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"De la sociologie critique faire profession ?"
/ 30-06-2015
/ Canal-u.fr
CHATEAURAYNAUD Francis, KEUCHEYAN Razmig, LAVAL Christian, SAPIRO Gisèle
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De la sociologie critique faire profession ?
Coordination : Ruggero Iori (Printemps, UVSQ/CNRS) et Arnaud Saint-Martin (Printemps,UVSQ/CNRS)
Intervenants :
- Francis Chateauraynaud (GSPR, EHESS), « Les conséquences de la critique. Retour d'expérience depuis la sociologie argumentative et la pragmatique de la complexité »
- Razmig Keucheyan (GEMASS, Paris-Sorbonne), « La nature de la critique : Une approche marxiste en sociologie de l'environnement »
- Christian Laval (Sophiapol, Université Paris Ouest Nanterre La Défense), « En quel sens la science des institutions peut-elle être critique ? »
- Gisèle Sapiro (CESSP, CNRS-Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), « Pour une épistémologie critique »
Les récits des origines de la sociologie tendraient à converger : la vocation critique de la discipline relève de l’évidence naturelle à partager dans les limites d’une profession qui teste ainsi ses marges d’autonomie. Déconstruction, dénaturalisation, dé-essentialisation, historicisation, contextualisation, ou tout simplement objectivation : les mots ne manquent pas pour qualifier une forme de raisonnement critique-réflexif, s’autorisant de méthodes, de modes opératoires et de régimes d’enquête. La rupture à consommer avec le sens commun, les prénotions les plus ancrées, les formes de doxa ou l’« idéologie dominante » assurerait ainsi l’espace épistémique d’un questionnement subversif et corrosif en puissance. De fait, ces manières de confronter le savoir dans la réalité sociale définiraient une condition existentielle particulière, celle d’une sociologie engagée autant qu’engageante, fragilisant les allants de soi d’où qu’ils viennent. Si l’affirmation suivant laquelle la sociologie est critique par définition tient du pléonasme, il est néanmoins toujours bon de rappeler à l’ordre un présupposé constitutif de son épistémologie comme ses attendus normatifs : qu’il est dans sa nature d’être contre nature et dérangeante. Témoignent de ce souci un certain nombre d’initiatives et publications récentes visant à réarmer et à disséminer les instruments de défense contre les formes contemporaines de domination.
Bien que leur ancrage dans les fondements des sciences sociales paraisse évident, cela nous n’interdit pas néanmoins d’y réfléchir à deux fois. Car l’exercice de la sociologie critique court le risque d’une routinisation professionnelle et d’une réification acritique de ses postures, de même qu’il importe de savoir comment et pourquoi les savoirs critiques sont pris et repris dans le monde social, sans parler de la récupération ou de l’endogénéisation de la critique par et pour les dominants. Le temps d’une discussion collective, cette session semi-plénière invite donc à dénaturaliser le lien symbiotique établi entre la sociologie et la critique, non pas pour restaurer une image favorable qui rassurerait un entre-soi menacé ou figerait à l’excès une identité professionnelle et intellectuelle, mais bien plutôt pour envisager à nouveau le pouvoir émancipateur de la sociologie.
Plusieurs axes de réflexion pourraient donner lieu à débats :
1) Des manières de faire (de) la sociologie et des modes d’engagement, à la lumière de la vocationcritique de la discipline ;
2) Les continuités et les ruptures d’une discipline depuis l’émergence d’une tradition sociologiquecritique jusqu’aux développements contemporains des théories sociales critiques ;
3) Des cibles et des fins de la critique ;
4) La diffusion et la performativité publiques de la sociologie. Mot(s) clés libre(s) : sociologie, épistémologie, critique, théorie sociale, sociologie critique, performativité
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La scène ouverte de slam : dispositif, situation, art politique / Jérôme Cabot
/ SCPAM / Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail, Nathalie MICHAUD, Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
/ 19-03-2015
/ Canal-u.fr
CABOT Jérôme
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La scène ouverte de slam : dispositif, situation, art politique / Jérôme Cabot, in colloque international "Performances poétiques", organisé par l'équipe "Textes, Contextes, Frontières" du Centre Universitaire Jean-François Champollion, le laboratoire "Lettres, Langages et Arts : Création, Recherche, Émergence, en Arts, Textes, Images, Spectacles" (LLA-CRÉATIS) de l'Université Toulouse Jean Jaurès-campus Mirail. Albi, Centre Universitaire Champollion, 19-20 mars 2015. Thématique 2 : Slam, etc.Ce
colloque réunit des spécialistes de six pays différents, issus de
disciplines diverses
(littéraires, spécialistes des arts de la scène, sociologues, etc.),
pour réfléchir sur les enjeux de la diffusion orale de textes poétiques
et embrasser leur profération comme dispositif, dans toute sa
complexité, depuis l'écriture littéraire jusqu'au mode d'intervention
public, en s'attachant aussi bien au texte, à l'interprétation, à la
scénographie, à la réception, aux praticiens, aux publics, aux cadres de
diffusion, aux enjeux poétiques mais aussi sociaux, éducatifs,
éthiques, politiques. Sont ainsi étudiées les multiples voies (et voix)
qu'a prises la performance poétique ce dernier siècle dans l'espace
francophone, depuis les références incontournables que sont Ghérasim
Luca, Bernard Heidsieck (disparu le 22 novembre 2014) ou l'OuLiPo,
jusqu'aux formes émergentes du slam contemporain, avec ses joutes ou ses
scènes ouvertes, dans une approche globalisante qui aborde aussi les
enjeux de la récitation scolaire ou la définition d'un code
typographique pour incarner la voix dans l'écriture. Mot(s) clés libre(s) : performance artistique (poésie), poésie (lecture publique), slam (poésie), slam (étude et critique)
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Du roman comme laboratoire d'une conscience critique du langage / Jérôme Cabot
/ Jean JIMENEZ, Université Toulouse II-Le Mirail, Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM
/ 27-05-2010
/ Canal-U - OAI Archive
CABOT Jérôme
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Du roman comme laboratoire d'une conscience critique du langage. Jérôme CABOT. In "Les Humanités pour quoi faire : enjeux et propositions", colloque international organisé par le laboratoire Patrimoine, Littérature, Histoire (PLH) en collaboration avec le laboratoire Lettres, Langages et Arts (LLA). Université Toulouse II-Le Mirail, IUFM Midi-Pyrénées, 27-29 mai 2010. Thème III : L'utilité de la littérature, passé modélisé et fonctions des modèles, 27 mai 2010. Mot(s) clés libre(s) : esthétique de la réception, littérature (étude et enseignement), littérature (histoire et critique), oeuvre littéraire (roman)
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Luc Boltanski, "La sociologie est toujours critique. Le champ conceptuel de la notion de domination", session plénière du congrès 2013 de l'AFS
/ 02-09-2013
/ Canal-u.fr
BOLTANSKI Luc
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Plus de 1000 sociologues français et étrangers étaient présents pour le 5ème congrès de l'AFS dont le thème principal était les "dominations". A cette occasion, le sociologue Luc Boltanski a donné une conférence plénière sur le thème "La sociologie est toujours critique. Le champ conceptuel de la notion de domination".
Présentation du 5e Congrès de l'Association française de sociologie
L’analyse des formes de domination est centrale en sociologie pour comprendre ce qui fait tenir l’ordre social. De Marx, Durkheim, Weber en passant par Foucault et Bourdieu, la domination constitue cette relation sociale qui répartit et hiérarchise les groupes sociaux, discrimine les forces sociales en structurant leur dissymétrie tout en contribuant à l’acceptation de l’ordre existant.
Des études récentes en ont cependant renouvelé la compréhension sous plusieurs dimensions : en insistant sur la diversité des modes de domination et leur variation historique et spatiale, en révélant les "ratés" du consentement ou son caractère de façade chez les groupes subalternes, en mettant en évidence le travail nécessaire aux dominants pour imposer et exercer leur domination…
Cette vidéo a été réalisée par les services de la WebTV de l'Université de Nantes. L'UFR de Sociologie et le Centre Nantais de Sociologie (CENS) de l’Université de Nantes accueillaient du 2 au 5 septembre 2013 le 5e congrès international de l'association française de sociologie. Mot(s) clés libre(s) : sociologie, critique, domination
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Poésie scénique ou poésie-performance ? / Jean-Pierre Bobillot
/ SCPAM / Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail, Nathalie MICHAUD, Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
/ 19-03-2015
/ Canal-u.fr
BOBILLOT Jean-Pierre
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Poésie scénique ou poésie-performance ? / Jean-Pierre Bobillot, in colloque international "Performances poétiques", organisé par l'équipe "Textes, Contextes, Frontières" du Centre Universitaire Jean-François Champollion, le laboratoire "Lettres, Langages et Arts : Création, Recherche, Émergence, en Arts, Textes, Images, Spectacles" (LLA-CRÉATIS) de l'Université Toulouse Jean Jaurès-campus Mirail. Albi, Centre Universitaire Champollion, 19-20 mars 2015.
Thématique 1 : Théorie, dispositif, poétique.
Pour définir la diversité de la diffusion orale de textes poétiques et embrasser leur profération comme dispositif dans toute sa complexité, en s'attachant aussi bien au texte, à l'interprétation, à la scénographie qu'à la réception, l'universitaire et poète Jean-Pierre Bobillot s'appuie sur différents artistes, Bernard Heidsieck, Cosima Weiner, Julien Blaine... et se déplace, ce faisant, entre performance poétique et poésie action. Il illustre sa conférence par une poésie action de Bernard Heidsieck "jouée" par Laurent Colomb, Jérôme Cabot et Joséane Beaulieu-April.
> Voir aussi la performance poétique de Jean-Pierre Bobillot. Mot(s) clés libre(s) : performance artistique (poésie), poésie sonore (histoire et critique)
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La poésie sonore italienne des années soixante à nos jours / Gabriele Belletti
/ SCPAM / Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail, Claire SARAZIN, Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
/ 26-03-2015
/ Canal-u.fr
BELLETTI Gabriele
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La poésie sonore italienne des années soixante à nos jours / Gabriele Belletti, in Journées d'études "Opera contro. L’œuvre de rupture sur la scène italienne contemporaine, de 1960 à nos jours", organisées, sous la responsabilité scientifique de Margherita Orsino et Antonella Capra, par Il Laboratorio et l'Institut de Recherche Pluridisciplinaire en Arts Lettres Langues (IRPALL) de l'Université Toulouse Jean Jaurès, 26-27 mars 2015.
Thématique : Corps à corps : poésie sonore, action, performance.
Ces Journées d'étude se penchent sur un phénomène, voire un concept, qui a été intitulé « Opera contro » en écho au fameux film de Francesco Rosi, Les hommes contre (1970), film culte pour toute une génération engagée. Par là "l’œuvre de rupture" est entendue à la fois comme œuvre d’avant-garde (qui rompt avec l’esthétique préexistante) mais aussi comme œuvre qui a vocation à dénoncer, bannir, renverser, s’opposer à un statu quo, un aspect de la culture ou de la société voire tout un système sociopolitique. La question de la relation entre la littérature, et plus généralement "les arts", et l’engagement se pose en effet pour tout le XXe siècle (à commencer par la période des avant-gardes dites "historiques" dans le contexte de la Première Guerre mondiale par exemple) et passe ensuite par les polémiques et conflits internes à la néo-avant-garde lors des événements de mai 68. C’est aussi un sujet transversal, dont les problématiques sont complexes et nombreuses et touchent notamment la question de l'expérimentalisme et, en amont, du langage. C'est enfin une question toujours actuelle si l’on considère l’œuvre non comme un produit "fini" et détaché de toute autre entité, mais comme une « œuvre ouverte » en interaction avec le lecteur/public et plus généralement les lieux, cultures, arts, histoire : en bref ce qu’on pourrait résumer par « réalités individuelles et collectives ». Dans cet esprit, une attention particulière est réservée à l’édition et à la réception de ces œuvres à la fois "en opposition à" et "en marge de" la culture dominante. Mot(s) clés libre(s) : performance artistique (poésie), poésie sonore (histoire et critique), poésie italienne (20e-21e siècles)
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Interpréter l'art : entre voir et savoirs
/ UTLS - la suite
/ 12-07-2001
/ Canal-U - OAI Archive
ARASSE Daniel
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Pour deux raisons au moins, la présence de l'histoire de l'art dans un cycle consacré aux renouvellements de l'observation dans les sciences a de quoi surprendre. La première tient au statut scientifique de l'histoire de l'art : même si elle veut souvent se donner l'aspect d'une discipline scientifique en reprenant les protocoles d'énoncé des sciences dites exactes, l'histoire de l'art n'est pas la science de l'art (traduction imparfaite de l'allemand Kunstwissenschaft) et, si on doit la compter au nombre des sciences humaines (ce que ne fait pas Lévi-Strauss), elle est la science des comportements artistiques humains , une science des pratiques artistiques dont les critères de scientificité sont loin d'être établis. Par ailleurs, le terme d'observation n'est jamais employé par les historiens de l'art pour qualifier leur relation avec les oeuvres : ils parlent d'étude, d'analyse, ils regardent les oeuvres plus qu'ils ne les observent, et la relation du regardant à l'oeuvre est traditionnellement considérée comme une relation de contemplation - et non d'observation. Parler d'observation de l'oeuvre d'art par son historien revient donc à opérer un glissement sémantique significatif. Malgré les réserves qu'il ne manquerait pas de susciter chez les spécialises attachés à préserver l'aura de l'oeuvre d'art, ce glissement est légitime : il enregistre et met en lumière une transformation effective de notre relation de regard avec les oeuvres d'art. L'historien se doit d'en être conscient et le spectateur non professionnel la subit à son insu. Cette transformation est liée au renouvellement des conditions de perception des oeuvres d'art : mise au point de techniques et de dispositifs spécifiques pour l'étude scientifique des oeuvres comme objets matériels ; conditions dans lesquelles les oeuvres sont présentées au regard - exposition muséale et reproduction technique sous forme, entre autres, photographique, radiographie, photographie à l'infrarouge ou l'ultraviolet, microprélèvement de pigments, etc., ces dispositifs et instruments techniques apportent à l'historien, depuis de nombreuses décennies, des informations parfois décisives sur l'histoire matérielle des oeuvres, sur leur authenticité ou leur genèse, dissimulée dans l'oeuvre finale. On abordera rapidement cet aspect du renouvellement de l'observation de l'art pour s'attarder davantage sur les transformations que connaît la perception normale des oeuvres du fait des conditions de présentation qui sont désormais les leurs. Après avoir évoqué le caractère anachronique de ces conditions de présentation par rapport aux modes initiaux, historiques, de réception des oeuvres, après avoir aussi rappelé comment l'historien se doit de percevoir cet anachronisme pour éviter les effets pervers, on insistera, à l'aide de plusieurs exemples, sur les nouvelles problématiques proprement historiques, que ce même anachronisme suscite en confrontant le voir renouvelé de l'historien à ses savoirs établis. Conditions muséales d'exposition et reproduction photographique permettent en particulier d'observer les oeuvres de la distance à laquelle elles ont été réalisées et de percevoir des éléments qui n'ont pas été peints pour être vus, peints pour ne pas être vus. Parmi les enjeux scientifiques de ce renouvellement de l'observation, on insistera en particulier sur la mise au point de nouveaux modèles théoriques permettant de constituer une microhistoire de l'art - dont un des principes pourrait être, précisément, la confrontation dialectique du voir et des savoirs. Tout en suggérant l'existence de modes de diffusion et de connaissance des images dont on ne peut trouver trace ailleurs, cette microhistoire ouvrirait, entre autres, la possibilité d'une histoire de la relation intime de l'artiste à son travail et de ses modes d'expression dans l'oeuvre, relation au travers de laquelle se préfigure et se configure le sujet classique. Mot(s) clés libre(s) : art, art et sciences, art et technologie, critique d'art, expositions artistiques, histoire de l'art
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IPM 2007. Le bilan réalisé par l'ANEMF et propositions
/ Canal U/Tice Médecine Santé
/ 30-10-2007
/ Canal-U - OAI Archive
ALLIBE Maëlle
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Depuis la loi de 2004, la lecture critique d'articles est devenue obligatoire. Valérie Pécresse a repoussé cependant d'un an la mise en place de cette épreuve. Le souci actuel est la méconnaissance de cette épreuve par les étudiants.
SCD médecine nancy 1 Mot(s) clés libre(s) : articles, IPM 2007, lecture critique
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La fonction critique
/ Canal-u.fr
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Comment, dans le monde de demain, les SHS devront- elles redéfinir leur fonction critique et leur rapport à l’idéal démocratique? Leur faudra-t-il revendiquer explicitement des visées normatives? Si oui, lesquelles, et au nom de quoi ?
How should social sciences consider their contribution to collective reflexivity?
Présidence : Eve Chiapello (sociologue, EHESS)
Avec
Wolfgang Streeck (sociologue, Cologne), Carla Hesse (historienne, Berkeley), Thomas Piketty (économiste, EHESS), Étienne Balibar (philosophe, Paris-Ouest Nanterre) Mot(s) clés libre(s) : engagement, recherche scientifique, débat critique
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Forum Nîmois - Charles GIDE - Régis DEBRAY - 21 octobre 2015
/ Canal-u.fr
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L’activité de notre association Charles Gide reprend, pour son cycle de conférences "le forum Nîmois Charle GIDE" Jean MATOUK président de l'assosiation et professeur des universités recoit, le 21 octobre 2015, à la maison du protestantisme à Nîmes Régis Debray.
Nous t’accueillons, Régis, avec d’autant plus de joie que tu
t’es fait rare ces dernières années. On comprend d’ailleurs cette rareté, à la
fois en raison de tes publications très nombreuses – tu en es, je crois, à 57
livres- mais aussi quand on les lit, parce qu’on constate la distance
croissante que tu prends vis-à-vis d’un nombre important des totems de notre époque. J’ai repris deux
de tes phrases dans l’interview récente que tu as accordée à Marianne :
« Il serait temps
qu’arrivent des gens qui vivent contre leur temps et même à contre temps »
Ou
encore
« Si l’époque a tort, un
pseudo républicain peut lui faire des pieds de nez. C’est son droit de l’homme,
son devoir et son plaisir »
Dans cette époque de narcissisme aigu, et du paraître comme
constante comportementale l’un d’ailleurs ne va pas sans l’autre- et Facebook
est un des nouveaux totems, tu préfères te retirer, en plébéien moderne, même
si tu es un patricien des idées, sur ton Aventin littéraire
Mais pour nous cette rareté nous laisse un manque. Après ta
conférence de 2008 sur « Un candide en terre sainte », tu es revenu
une fois, en 2013, pour la semaine de la Fraternité qu’avait organisé le Préfet
Bousiges.
Tu combles notre manque ce soir, disons le modestement,
parce qu’Olivier Abel, ici présent, et que je salue très chaleureusement, t’a
invité et que tu as bien voulu nous proposer de venir aussi devant notre Forum.
Je ne crois pas qu’il soit utile de te présenter. Ton
parcours aussi brillant que varié est
connu de la majorité des présents dans cette salle. Il est d’ailleurs retracé,
par touches successives, dans le livre que tu viens d’écrire, « Madame H », dans lequel les
étapes de ta vie, dans un désordre savant, et avec ton style si particulier,
empreint d’un humour presque churchillien, scandent les grands évènements dont
tu considères qu’ils constituent l’Histoire avec un grand H, celle de Clio,
celle que tu vois aujourd’hui, en un sens, terminée ou évanouie.
Disons même, si tu permets, ta fin de l’Histoire, ou ce que
tu considères, tu vas nous l’exposer, comme la fin d’une Histoire. Des « fins »
de l’Histoire, nombre de tes ancêtres
philosophes en ont définies à partir de ce qu’ils vivaient. Un de tes
anciens à l’Ecole Normale supérieure, Bernard Bourgeois, a même écrit une « Histoire de la pensée
de la fin de l’Histoire » en 2000. Kant
la situa dans l’Etat républicain qui réalisa, selon lui, la raison pratique. Hegel la vit arriver avec Napoléon défilant sur son
cheval devant sa fenêtre au soir de la victoire de Iéna, incarnant à ses yeux l’Etat
robespierrain-bonopartiste. Marx prévoyait la sienne avec le communisme. Comme il serait malheureux d’en constater l’absence.
Sauf, comme Badiou, à envisager de tout recommencer à partir du Manifeste.
Plus récemment, pour le philosophe russe Kojève, devenu en
fin de vie, un de mes brillants collègues et qui porta le GATT sur les fonts
baptismaux, rien de nouveau ne peut plus arriver tant la réalité est devenue
rationnelle. Enfin, le nippo-américain Fukuyama
voit la fin de l’Histoire sous la forme du couple démocratie-marché
qu’il croit en train de se mondialiser après la chute du mur en 1989. Lui aussi
a dû d’ailleurs en revenir : Bosnie, Ukraine, en Europe, les Intifada
successives et l’opération Plomb durci
en Palestine, les détestables interventions, suivies de guerres civiles, en
Afghanistan, Lybie, Irak, des
canonnières en mer de Chine, la sombre menace
de ce qu’Alexandre Adler appelle le Califat du sang.
Après cet énoncé, une première question est : cette
Madame H, qui selon toi nous a quittés, en même temps que les « grands
hommes » que semblent générer les évènements majeurs, est-elle européenne
ou occidentale, de cet « Occident dont tu as disséqué les restes avec le journaliste Renaud Girard
l’an passé ? Ce peut-il donc
qu’une « Madame H » nouvelle, orientale et extrême orientale, soit en train de s’écrire – ou plutôt se
réécrire puisque nous européens, en avions déjà écrit un mauvais chapitre, avec
le colonialisme, au-delà de la méditerranée et du Bosphore ou dans ce
qu’on appelle la « méditerranée chinoise ».
Tu le dis d’ailleurs dans un passage de ton échange
épistolaire avec le philosophe chinois Zhao Tingyang, ton avant dernier
livre : Du ciel à la terre »,
je te cite « Nos derniers
révolutionnaires sont devenus des acteurs sans texte et sans public, du moins
au nord de la Méditerranée. Dans nos sociétés post-industrielles, il y a des
indignés, ou, des grévistes, des contestataires, mais bien rares sont ceux qui
parlent encore de faire la révolution, comme en mai 1968, qui fut à cet égard,
le chant du cygne des espérances de révolution. Fin des grossesses
nerveuses »
Evidemment, je vais simplifier à l’extrême, pour te
provoquer, mais ta Madame H n’est-elle pas la fille de Marianne et de
Mars ? Je ne parle évidemment pas de la Marianne qui trône aujourd’hui
paisiblement dans nos Mairie, mais de
celle de Delacroix, menant le peuple à l’assaut.
Le gréco-américain Robert Kagan, en appui au dangereux imbécile
qu’était Bush junior, a déclaré, pour
stimuler le bellicisme américain, après avoir fustigé le (relatif) pacifisme de
Clinton, que les américains venaient de Mars et les européens de Vénus. Il voulait
évidemment dire que les premiers étaient nés pour continuer l’histoire du monde
par la force et la guerre, tandis que les européens – par parenthèse il vit à
Bruxelles, prudemment, au sein de ces méprisables pacifistes- n’en étaient pas
capables et ne le souhaitaient pas. En 2008, il a persisté en ce sens dans son
livre : Le retour de l’Histoire et la fin
des rêves ».
Finalement, Régis, « ton » histoire n’est-elle pas celle de Mars et Marianne, et notre époque n’en fais plus partie parce
qu’elle est veuve des grands hommes que tu pleures : De Gaulle, Churchill,
Mitterrand, mais aussi, alors, Mao et Staline, ou Trotski. Considères tu que tu
n’es plus dans l’histoire depuis que tu as quitté la Bolivie ou tu tentais avec
le Che d’introduire le « focisme », concept dont tu es l’auteur. Faut-il que tu « pleures », comme tu
l’avouais l’autre soir, dans la nouvelle émission de Franz Olivier Giesbert,
« Les grandes questions », en compagnie d’Edgar Morin, pour qu’un
évènement soit historique.
Je craindrais, si c’était le cas, mais tu vas sûrement nous
rassurer, que ton histoire soit alors purement évènementielle, homologue à
l’histoire par les dates, assez loin de
l’école des annales, et de ta révérence à Marc Bloch ou Lucien Fèvre ? Même si personnellement, je pense que la
datation est très importante surtout quand elle est comparée.
Avant de te passer la parole, je ne résiste pas à te citer
une dernière fois, en lien direct avec ce qui précède. C’est l’épigraphe de
l’un de tes autres derniers livres, Modernes Catacombes, de janvier 2013. Une phrase de Chateaubriand,
que je n’aurais pas trouvée tout seule :
« Pourquoi ais je
survécu aux siècles et aux hommes à qui j’appartenais par la date de ma
vie ? Pourquoi ne suis-je pas tombé avec mes contemporains les derniers
d’une race épuisée ? Pourquoi suis-je demeuré seul à chercher leur os dans
les ténèbres et la poussière d’une catacombe remplie. Je me décourage de
durer »
En métaphore de Madame H, tu aurais d’ailleurs pu titrer ce livre « Madame L nous a quittée , L étant la
littérature.
A toi Régis, à toi « Old lonesome cow-boy » des
prairies du passé ! Mot(s) clés libre(s) : littérature (histoire et critique), Histoire
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