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Chronique des Pygmées Babongo, avril - mai 2008 (Gabon) : façonnage d’un nouveau-né qui n’a pas uriné sur son père
/ 14-04-2008
/ Canal-u.fr
EPELBOIN Alain
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ACTEURS
Le nouveau-né de quelques heures, encore sans nom
Tsingi Merline, l'accouchée
Inanga Pauline, la sage femme aux 43 naissances
Micoumbi Zita, "Bébé", la soigneuse, soeur de l'accouchée
Moghoussi Martine, la grand mère maternelle de l'accouchée
Lisoumbou Antoinette, la mère du papa
Ombanda Mignon, le grand frère du nouveau-né
Mongala Hélène, soeur de la grand mère maternelle
Sylvie Moghini, la mère de l'accouchée
&
Ombanda Love, le père
TRADUCTION DE L'ADOUMA
Ombanda Love
Nanda Juriel
CAMÉRA-AUTEUR-RÉALISATEUR
Alain Epelboin
ASSISTANT
Jean Blaise Matzanga, "Makunza"
DESCRIPTION-TRANSCRIPTION
<p>Pendant la nuit du quartier Mabouli de Doumé, Tingi
Merline a accouché sans difficultés d’un bébé de sexe masculin.
La mère de l’accouchée est accueillie par les enfants.
Dans la chambre, Micoumbi Zita, "Bébé", la
soigneuse, soeur de l'accouchée et tante maternelle du nouveau-né, sous le
contrôle des femmes et le regard des frères et sœurs du bébé effectue, sans
dire un mot, la première toilette avec un gant de toilette imbibé de parfum.
Les commentaires et plaisanteries des femmes, grand
mères, arrière grand mères et tantes fusent : - C'est son "grand père"
qui entre ! dit l’une des femmes sans que l’on sache s’il s’agit d’une
plaisanterie sur Alain Epelboin et sa caméra ou si on veut indiquer que
l’enfant est la réincarnation du grand père paternel récemment décédé.
L’enfant pleurniche et son pleur est interprété comme
l’expression de son mécontentement: - Non ! L'enfant dit de le laisser
tranquille !
Pour l’apaiser, la grand mère l’honore en le traitant
comme son mari décédé : - Attends mon "mari", j'ai fini.
Eeeh ! C’est Dya, son grand père qui est revenu
dans le ventre de ma fille !
On corrige l’exécution de la tâche : - Eh !
C’est pas comme ça ! Fais la toilette tranquillement !
En plus de la caméra, Sylvie Le Bomin prend des photos
au flash, ce qui fait dire que : - Ce vilain là, a de la chance avec toutes
ces photos.
Les comportements, mouvements de l’enfant sont
considérés comme des actions volontaires signifiantes : - L’enfant se
plie ! dit-on quand, tourné sur le côté, il remonte ses genoux vers le
ventre.
On surveille attentivement la réalisation de la
toilette : - Après, tu le tournes de l’autre côté.
Il continue à pleurer, avec sa femme qui
l’essuye !
- Toi qui ‘essuye, tu me voles tous mes maris !
L’essuyage au gant sec parfumé étant terminée, Micoumbi
Zita, "Bébé" entreprend les manipulations du nez : avec la pulpe
du puce de la main droite, elle appuie fortement sur l’arête du nez et remonte
au dessus du front jusqu’à la chevelure ; puis toujours fermement, elle
surligne les sourcils de l’intérieur
vers l’extérieur, puis la région sous orbitaire au niveau du pli de la joue.
Enfin, elle saisit le bout du nez entre deux doigts et le reserre en remontant.
L’enfant se débat et gémit doucement. La grand mère fait semblant de
prendre sa défense : - Laisse le maintenant !
On plaisante : - Continue à me photographier
l’enfant !
080414Doumebebenouveaune03/04/05/07/10/11
Le massage ferme de l’arête du nez se prolonge, du bas
vers le haut. Une femme précise : - Il faut à chaque fois bien lui masser
le nez.
Une autre : - Masse le nez en descendant, on lui
fait encore des photos !
L’enfant s’agite et pleure plus fort.
Micoumbi Zita, "Bébé" tend la main droite
vers la mère de l’enfant assise sur le lit à sa droite et précise : -
Verse moi un peu d’eau, parce que la tête, on ne l’essuye pas avec du parfum.
Mais en attendant elle essuye le visage avec le gant de
toilette sec, imbibé de parfum.
Intempestivement, une femme suggère à la mère : -
Viens lui donner le sein !
- Non ! dit une autre. Il faut bien lui appuyer le
nez. Et l’affinement du nez à deux doigts est repris.
Finalement un peu d’eau est versée sur le gant et
Micoumbi Zita, "Bébé" place l’enfant sur ses genoux, en lui soutenant
la tête avec la main droite qui tient le gant humide, qu’elle passe plusieurs
fois sur la chevelure dans un mouvement enveloppant du crâne, d’arrière en
avant.
- À chaque fois que tu lui essuyes la tête, il faut
bien la soulever.
- Oui ! C’est comme ça !
En fait il ne s’agit pas d’un essuyage de la chevelure,
mais un très fort massage du crane visant à lui donner une forme ronde.
Une des femmes interpelle le père de l’enfant qui reste
dehors : - Toi le père de l’enfant, viens ! Il y a ton enfant qui
pleure.
C’est en fait une provocation, car ce n’est pas son
rôle d’intervenir et il s’agit plus de signifier un mécontentement de la
personne qui habite l’enfant que de pleurs propres au bébé. Par ailleurs, le
premier contact entre le père et son nouveau né, n’est pas anodin, car le père
est dangereux pour la santé du nouveau né s’il a eu, des rapports sexuels avec une autre femme que
la mère. La souillure ainsi acquise risque de contaminer l’enfant et de le
faire tomber malade.
Le massage vigoureux de la tête est répété. Puis le
gant de toilette est mis de côté et le massage se poursuit longuement à main
nue, mouillée d’eau, le bébé réagissant de plus en plus par des pleurs et une
agitation corporelle.
- Son nez aujourd’hui ! Le massage est revenu sur
l’arête du nez, le dessus et le dessous des orbites, et enin la lèvre
supérieure, d’un mouvement vertical de la base du nez à la bouche.
Les mouvements de massage du nez se font plus doux,
presque des caresses. Le bébé baille et une des femmes parle en son
nom : - Laissez moi me reposer !
Quand cela s’arrête le bébé pousse un pleur. En son
nom, il est dit : - Vous m’avez trop bousculé !
Micoumbi Zita, "Bébé" couche le bébé en
travers de ses genoux et entreprend de lui dérouler la bande
« Velpeau » qui lui enserre le ventre, tâchée de sang au niveau de
l’ombilic. Une des femmes se saisit de la main gauche de l’enfant qui gêne le
déroulage de la bande. La mère du bébé lui immobilise doucement les jambes.
Au moment où la compresse apparaît, Micoumbi Zita,
"Bébé", dit : - Maman ! Viens soigner le nombril de
l’enfant.
Les femmes s’interrogent : - On va soigner (le
nombril) avec quoi ?
- Avec quoi vous avez noué le cordon de l’enfant ?
- Avec de l’alcool, le fil noir.
- Qui a coupé le cordon de l’enfant ?
- C’’est Inanga, la sage-femme.
Du coup, la solution est trouvée : - Inanga !
Viens soigner !
La mère de l’enfant s’est levée du lit où elle était
assise pour chercher couche et vêtements dans les piles d’affaire posées
derrière le lit sur une table.
La grand mère étonné de l’usage de l’alcool : -
Est ce qu’on peut verser de l’alcool sur le nombril ?
Micoumbi Zita, "Bébé" tend vainement une
compresse propre pour qu’on l’imbibe d’alcool.
La discussion se poursuit : - Non ! L’alcool
fait durcir le cordon.
- Non ! Prenez de l’huile de palme !
Au même moment, la sage femme sollicitée pour les soins
du cordon, vient s’asseoir sur le lit à la tête de l’enfant.
- Oui ! Prenez de l’huile de palme.
- Non, versez un peu d’alcool, avant l’huile de palme.
La même voix, à la cantonade : - Apportez moi de
l’huile de palme !
Une autre voix appuie : - On demande l’huile de
palme ! Tandis qu’une compresse est imbibée d’alcool, une voix
contredit : Ne mettez pas l’alcool, ça (la plaie) ne va pas finir.
- Non ! ça va finir !
Observant le versement d’alcool sur la compresse,
Micoumbi Zita, "Bébé" plaisante : - Tu veux finir la
bouteille !
Les plis inguinaux, le pourtour du pansement dur
l’ombilic, puis le pourtour des testicules sont essuyés avec la compresse,
tandis que la sage femme tient les jambes du bébé écartées.
Une voix à l’extérieur : - Maman ! Demande
aux enfants d’aller chercher de l’huile de palme.
On répod : - L’enfant est parti en chercher.
Micoumbi Zita, "Bébé" à l’enfant qui s’agite doucement : -
Attends d’abord papa !
Des jeunes filles observant la scène de l’extérieur par
la fenêtre et demandent : - On a déjà soigné le nombril ?
- Non.
La sage femme, très proche de la tête de l’enfant lui
sourit, lui parle à voix basse.
On attend l’huile de palme.
Une des grands mères récrimine rituellement : - Je
suis en train de souffrir avec mon petit fils, je ne sais pas ce qu’il fera
demain pour moi.
En attendant, Micoumbi Zita, "Bébé" dispose
culotte et couche à plat sur le lit à sa droite.
La grand mère s’impatiente et sort de la pièce : -
Qui est parti chercher l’huile de palme ?
Pendant ce temps la sage femme masse doucement le front
de l’enfant d’un mouvement symétrique et régulier, des deux mains de l’intérieur vers
l’extérieur en prenant appui sur la pulpe de la deuxième phalange de ses
pouces.
La grand mère, un peu essouflée revient et donne à la
sage femme un gobelet à anse en plastique contenant de l’huile de palme,
qu’elle a vraisemblablement été chercher chez elle : - Voilà l’huile de
palme.
La sage femme soulève un coin de la compresse du
pansement ombilical.
Les recommandations fusent : - Doucement !
Parce que le sang coule encore !
- Non ! Attrape la compresse comme ça !
Tandis que Micoumbi Zita, "Bébé" tient la
compresse relevée, la sage femme trempe son index droit dans le gobelet et
décolle le cordon de la compresse en le tamponnant d’huile rouge, sous le
regard attentif de la mère du bébé assise sur le bord du lit à côté de Micoumbi
Zita, "Bébé" Celle ci demande : - On ne change pas la
compresse ?
La sage femme finit de décoller la compresse faisant
apparaître un volumineux cordon frais avec des poches de liquide.
- Doucement ! Doucement !
Ce temps de contact avec la chair vive de l’enfant, que
Micoumbi Zita, "Bébé" a évité, est chargé d’émotion et la maman du
bébé observe attentivement, le visage expressif, alors qu’elle n’exprimait pas
grand chose dans le temps précédent des massages vigoureux. Elle passe une
compresse propre, tandis que la sage femme continue à enduire le cordon d’huile
de palme.
À la vue de petite érection du pénis de l’enfant :
Regardez ! Ce que l’enfant est en train de faire avec …
La grand mère, soutenue par d’autres voix « insulte »
l’enfant, exprimant l’émotion collective : - Un vilain comme ça !
- Oui, un vilain comme ça !
La sage femme à la mère : - Mets le parfum (de
l’alcool) sur la compresse !
L’enfant, toujours couché sur le dos, s’agite remuant les mains. La grand mère : -
Enanga !Tu vois les gestes de l’enfant !?
La sage femme manipule le cordon pour l’envelopper de
la compresse.
La grand mère, soutenant son amie sage femme dans cette
opération jugée délicate : - Enanga ! Nous sommes avec toi !
Micoumbi Zita, "Bébé", très amusée, qui trouve que sa mère en rajoute : -
Eeeh ! Maman ! Toi aussi !
La grand mère parlant au nom du bébé : le bébé rit
en disant : - Eh ! Maman !
La sage femme qui a finit de disposer la compresse,
lache le bébé qui fait un mouvement réflexe d’écartemtn des bras et des jambes.
La grand mère tout en saisissant les jambes pour
les tenir écartées : - Rattrapez l’enfant !
- Redressez l’enfant.
- Attrapez l’enfant !
La caméra, qui prend du champs, montre les assistants
en cercle, dont une autre grand mère et les frères et sœur du bébé, tès
attentifs.
Le bébé est soutenu en l’air par la sage femme au
niveau des fesses et de la nuque, tandis que Micoumbi Zita, "Bébé",
et la grand mère se coordonnent pour enrouler la bande autour du ventre,
maintenant la compresse en place.
À l’extérieur une femme appelle une fillette qui
assiste à la toilette : - Lauricia ! Viens ! On va au bain, à
l’Ogooue !
La grand mère à propos du bébé qui a agrippé sa main,
donant sens à ses réactions, lui prêtant toujours une volonté, révélatrice
de la personne qui investit le bébé : - Regardez ! Il m’attrape la
main ! Il croit que c’est le sein !
La bande finit d’être fixée. La grand mère : -
Attends, mon mari !
« Mon mari », ce peut être le grand père
décédé, ou le terme d’adresse affectueux et ludique d’une grand mère avec son
petit fils.
- Couchez le maintenant dit l’une. Faîtes le dormir dit
l’autre.
Micoumbi Zita, "Bébé" se saisit du flacon de
talc posé derrière elle sur le lit et saupoudre abondamment la couche jetable
posée sur une culotte plastique ouverte, disposées à sa droite sur le lit.
La grand mère anticipe l’action : - On va le
(bébé) déposer là (sur la couche) !
Micoumbi Zita, "Bébé" saupoudre de talc le
pubis du bébé, puis l’étale sur le pénis et les testicules : - N’abusez
pas de la poudre ! Sinon, il (le bébé) va noircir !
Elle tend la main à la mère du bébé qui lui verse une
nouvelle dose de talc qu’elle étale autour du cou, sous le menton, sous les
aisselles.
- C’est à toi (Micoumbi Zita, "Bébé") de
mettre la poudre et de l’habiller.
- Frotte (bien) la poudre sous les aisselles.
- Là ! C’est bien !
- Regardez ! Comment elle dispose l’enfant !
dit la grand mère quant Micoumbi Zita, "Bébé" pose l’enfant sur la
couche en le déplaçant, une main dans le dos et la nuque, l’autre tenant un
pied.
Au moment où le bébé est posé sur le dos, ses bras sont
saisis de tremblements, la main droite à proximité de la bouche qui s’agite
elle aussi. La sage femme écarte la main de la bouche et la grand
mère s’exclame : - La fraîcheur !
Tandis que l’enfant est langé, la couche dans un pochon
de plastique ensuite fixé par une bande nouée, la grand mère s’adressant à une
grande sœur du bébé qui observe attentivement : - Regardez l’enfant !
Tout ce qu'il fait, on va bien le voir (dans la vidéo) !
Le papa du bébé intervient de façon qui semble
décalée : - Massez lui encore le nez !
- Nettoyez le jusqu’aux oreilles ! dit il, alors
que la toilette est finie et que Micoumbi Zita, "Bébé" prépare une
tunique que l’on ferme par derrière, le bébé langé reposant sur le lit.
La grand mère au père, qui est très joli garçon :
- Toi le père, tu n’es pas beau ! Et l’enfant est sorti vilain !
Elle commente : - Regardez comment elle habille
l’enfant !
Au vu des tremblements des bras : - Regardez
comment l’enfant tremble !
La grande sœur du bébé, debout juste derrière la caméra
et qui se rapproche petit à petit du lit et de sa mère s’adresse à son autre
petit frère : Esaïe ! Viens voir le bébé !
Par dessus le sous vêtement, Micoumbi Zita,
"Bébé" lui enfile un vêtement avec manches et jambes d’une seule
pièce, après avoir hésité sur la façon de l’enfiler : - Les fleurs ?
C’est le devant ou le derrière du vêtement ?
La caméra sort de la chambre et retrouve dans la pièce
de séjour les deux grands mères et le père, assis près de la fenêtre.
Alain Epelboin (AE) au père : - Le papa, il est
content ? Que dit le père ? Il ne dit rien mais son sourire heureux
répond à la question.
AE: - Alors tu vas aller chercher les feuilles ?
Ou bien ?
La question d’AE s’appuie sur la croyance locale rapportée en ces termes
par Jean Blaise Matzanga : - Quand tu sors une femme dehors, et que ta femme
est en grossesse, le jour qu'elle accouche, avant d'entrer dans la chambre, tu
pars frotter des feuilles avec les mains, tu mets à la figure. Et tu les jettes
à la poubelle !
Tu peux déjà toucher l'enfant ! Quand tu le prends sur tes genoux, il faut
qu'il pisse sur toi. Comme ça, l'enfant ne tombera pas malade !
Et le père, Ombanda Love, justement a une copine.
Le père : - Les feuilles ?!
AE : - Avant de toucher le bébé. Qu’est ce que tu
vas faire ?
Le père embarassé : - Ah ! Moi, je ne connais
pas … Ce sont des …
Il ne finit pas sa phrase sans que l’on sache s’il veut
dire qu’il partage pas ces croyances ou s’il n’a pas eu de rapports sexuels
extraconjugaux durant la grossesse.
Les femmes s’en mêlent.
Ombanda Love : - Non, ça, ce sont des histoires,
moi je peux toucher l’enfant ! J’ai fait quoi ?
Les femmes : - Oooh !
AE : - Il peut toucher ?
La grand mère paternelle : - Il peut
toucher !
Le père : - Pas de problème ! Je peux toucher
l’enfant ! J’ai fais quoi ? Je suis là dans le village et il y a
quoi ?
La grand mère paternelle : - ça c’est pour
avant !
La caméra revient dans la chambre ou « Bébé »
finit le boutonnage du vêtement de l’enfant, tout tranquille.
La grand mère maternelle : - Les enfants !
Fichez le camp de la chambre de votre mère.
Les enfants ! Ici, c’est pas chez vous !
Le frère du nouveau né apporte un objet à sa mère,
toujours assise au pied du lit à distance du bébé. Étonné que sa mère ne touche
pas le bébé, et certainement désireux de le faire, il lui dit : -
Maman ! Prends le bébé.
On entend par derrière le père qui rentre dans la
chambre : - Je peux toucher l’enfant …
Il s’approche doucement du bébé couché sur le dos sur le
lit et lui effleure avec la main droite l’épaule au travers du vêtement, puis
la joue et le nez.
A ce moment, l’habillage est terminé,
« Bébé » se lève range les vêtements, et lui met une couche dans la
main.
La maman se saisit alors du bébé, le posant sur ses
jambes et le père en profite pour s’asseoir à côté de son épouse.
À ce moment, une voix d’homme interpelle AE : -
Vous faites des photos de mon enfant (classificatoire). Maintenant, vous allez
donner ça quand ?
AE : - Au retour (de la collègue).
Le père du bébé s’exclaffe et continue de caresser
légèrement le nez et les joues du bébé, aux mêmes places que celles où les
vigoureux massages ont été appliqués précédemment.
La mère du bébé demande à AE si c’est fini, se lève et
sort avec le bébé dans les mains, suivie de son mari et des enfants.
Cette toilette, dans un milieu culturel mixte est
intéressante en raison du modèle de technique de façonnage du corps utilisé,
avec un massage énergique du nez, du visage et de la tête, une toilette à sec.
L’interpellation du père quant à d’éventuels rapports
extraconjugaux et à la nécessité d’un rituel réparateur pour éviter de rendre
l’enfant malade donne à voir le caractère particulier de cette première
rencontre entre un père et son nouveau né.
Jean Blaise Matzanga à propos des ruptures d'interdits sexuels par le père durant la grossesse et des risques pour la santé du bébé : <br>- Quand tu sors (as des relations sexuelles) une femme dehors, et que ta femme est en grossesse, le jour qu'elle accouche, avant d'entrer dans la chambre, tu pars frotter des feuilles avec les mains, tu mets à la figure.
Et tu les jettes à la poubelle !
Tu peux déjà toucher l'enfant !
Quand tu le prends sur tes genoux, il faut qu'il pisse sur toi.
Comme çà, l'enfant ne tombera pas malade ! Mot(s) clés libre(s) : enfants, Doumé, Adouma, Awanji, gant, parfum, eau, huile de palme, façonnage, tête, couche, Ogooue-Lele, ombilic, vêtement, nouveau né, nez, père, Gabon, toilette, pansement, tante, talc, grand mère, mère
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Chronique des pygmées babongo 2007 : Préparation du parfum remède & traitement
/ 26-02-2007
/ Canal-u.fr
EPELBOIN Alain
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Maquette brute provisoire
Pièce-cuisine de la maison de Loundu Daniel à Moughombofouala, le 26 fév 2007 (Ogoué Lolo, préfecture de Koulamoutou, Gabon)
La troisième phase de la consultation a lieu dans l'espace féminin de la maison, avec l'assistance de l'épouse et du fils du guérisseur. Elle est précédée par la rénumération du guérisseur en billets de 10 000 CFA, qui complètent les 5000 déposés au pied de l'arbre consacré pour la divination en forêt.
Ce temps consiste dans la préparation très ritualisée d'un flacon de parfum protecteur, à partir d'un flacon neuf apporté par le client, complété des ingrédients rapportés des excursions précédentes et de divers éléments extraits du sac d'objets rituels du devin-guérisseur.
La fabrication du remède est émaillée de causeries, d'explications, de conseils, d'incantations, de constitution d'un autel avec mise en scène des objets du sac et de ceux apportés par le client, de séquences divinatoires et de gestes rituels (jet d'icones divinatoires, allumage et extinction de bougie, onctions de parfum-remède, passage entre les jambes du guérisseur,...). Elle est réalisée devant et avec la participation du client et de ses parents, en partageant des libations des différents alcools, offrandes apportées par les clients.
Le flacon de remède protecteur est remis au consultant, avec des indications précises quant à son usage (flacon sous le lit et onction de parfum en cas de situation difficile).
Après un temps de repos dans le salon de réception, avec une démonstration d'ajustement d'un filtre sur une cigarette de tabac brun, le client et ses compagnons s'en retournent à pied, avec prise de rendez vous pour quelques jours plus tard. Mot(s) clés libre(s) : afrique, autel, remède, incantation, objet rituel, pygmée, parfum, Babongo, nganga, nzebi, Ogooué Lolo, Mokhombofouala, gestes rituels, séquence divinatoire, consultant, devin-guérisseur, ethnomusicologie, guérissage, protection, traitement, cuisine, vidéo, consultation, paroles, plantes, cigarette, Gabon, rituel, film ethnographique, divination, ethnobotanique, amulette, rénumération
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Chronique des pygmées babongo 2007 : Divination par la chute de morceaux d'écorces
/ 26-10-2015
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EPELBOIN Alain
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En forêt à proximité de Moughombofouala, 26 fév 2007, (Ogoué Lolo, préfecture de Koulamoutou, Gabon)
Loundou Daniel, aidé d'un de ses fils pratique en forêt une consultation divinatoire , au pied et à l'aide de son arbre consacré, pour un jeune urbain, innocent, qui est menacé de mort (physique et mystique) par les parents d'un ami, décédé après qu'il lui ait payé une bouteille d'alcool.
Le jeune homme, accompagné de ses parents, vient consulter pour obtenir protection, que ce soit contre ses agresseurs ou la procédure judiciaire mise en branle et plus globalement, santé et réussite.
La consultation de l'oracle innocente le jeune homme et autorise le guérisseur à lui préparer un flacon de parfum protecteur, dont le premier ingrédient est un peu de poudre de l'écorce de l'arbre consacré.
Après que son assistant ait disposé le contenu d'un sac d'objets rituels au pied de l'arbre consacré, le guérisseur communique avec l'esprit tutélaire par des offrandes, notamment de la fumée de cigarette, du parfum et des paroles. Il invite d'abord le client à dire son affaire au contact de l'arbre.
Puis, le devin-guérisseur effectue la divination proprement dite : il pose une question à l'esprit, détache un fragment d'écorce de l'arbre consacré et le laisse tomber. Selon que la partie sèche de l'écorce est tournée vers le haut ou le bas, la réponse est positive, ou négative. C'est une divination de type binaire qui implique que le devin pose de nombreuses questions, balayant toutes les éventualités. Mot(s) clés libre(s) : feu, pygmée, argent, parfum, nganga, bougie, nzebi, Ogooué Lolo, Mokhombofouala, arbre consacré, offrandes, écorce, fumée, incantation, autel, forêt, vidéo, paroles, cigarette, Gabon, rituel, film ethnographique, divination, guérissage, Afrique, confession, devin-guérisseur, fustigation
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Forum Nîmois - Charles GIDE - Abderrazak BENCHAÂBANE - 17 décembre 2015
/ Canal-u.fr
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L’activité de notre association Charles Gide reprend, pour son cycle de conférences "le forum Nîmois Charle GIDE" Jean MATOUK président de l'assosiation et professeur des universités recoit, le 17 décembre 2015, à la maison du protestantisme à Nîmes Abderrazak
Benchaâbane.
Quelle joie de vous accueillir ce soir à Nîmes Abderrazak
Benchaâbane, vous enfant de Marrakech, ville que connaissent et aiment un grand
nombre d’entre nous dont vous nous apportez, si j’ose dire la nature et les
parfums
Vous y êtes né, en effet, en 1959, y avez poursuivi des
études secondaires, continuées à l’Université de Rabat-Casablanca en biologie,
d’où vous avez migré vers la botanique. Ces études furent couronnées en 1986
par un Doctorat de Troisième cycle en Ecologie végétale, sous la direction du
Professeur Jean Jacques Corre de l’Institut botanique de Montpellier.
De là, ensuite, vous vous êtes orienté vers une variante de
l’anthropologie, l’ethno-botanique, qui vise la relation entre les plantes et
les hommes, et avez soutenu une thèse d’Etat en 1995 sous la direction du professeur
Abdelmalek de l’Institut Nationale des Eaux et Forêts à Salé. Vous êtes
aujourd’hui professeur d’écologie à l’Université Cadi Ayad de Marrakech.
C’est au titre de botaniste qu’Yves Saint Laurent vous a
demandé, en 1998 , de restaurer ses fameux Jardins Majorelle dans l’esprit
du peintre français Jacques Majaurelle (1886-1962) qui avait mis 43 ans, à
partir de 1919, à créer ce lieu enchanteur, racheté ensuite par la Fondation
Pierre Bergé-Yves Saint laurent. Dans une séquence tout à fait logique, Yves
Saint Laurent, qui diffusait déjà des parfums à sa marque, comme nombre de
grands couturiers, vous a demandé de créer un parfum « Jardin
Majorelle », ce qui vous a conquis, et conduit ensuite à devenir un
« parfumeur » au sens noble, un botaniste qui est aussi un
« nez ». Vous vous inspirez, pour créer vos parfums, des préparations
traditionnelles et des huiles végétales marocaines.
Mais votre avez aussi poursuivi votre activité de botanique
pure, en créant, dans votre domaine à Marrakech, une ancienne ferme coloniale
que vous avez baptisée Musée de la Palmeraie, avec d’un côté un splendide
ensemble de cactus, jouxtant un magnifique jardin, et de l’autre, passant de l’esthétique
naturelle à l’esthétique picturale, un très beau musée d’art contemporain.
Nous nous réjouissons de vous écouter ce soir nous parler, à
votre gré, de cet additif olfactif, utilisé depuis l’Egypte ancienne, d’abord pour
honorer les feux offerts aux dieux d’où l’étymologie per fumare, parfum puis
pour rendre les femmes encore plus attractives, Cléopâtre, dit-on en étant la
première grande utilisatrice. Les noblesses des Cours renaissantes après la
fermeture médiévale des routes d’Orient, d’où arrivaient les principales plantes,
arômes, et fragrances, furent ensuite des utilisatrices de plus en plus
intenses de parfums pour masquer les effluves corporelles, ce qui explique, dit-on
qu’à l’époque, la mode était aux parfums les plus capiteux comme l’ambre, le
musc, le jasmin, les tubéreuses.
J’arrête évidemment là ce bref historique, étant bien
incapable d’aller plus loin d’ailleurs, pour vous céder la parole. Je voudrais
juste ajouter que je puis témoigner de votre effort assez exceptionnel de
recherche en parfumerie. En 2015, vous avez fait un voyage spécial à Cuba pour
y mettre au point de nouvelles fragrance, peut-être à base de café et de tabac.
Quand je vous ai rencontré en juin, votre dernière invention était un parfum
dénommé « Soir de Marrakech » qui embaume mon appartement. En
avez-vous un nouveau venu des Caraïbes. Nous vous écoutons, conquis d’avance. Mot(s) clés libre(s) : biologie végétale, botanique, biologie (recherche), cosmétique, parfums, botaniste
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