaux effleurements avec récitation à l'aide
des crins de cheval, puis effleurement-essuyage du membre à l'aide de la bande
de tissu bicolore qui a conservé son noeud. Des jets de cauris divinatoires
répétés confirment la réussite du traitement : " C'est bon
!" El Hadj T. secoue sa jambe d'un air très convaincu quant à la
disparition des douleurs. Souley Nyakh tout en rangeant ses accessoires dans sa
sacoche, en sort une clochette-à grelot qu'il écoute attentivement sonner
devant chacune de ses oreilles, comme des messages positifs supplémentaires.
- visite et
"versements" aux habitants d'une forêt de baobabs sacrés
Le traitement du premier
client, Mbaye D2., se poursuit l’après midi du même jour dans une petite
forêt de baobabs à proximité de Joal, réputée dangereuse car habitée par différents
esprits, des pangols (génies sérers), des djinns (génies musulmans et païens) ,
des animaux dangereux, tels qu'une hyène et un jaxal, traduit faussement par « tigre », vraisemblablement
une panthère.
Les offrandes destinées aux
pangols protecteurs, sont de l’eau, de la farine de mil, du sucre, un poulet
vivant, une bouteille de vin rouge, des noix de kola et une pièce de monnaie,
sans compter une petite cuvette en plastique, le récipient pour les libations, et
l’outil sacrificiel, un couteau de cuisine.
Un premier versement rituel d’eau
mélangée de farine de mil est effectué à l’entrée de la forêt sur un espace
dégagé recouvert de coquillages, de feuilles mortes et de restes de sacrifices
antérieurs, noix de kola, flaques de sang séché. Souley Nyakh se saisit du
poulet, lui coince les pattes avec un pied, fait une passe du couteau sur la
gorge et une torsion du cou qui hypnotise l’animal qui s’immobilise, puis il
lui tranche la gorge, versant la totalité du sang en une même place. Après
quoi, le poulet est remis mort dans une pochette de plastique pour l’emporter.
Souley Niakh la cuvette
contenant l’eau avec la farine de mil et le couteau de la main gauche poursuit
son chemin jusqu’à deux baobabs aux troncs blanchis, qu’il asperge du reste de
l’eau avec la farine de mil, tout en inspectant une cavité à la base d’un
d’entre eux.
Il poursuit le chemin qui
serpente dans la forêt de baobab jusqu’à
une place qu’il nomme « chambre
d’épines », où sont empilées des centaines de bouteilles de verre
vides de vin rouge, de bière et d’alcool. Il décapsule la bouteille et fait
avancer Mbay Diouf afin de lui verser du vin sur les pieds en même temps qu’aux
pangols. Cette implication corporelle si près des pangols semble impressionner Mbaye
D2. qui essaye de refuser, puis limite la quantité de vin déversée sur ses
pieds nus. Il refuse ensuite de boire directement à la bouteille. Malgré les
restes de mil, il finit par accepter la cuvette plastique vidée du mélange
d’eau, de farine de mil et de sucre comme récipient à boire. Souley Nyakh fait
boire au goulot Aliou Henri Diouf, l’assistant-traducteur, puis l’anthropologue
caméraman et enfin lui-même. Il se saisit de la caméra pour les filmer en train
de boire, puis leur enjoint de verser du
vin sur le sol pour les pangols. A ce moment, le rituel de Mbay Diouf est
terminé.
Souley Nyakh entreprend contre
rémunération de faire visiter les différents places des habitants de cette
forêt de baobabs. Il montre une place de repos de la hyène, les griffures
laissées sur un tronc par les griffes du jaxal,
les résidences des pangols et des djinns. Il présente le baobab des pangols dont
il a reçu les pouvoirs, un autre en forme de tête où les femmes stériles
déposent leur coiffe pour obtenir un enfant.
Au fur et à mesure que la
visite se prolonge, Mbay D., impressionné, est de plus en plus réticent et
suggère de rentrer, notamment de ne pas aller visiter le puits où résident un
djinn et ses trois fils. Au sortir de la forêt, il se saisit d’un crabe et mîme
en chantant sa mise à mort sacrificielle : comme une fin (faim) de
catharsis.ACTEURS
- le tradipraticien sérer Souley Niakh
- le premier consultant pour douleurs ostéo-articulaires
et fatigue, Mbaye D. 2, musicien sérer
- le deuxième consultant pour séquelles de fracture de la jambe droite, El Hadj T., pêcheur sérer
- l'assistant-traducteur Aliou Henri Diouf
- le médecin-anthropologue vidéaste, Alain EpelboinTraduction et commentaires simultanés
Aliou Henri Diouf
Traduction des sous-titres
Lamine Ndiaye
Caméra, montage,
réalisation
Alain Epelboin & Mireille Gruska
© 2013 Alain Epelboin CNRS-MNHN Paris Mot(s) clés libre(s) : Sénégal, pangol, djinns, bande de tissu, bâton de pouvoir, crin de cheval, sacrifice, verselent, mort animal, poulet, kola, mil, vin rouge, hyène, panthère, guérison, génies, autel domestique, tunique talismanique, vidéo, massage, film ethnographique, baobab, amulette, guérissage, sérer, Joal, devin-guérisseur, tradipraticien, eau, poudre végétale, ablution, incantation, cordelette à noeuds, emprise
|
Accéder à la ressource
|
|
Mumbwiri, rite thérapeutique : initiation d’une femme et d’un enfant nzebi
/ 21-05-1995
/ Canal-u.fr
DUPUIS Annie
Voir le résumé
Voir le résumé
Deux malades sont traités au cours de ce rituel, la jeune femme pour devenir féconde, l’enfant pour guérir d’une grave et ancienne toux à laquelle aucun traitement n’a pu remédier. Le rituel requiert la possession par les génies et la prise du bois sacré l’« iboga », qui doivent conduire à la guérison.
Le rituel se déroule sur deux jours et deux nuits au village et en forêt.
Le film commence avec la présentation de l’espace rituel, dans lequel au cours de la nuit s’est déroulé la cérémonie. Les génies sont appelés à investir les participants et la malade par le jeu des instruments de musique (harpe, tambours, percussions, corne) qui accompagnent les chants et les danses. . Les membres de la société encadrent la postulante.
Des soins sont donnés à la malade par la guérisseuse et des membres de la société : aspersions au moyen de plantes médicinales et massages. Les génies apportent leur « bénédiction » à la malade.
En forêt près de la rivière, un espace est débroussé. Les malades sont maquillés, ils absorbent l’iboga sous forme de décoction et de rapures, et sont appelés à la transe par les sifflets. Ils reçoivent dans les yeux une instillation de sève leur permettant d’aiguiser leur vision. Ils sont invités à voir dans le miroir, aidés par les génies, la cause de leur mal.
La cérémonie se poursuit le lendemain matin au village.
Le soir et la nuit suivante, les malades identifient la cause de leur mal, et procèdent à une séance de divination pour eux-mêmes et pour toute l’assistance, par lecture dans le miroir. Des offrandes sont offertes.
Je remercie les participants du village de Lébamba, de m’avoir invitée à ce rituel et permis de le filmer.
Merci également à mon amie Madeleine Koundi qui m’a beaucoup appris.
montage : Mireille Gruska, Annie Marx, Annie Dupuis
Chapitres
01 - 1er jour au village, danses de possession au petit matin après la première nuit
Au village, présentation
de l’espace rituel, dans lequel au cours de la nuit s’est déroulé la cérémonie. Les génies sont appelés
à investir les participants et la malade par le jeu des instruments de musique
(harpe, tambours, percussions, corne) qui accompagnent les chants et les danses.
.Les membres de la société
encadrent la postulante.
02 - 2ème jour au village, soins, aspersions, onctions et massages
Des soins sont
donnés à la malade par la guérisseuse et des membres de la société :
aspersions au moyen de plantes médicinales et massages. Les génies apportent leur « bénédiction »
à la malade.
03 - 2ème jour en forêt,
Aménagement de l'espace, maquillage et mise en condition des nouveaux initié. En forêt près de
la rivière, un espace est débroussé.
Les malades sont
maquillés, ils absorbent l’iboga
sous forme de décoction et de rapures, et sont appelés à la
transe par les sifflets.
Ils reçoivent dans
les yeux une instillation de sève leur permettant d’aiguiser leur vision.
Ils sont invités à
voir dans le miroir, aidés par les génies, la cause de leur mal.
04 - 2ème jour en forêt. Appel à la transe. Possession des initiés
Instillation dans les yeux et onctions sur le corps de sève médicinale.
Appel des esprits par les sifflets, les instruments de musique, les chants.
Prises répétitives d’iboga (décoction et râpures).
Le lendemain matin,
la cérémonie se poursuit au village.
05 - 2ème jour en forêt . Possession des nouveaux initiés
06 - 2ème jour en forêt .Possession d’une initiée soignante
07 - 2ème jour au village, soirée
divination par lecture dans le miroir
08 2ème Nuit : divination, offrandes
Le soir et la nuit
suivante, les malades identifient la cause de leur mal, et procèdent à une
séance de divination pour eux-mêmes et pour toute l’assistance, par lecture
dans le miroir. Des offrandes sont offertes. Mot(s) clés libre(s) : afrique, corne, possession, offrande, tambour, Tabernanthe iboga, rituel thérapeutique, harpe, états modifiés de conscience, nzebi, percussion, initiation, bois sacré, aspersion, onction, sève médicinale, Lebamba, guérissage, guérisseur, transe, danse, musique, miroir, stérilité, maladie, plante médicinale, enfant, femme, vidéo, massage, maquillage, cérémonie, génie, chant, film ethnographique, divination, Sud Gabon
|
Accéder à la ressource
|
|
Un massage nommé désir
/ Canal U/Tice Médecine Santé
/ 14-01-2007
/ Canal-U - OAI Archive
DELAMARE E.
Voir le résumé
Voir le résumé
Bébé se trouve séparé de sa maman dans un monde où technicité et urgence règnent. Loin de son cocon protecteur, il est perdu, angoissé, nous devons lui faciliter de début de vie et savoir le sécuriser, lui rendre confiance et douceur Toucher d'amour et douce mélodie lui rappelle sa vie intra utérine, où il était bercé, choyé ! Berceuse, bercement, berceau... A nous de recréer ce bien être.
Origine
FILMED 1995 - 96 5401 051
Générique
FILMED : 96 5401 051 Mot(s) clés libre(s) : massage, pédiatrie
|
Accéder à la ressource
|
|
L’accouchement de Sephali
/ 17-04-2003
/ Canal-u.fr
BHATTACHARYA Sahana
Voir le résumé
Voir le résumé
Sephali, mother of two girl child, this time vehemently expecting a son to prove herself as a successful wife. Sephali going through her final contractions in silence as her cry should not reach to any man of the household. Finally crashing her all hopes she delivers again a girl.
La langue parlée principalement est le santhali, une langue qui existe depuis 1200 ans et dont l'écriture a été inventée vers 1820.
6 million de personnes parlent cette langue en Inde, Bangladesh, Népal, et Bhutan.
La plupart de la population Santal habite en Jharkhand, Assam, Bihar, Orissa, Tripura et Bengale occidental. La langue secondaire est le bengali, une langue directement dérivée du sanskrit après Prakrut Le lieu de tournage est situé sur la colline de AYODHYA, à la frontière entre Bengale occidental et Jharkhand, Bihar. Mot(s) clés libre(s) : huile, guérissage, cordon ombilical, naissance, travail, cordon, Bengale occidental, contraction, sage femme traditionnelle, toilette, film ethnographique, douleur, accouchement, nouveau-né, vidéo, massage, Inde, sage femme, placenta, shantali
|
Accéder à la ressource
|
|