Voir le résumé
C'est en 1853 que Napoléon III nomme à l'Hôtel de Ville un administrateur qui a déjà prouvé son efficacité dans plusieurs préfectures, à Bordeaux en particulier, et dont le nom va devenir le symbole de la modernisation de Paris. En seize ans à peine, Haussmann mène à bien la gigantesque mission que lui a confiée l'empereur : transformer une capitale trop indocile et en faire une métropole prestigieuse. Paris restait une ville d'aspect médiéval, où la circulation se faisait difficilement dans des rues étroites, mal pavées, transformées en cloaques à la moindre pluie ; l'eau potable comme les égouts sont rares. L'opinion publique réclame des grands travaux. Le nouveau préfet de la Seine se révèle vite l'homme de la situation. Alors que commence la grande fête impériale, des dizaines de chantiers s'ouvrent dans la capitale. On détruit des milliers de maisons, on perce de larges boulevards rectilignes le long desquels s'élèvent des immeubles bourgeois, et l'on construit des mairies, des théâtres, des églises, mais aussi des jardins publics, des conduites d'eau et de gaz. Les moyens ? D'abord, une grande science administrative chez Haussmann, travailleur infatigable, sachant stimuler ses collaborateurs, architectes, ingénieurs, techniciens, employés, tous de grande valeur et dévoués à leur tâche. Ensuite, des moyens financiers à la hauteur des ambitions, grâce à un large recours à l'emprunt, une pratique nouvelle à l'époque pour financer les travaux de transformation urbaine. Enfin, l'appui jamais démenti de Napoléon III, qui est l'âme et l'inspirateur premier des grands travaux. Energique, autoritaire, cynique, pas toujours très regardant sur les moyens, Haussmann, qui réalise en 1860 l'extension de Paris jusqu'à ses limites d'aujourd'hui (la capitale passe de 12 à 20 arrondissements, qui reçoivent leurs délimitations actuelles), fait bientôt l'unanimité contre lui. Le climat de spéculation et d'affairisme qui entoure ses travaux lui vaut le surnom de Haussmann Pacha. Certains lui reprochent de chasser les ouvriers et les pauvres, d'autres de ne pas se soucier du patrimoine architectural. Tous s'accordent à critiquer le coût pharaonique des grands travaux, qui, en s'amplifiant et en s'éternisant, donnent l'impression que Paris court à l'abîme. Aux premiers jours de janvier 1870, Napoléon III finit par sacrifier son préfet de la Seine. Mais l'oeuvre de Haussmann se poursuit après lui. Ses collaborateurs, restés aux commandes, continuent d'haussmanniser Paris. Et les nouveaux chefs de la Troisième République, qui l'ont durement attaqué sous l'Empire, lui rendent désormais hommage, tel Jules Simon, hier son ennemi, qui déclare à présent : « Peu nous importe aujourd'hui que les comptes de M. Haussmann aient été fantastiques. Il avait entrepris de faire de Paris une ville magnifique et il y a complètement réussi
Son oeuvre était au moins aussi fantastique que ses comptes. »
Mot(s) clés libre(s) : Georges Eugène Haussmann (1809-1891), Paris (administration), Paris (grands travaux), urbanisme (france)