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Le Touat-Gourara-Tidikelt est un très vaste espace, qui occupe près du quart la superficie du Sahara algérien. Il fait partie intégrante de la zone la plus aride du monde, aux contraintes naturelles particulièrement difficiles. Cet espace connu comme le « Pays des foggaras » était savamment exploité, depuis plus d’un millénaire, par les oasiens qui profitaient de la dynamique économique impulsée par le commerce transsaharien. L’organisation sociale et spatiale séculaire de ces trois sous-ensembles s’est trouvée fortement bouleversée par la colonisation durant la première moitié du siècle dernier et par l’action volontariste et les politiques d’intégration de l’Etat indépendant depuis 1962. Ces mutations se sont accompagnées d’une croissance démographique particulièrement soutenue. Dans cette zone se juxtaposent actuellement deux systèmes agricoles, le premier, traditionnel, fondé sur l’irrigation par foggaras et le second issu d’un projet d’aménagement rural (la mise en valeur agricole), plus récent et utilisant des moyens modernes d’exploitation. Les deux systèmes se sont mutuellement influencés pour aboutir à des mutations spatiales prégnantes et à une recomposition sociale globale en partie due à l’émergence de nouveaux acteurs. L’interaction de ces deux systèmes, conjuguée à l’ouverture du marché du travail et la tendance des ménages oasiens à la pluriactivité a engagé le «Pays des foggaras » dans un processus de transformations multiformes d’ampleur variable et de temporalités différentes qui ont participé à renouveler en profondeur la ruralité saharienne, dans le contexte d’une urbanisation rapide de la population. Dès lors, se pose aujourd’hui la question essentielle de la pérennité, de la durabilité, de ces systèmes agricoles oasiens. Dans le cadre du développement saharien, fondé en grande partie sur les hydrocarbures, donc sur une économie extravertie, le choix politique d’un soutien à l’agriculture saharienne offre de réelles potentialités d’un développement local mené par et pour les populations sahariennes. Sur le plan économique, seule une rentabilité avérée permettra leur maintien, notamment par une insertion croissante dans les réseaux marchands nationaux. Néanmoins, leur poids dans les économies locales leur confère un réel rôle d’amortisseur, voire de moteur du développement. Socialement, la ruralité saharienne est empreinte de symboles identitaires liés aux pratiques agricoles, comme elle s’organise encore largement autour des rythmes agraires. Cependant, l’urbanisation massive au Sahara réinterroge aujourd’hui en profondeur ces héritages. Enfin, en termes environnementaux, l’aspect non renouvelable des ressources hydrauliques soulève là encore des problématiques centrales quant à la pérennité des nouveaux systèmes agricoles.