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Cette étude porte sur une portion du territoire de la cité de Nîmes durant l Antiquité. L espace considéré, de Montpellier et Lattes à l ouest, au Vidourle à l est en englobant les communes qui jouxtent la rive gauche du fleuve , du littoral au sud à Combas et Montpezat, dans la garrigue , au nord, affiche une grande diversité en terme de milieux géographiques. Il présente également la particularité d avoir fait l objet de recherches archéologiques de grande envergure, fouilles conduites sur les agglomérations protohistoriques et/ou antiques, investigations portant sur des petits établissements, annexes agricoles ou petites fermes, fouilles de structures agraires, programmes de prospections systématiques. Il en résulte une richesse archéologique exceptionnelle, que vient compléter un corpus épigraphique comportant quelques 95 inscriptions exploitables. Cette documentation est présentée dans une première partie consacrée à une rapide généalogie de la recherche, afin de mettre en évidence l hétérogénéité des conditions d acquisition des données ; dans un second temps, c est à une analyse critique des deux corpus que nous nous sommes livrée, de manière à en établir à la fois les qualités et les limites. Parce que notre objectif est de cerner les dynamiques qui affectent le peuplement de cet espace durant l Antiquité, et parce que notre documentation nous le permet, nous avons choisi d aborder ce problème sous deux angles complémentaires : celui des hommes, et celui des lieux. Il nous a paru d abord intéressant de faire porter notre attention sur les acteurs de cette histoire, en dégageant des données épigraphiques des indications concernant le statut et la nomenclature, mais aussi la pratique religieuse de la population afin de tenter d évaluer le degré d intégration des population dans le cadre d une cité de droit latin : la question a été posée d un point de vue temporel et spatial, afin de voir si l ensemble des points de l espace considéré s inscrivent dans la même dynamique. Nous avons également posé la question à partir des données se rapportant à l implantation des grandes familles, notamment celles basées dans le chef-lieu de cité, afin de voir comment ces entités s approprient et font vivre l espace de la cité. Cette approche a toutefois due être circonscrite au Haut-Empire, les bornes chronologiques étant imposées par la documentation épigraphique. La question du peuplement a ensuite été abordée du point de vue des lieux occupés par les hommes. Nous avons dans un premier temps posé le problème des phases de création des habitats : cette analyse nous a permis de confirmer l importance, déjà évoquée par les auteurs du programme Archaeomedes, du milieu du Ier siècle dans la mise en valeur des régions de plaine et du littoral, délaissées au cours du 2nd Age du Fer. Notre enquête a porté, dans un second temps, sur l ensemble des établissements : ceux-ci ont fait l objet d une classification permettant d élaborer une typologie, fondée sur leurs caractéristiques matérielles et temporelles. Enfin, pour mettre en oeuvre une approche en terme de réseaux d établissements, nous avons construit un indice de centralité, élaboré à partir des fonctions économiques et symboliques représentées dans les différents lieux habités : cet indice nous a permis d établir une hiérarchie fonctionnelle des établissements et de construire des réseaux à partir d un modèle gravitaire élémentaire. Nous avons alors tenté de montrer comment ces réseaux s organisent et organisent l espace, en mettant en évidence des différences entre Lez et Vidourle, mais aussi entre zones basses et collines. Dans ce cadre de réflexion, nous avons reposé le problème de l influence de Nîmes, située hors zone d étude. Cette approche appliquée à plusieurs moments clés, 100 avant notre ère, 100, 300 et 500 de notre ère, a débouché sur la mise en évidence de phases d évolutions dans le système de peuplement entre la fin de la protohistoire et le haut Moyen Age. Quel que soit le vecteur choisi pour appréhender le peuplement, qu il s agisse des hommes ou des lieux, il apparaît que les changements n affectent pas de manière uniforme l ensemble de la population ou la totalité de l espace. Cette étude confirme le fait que la romanisation se présente comme un processus complexe, en raison de la multiplicité des facteurs en jeu.