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La planète bleue est un univers merveilleux et passionnant lorsqu'on le pratique avec humilité et que l'on fait l'effort de l'apprendre. Ce milieu reste néanmoins délicat, voire hostile et dangereux pour l'homme, nous en avons des exemples tous les jours. On pense bien sûr à quelques noms qui ont fait la une dans le passé ou plus récemment comme « TITANIC », « ESTONIA », « AMOCO CADIZ », « ERIKA » ou « PRESTIGE ». Les premiers rappellent des naufrages dramatiques qui ont entraîné un grand nombre de décès. Les derniers sont de gigantesques accidents de mer qui ont provoqué des pollutions majeures sur nos côtes sans disparitions de personnes. Ces « évènements de mer » - c'est l'expression pudique utilisée par les gens de mer pour les décrire - font partie de l'univers des populations littorales. Depuis la nuit des temps, l'accident, le drame, la mort ou la disparition du marin font partie du quotidien des familles de marins. C'est presque la fatalité : « la mer nous l'a pris ». Au dix-neuvième siècle, les tempêtes d'hiver déciment la communauté maritime. On dénombre certaines années plusieurs milliers de disparitions sur nos côtes. Aujourd'hui, la pratique de la mer est statistiquement beaucoup moins meurtrière. Environ 300 personnes perdent la vie chaque année dans nos approches maritimes nationales. Les loisirs nautiques sont sources d'accidents graves, mais les professionnels de la mer les plus qualifiés, paient également un lourd tribut. Plusieurs équipages de chalutier disparaissent chaque hiver. La mort récente d'Edouard Michelin dans le Raz de Sein en compagnie d'un des pêcheurs les plus qualifiés de la région rappelle que, quelle que soit notre niveau de préparation, la mer peut parfois nous dépasser totalement : la houle, les vagues, le vent, les courants, les récifs, le bateau
. sont parfois les plus forts. Le phénomène dépasse également les Etats, car hier comme aujourd'hui, un dispositif de secours efficace sur l'ensemble de nos côtes et suffisamment réactif représente un investissement considérable. L'unité de temps est ici la demi-heure, parfois moins, à toutes heures du jour et de la nuit ! C'est dans ces perspectives la tradition de solidarité entre gens de mer prend tout son sens. A l'échelle d'un village, puis d'un canton, d'une région et finalement d'un pays, se développent au cours des siècles des organisations structurées et performantes, fonctionnant sur le principe de l'engagement bénévole au service de la sauvegarde de la vie humaine en mer. Au départ, ce sont souvent les pêcheurs qui s'organisent pour porter secours aux pêcheurs. En France, de nos jours, c'est une association régie par la loi de 1901, la SNSM, qui porte ces valeurs et ce projet. Ce principe de l'engagement bénévole dans les missions qui impliquent des prises de risques surprend le citoyen du 21° siècle. Il soulève même souvent la perplexité: « Dans la société d'aujourd'hui qui refuse le risque ou l'erreur et porte le moindre contentieux devant la justice, votre projet associatif n'a aucun avenir ! ». Il est vrai que, d'une certaine manière, il confronte l'homme à des situations extrêmes à deux titres : - Celui du marin qui doit affronter les éléments physiques qui peuvent le dépasser ; - Celui du bénévole qui , paradoxalement, accepte « pour rien » d'engager sa responsabilité et parfois sa vie au service de l'autre, dans un environnement qui, à bien des égards, ne lui fera pas de cadeau ; bien au contraire ! Nous faisons le pari que cette magnifique forme d'engagement perdurera dans l'avenir pour le bien de tous. C'est la réflexion que nous vous proposons ensemble.
Mot(s) clés libre(s) : accidents, naufrage, navigation, sauvetage en mer