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Une réflexion sur la poésie, ce quelle est, ce qu'elle devrait être. Existe-t-il une unité de l'objet de cette réflexion, unité qu'il est nécessaire de rappeler, d'indiquer ? Il est certain que sous ce nom de « poésie » se présente, à nous qui les reconnaissons sans hésiter, des oeuvres ou des actions d'apparences souvent diverses ou contradictoires. Quelle ressemblance y a-t-il entre un poème de François Villon, où un coup de dé n'a jamais aboli le hasard, entre la majesté sereine du texte de l'Odyssée ou les cris d'Antonin Artaud. Beaucoup de façons donc d'être poète, beaucoup de pensées qui ne se raccordent pas. Si cela avait été Rimbaud qui se fut donné la tache devant ses contemporains de définir la poésie, il aurait pris appuie sur la révolte, sur la dénonciation des hypocrisies et des démissions de la société, il aurait défini le poème comme une transgression des valeurs et des habitudes qui emprisonnent et appauvrissent la vie des individus. Si cela avait été Mallarmé, qui forma ce même projet, et il s'y livra d'ailleurs, il aurait au contraire porté ses yeux aussi loin que possible de la personne particulière. Les formes de la poésie diffèrent vraiment à l'extrême à première vue, mais constater cela ce n'est nullement cautionner l'idée d'une pluralité de l'intuition poétique. Le langage est un monde presque infini, il passe par nombre de voix. La pensée et le sentiment peuvent cheminer vers un même centre. Il ne faut pas oublier non plus les circonstances historiques qui imposent aux poètes des priorités bien vite changeantes dans l'appréhension des urgences et l'interprétation de la société. Toutefois, il existe au sein de notre parole une expérience fondamentale enracinée si profond sous l'emploi des mots qu'elle peut assurer une spécificité authentiquement commune aux manifestations de la poésie.
Mot(s) clés libre(s) : langage poétique, poésie (esthétique), poésie (histoire), poétique