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« Migration et mobilité sanitaires en contextes institutionnel et profane : différentes formes de "voyages" sanitaires d’enfants originaires des Comores ». Juliette SAKOYAN (Anthropologie de la santé, CReCSS, Aix-Marseille III). Colloque international "Santé et mobilités au Nord et au Sud". Toulouse : Université de Toulouse II-Le Mirail, Institut d'Etudes Politiques, Association AMADES, 16-18 septembre 2009. [Intervention suivie d'un échange avec l'auditoire] Cession C : Circulations des malades et des thérapeutes : mobilités sanitaires et négociations thérapeutiques. Atelier C1 : Tourisme médical et migrations sanitaires.Cette intervention est fondée sur un travail de thèse en anthropologie portant sur des migrations de soins de familles originaires de l’Union des Comores induites par la maladie d’un enfant, et plus particulièrement sur des trajectoires familiales entre l’Union des Comores, Mayotte, la Réunion et la métropole. On propose de décrire différentes formes de de « voyages » (traduction du terme employé par les familles) sanitaires d’enfants à l’extérieur des frontières nationales. Qu’est-ce qui détermine le cadre institutionnel ou profane d’une mobilité sanitaire et dans quelle mesure se transforme-t-elle en migration sanitaire, c’est à dire, découle-t-elle sur une installation induisant le plus souvent un réagencement biographique et familial ?Dans un premier temps on décrira le contexte géographique, historique et migratoire de l’archipel des Comores (Union des Comores et Mayotte). D’une part son positionnement de carrefour dans le canal du Mozambique et son histoire coloniale avec la France ont dessiné un espace politico-sanitaire singulier structuré par différents types de frontières (politiques, administratives, insulaires, culturelles) d’échelles et de territorialités variables. D’autre part, les Comoriens et particulièrement les Grand-Comoriens, ont accumulé un savoir pratique migratoire qui en fait aujourd’hui une diaspora disposant de divers réseaux en Afrique de l’ouest, de l’est, dans divers pays arabes, dans l’océan indien et surtout en France métropolitaine. Ainsi les mobilités pour raisons sanitaires -sans pour autant représenter un flux quantitativement significatif si tant est qu’elles soient quantifiables- bénéficient-elles d’un savoir migratoire préexistant tout en se confrontant à un espace de circulation fortement contraint.Dans un second temps on proposera une catégorisation des mobilités sanitaires de familles originaires de l’Union des Comores à partir de deux dimensions non exclusives. La dimension contextuelle de la trajectoire de soins concerne le cadre dans lequel le voyage sanitaire de l’enfant s’effectue. Il peut être institutionnel et encadré par le dispositif d’évacuation sanitaire existant entre Mayotte, la Réunion et la métropole mais aussi d’assise plus précaire entre l’Union des Comores et Mayotte ; ou profane c’est à dire être initié et organisé par les familles et la communauté comorienne. Bien souvent une trajectoire d’enfant commence dans un cadre profane et se poursuit institutionnellement à partir de Mayotte. La dimension biographique de la trajectoire de soins amène pour sa part à distinguer entre une mobilité sanitaire et une migration sanitaire. La première correspond à un aller-retour de l’enfant et des membres l’ayant éventuellement accompagné. La seconde correspond à des trajectoires plus complexes où, entre le village d’origine et l’établissement de soins le plus éloigné (en métropole), des ancrages quelquefois définitifs interviennent s’accompagnant de réagencements biographiques individuels et familiaux.Le troisième temps consistera à faire la genèse de ces trajectoires complexes et plus largement à analyser les liens entre les quatre formes de « voyages » sanitaires identifiées (migration institutionnelle, migration profane, mobilité institutionnelle, mobilité profane). Il s’agira de montrer comment ces différentes trajectoires sont fonction de la manière dont s’articulent l’espace politico-sanitaire dans lequel elles s’inscrivent avec les choix éthiques et biographiques des acteurs qui les conduisent. Dans un contexte de quasi absence de travaux sur le thème des mobilités/migrations sanitaires chez les malades, ce colloque sera finalement l’occasion de préciser la pratique migratoire d’accès aux soins et de la mettre en perspective dans un éclairage réciproque avec les catégories de migrations définies dans la littérature d’une part et avec le thème du pluralisme médical d’autre part.
Mot(s) clés libre(s) : accès aux soins, anthropologie de la santé, Comores, enfants (soins), services sanitaires (France), tourisme médical, transnationalisme