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Vers une humanité augmentée ? Socialités et usages destechnologies du corps
Coordination : Emmanuel Kessous (RT 11), Marina Maestrutti, Mauro Turrini, Valerie Souffron (GT41) et Ashveen Peerbaye (RT 29)
Intervenants :
- Pascal Ducournau, Centre Universitaire de Formation et de Recherche « J.F. Champollion », Albi
- Nelly Oudshoorn, Professeur à l’université de Twente aux Pays-Bas
- Anne-Sylvie Pharabod, Chercheur au Laboratoire des Usages d’Orange (SENSE)
Depuis une dizaine d’années, on assiste à la diffusion de technologies numériques dont les finalités sont étroitement associées au corps humain : puces RFID implémentées dans le bras des familiers d’une discothèque de Barcelone, objets de consommation permettant de mesurer les performances sportives et le nombre de calories dépensés, captures et visualisations de données sur soi en tout genre… Initialement cantonnés aux domaines médical et sportif, ces outils se diffusent plus largement dans la population et apparaissent désormais en bonne place dans les linéaires des grands magasins parmi les objets tendances des fêtes de fin d’années. À côté des usages grand public, un mouvement plus politique se structure autour de ce qu’on appelle le quantified self. La mesure du corps et l’extraction de données ne sont en général pas effectuées dans un but uniquement personnel. Elles sont étroitement associées à d’autres comportements qu’il est possible de repérer dans les univers numériques : le life logging, visant à capturer et à mesurer tout ou partie de sa vie, et différentes formes de bio-socialité, comportant le partage d’informations personnelles avec des tiers dans des buts de comparaison, de reconnaissance, de création d’information ou tout simplement de convivialité et d’échange.
Cette session vise à interroger cette évolution en lien avec la thématique du congrès. L’hybridation du corps et des objets techniques peut s’interpréter comme le renoncement à une figure humaine naturelle ou au contraire laisser entrevoir l’accumulation de nouvelles données permettant de l’essentialiser. Cette tendance à la mesure, à la quantification et à la discrétisation des données corporelles contribue-t-elle à renforcer une injonction au souci de soi et à la responsabilité individuelle ? Dans quelle mesure peut-elle constituer, dans le même temps, un élément parmi d’autres de cette économie du partage dans laquelle chacun doit apporter sa contribution ? Comment entre-t-elle dans les pratiques de soin, de communication, de socialité via les TIC ? Quelles pratiques, quelles nouvelles représentations de la socialité et du corps et quels usages sont rendus possibles par cette incorporation d’objets techniques au corps humain dans le but de le mesurer, de lui apporter de nouveaux services, d’en permettre la mise en réseau et le partage ? Comment ces pratiques, représentations et usages interrogent-ils en retour les domaines de la biomédecine et de la santé ? À quelles controverses donnent-ils lieu ?
Voici quelques-unes des thématiques qui seront abordées durant cette session. Plus précisément seront questionnées les pratiques de quantification de soi (A.S. Pharabod), la diffusion de tests génétiques en accès libre sur Internet (P. Ducouranu), et les implications pour les usagers de l’implémentation de technologies médicales dans leurs corps (N. Oudshoorn).
Mot(s) clés libre(s) : corps, techniques du corps, technologies, humanité augmentée, quantified self