Voir le résumé
L'irruption du tourisme culturel de masse, il y a une trentaine d'années, a pris au dépourvu musées, monuments et sites. C'est alors que les opérateurs professionnels du tourisme, détenteurs du choix des itinéraires et de l'organisation des visites de groupe, adaptant leurs programmes à des publics - cibles identifiés, ont pris une place dominante dans l'économie, l'image, la pratique et l'interprétation même du patrimoine. Tandis que musées et monuments n'incluaient pas les touristes étrangers dans leur mission éducative, considérant les groupes comme un mal nécessaire bien que convoité, - le marché du tourisme, en associant systématiquement voyage et visites contribuait puissamment à faire accéder aux lieux de culture des publics élargis. Mais quelle pratique culturelle a-t-il installée ? Cependant, les musées et sites culturels ne sont pas les plages. Ils ont fait preuve, de fait, d'une stupéfiante capacité d'adaptation en l'espace d'une génération, adjoignant les fonctions de communication, de gestion, de médiation culturelle, d'études de publics, de marketing, de programmation.. à celles de la conservation. Les grands musées en particulier ont ainsi développé une étendue d'offre et une force de frappe considérables. Récepteurs des voyageurs du monde, ils affrontent aujourd'hui les défis de la mondialisation en étendant sur le monde l'emprise de leur image et de leur présence. Ces évolutions posent des questions nouvelles: les grandes institutions culturelles sont-elles devenues des multinationales ? Les plus petites ou plus fragiles sont-elles vouées à la pénurie ou à la suraffluence touristique ? Les aspirations profondes des voyageurs - visiteurs sont-elles prises en compte ? Comment se repensent aujourd'hui les politiques culturelles au regard des évolutions du tourisme international?... Il semble que le lien qui unissait depuis deux siècles les institutions culturelles et les visiteurs étrangers- l'ambition nationale d'éblouir portée par les uns, et la soif d'admirer apportée par les autres se soit mieux adapté jusqu'à présent aux injonctions du développement économique. Cependant les institutions culturelles auront à répondre sur d'autres terrains, car elles occupent une place majeure au coeur des questions nouvelles du brassage des cultures et de la renégociation des identités.
Mot(s) clés libre(s) : administration, culture et mondialisation, économie de la culture, équipements culturels, musées, politique culturelle, tourisme culturel, tourisme de masse