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L'établissement
du Mas Desports est localisé sur une légère éminence bornant l'ancien
rivage de la corne nord-orientale de l'étang de Mauguio. Les
prospections menées par Cl. Raynaud, F. Favory et J.-L. Fiches en 1987
et 1988 ont mis en évidence sept zones de concentration de mobilier avec
une première occupation datée du Néolithique et une réoccupation au
milieu IIe s. av. J.-C. jusqu'à nos jours. Desports présente - en sus de
son nom- tous les caractères d'un établissement portuaire : topographie
d'interfluve, situation sur les axes majeurs de circulation. Ces
caractères ont été confirmés et amplifiés par les prospections
archéologiques qui ont mis l'accent sur la multiplicité, l'étendue et la
hiérarchisation des secteurs occupés, ainsi que sur la densité des
fragments de céramique d'importation méditerranéenne. La position
centrale du lieu de Portus au sein du peuplement littoral du Languedoc
oriental a, en partie, justifié une nouvelle opération de prospection
durant l'automne 2012 sous la direction de Cl. Raynaud et M. Scrinzi,
afin de compléter et préciser la documentation.
Outre une
première occupation mal caractérisée entre le Néolithique moyen et
final, le site est réinvesti dès le milieu du IIe siècle av. J.-C. comme
l'atteste l'analyse du mobilier céramique qui met en avant la
prédominance des importations italiques. Les données céramologiques
associées à une position du site au niveau de la corne orientale de
l'ancienne lagune, constituent des arguments en faveur de l'hypothèse
d'un établissement portuaire.
Les faibles indices qui
matérialisent l'occupation de la seconde moitié du Ier s. av. J.-C. et
de la période augustéenne rendent difficile toute interprétation du site
à cette époque. L'hypothèse de rétraction de l'habitat a été donc
proposée. Entre le milieu du Ier siècle et le IIe siècle, le peuplement
s'organise autour de l'habitat principal en bordure de lagune dont la
nature reste à éclaircir. Un établissement assez important est tout de
même envisagé, du fait de la présence présumée d'un lieu de culte dédié à
Jupiter et Auguste, identifié par la découverte en 1842 d'un autel qui
leur est dédié. De plus, il se peut qu'il ait gardé sa fonction
portuaire présumée d'origine.
À la suite d'une occupation qui
semble ténue aux IIIe et IVe siècles, le réseau commercial qui se
développe en Gaule méridionale à la fin de l'Antiquité, avec les
importations africaines et orientales, touche le Mas Desports. Au regard
de l'Antiquité, les Ve et VIe siècles marquent l'apogée du site du fait
de son étendue, évaluée à plus de 4 ha toutes zones confondues, et de
la richesse du mobilier céramique. Ce dernier est dominé par les
productions régionales, mais également par les importations
nord-africaines et de Méditerranée orientale. Le site constitue, dès le
Ve siècle, un établissement portuaire voué à la redistribution des
marchandises. Néanmoins, l'éminente quantité de céramiques communes à
vocation culinaire, ainsi que les différentes zones de concentrations de
mobilier ne doivent pas faire oublier qu'à côté de ses fonctions
commerciales, le site du Mas Desports est également un grand habitat où
les produits importés de Méditerranée et de Narbonnaise sont consommés.
La fin du Ve siècle et la première moitié du VIe siècle constituent la
période durant laquelle le Mas Desports semble atteindre sa plus grande
activité. Cependant, ces échanges faiblissent dès le milieu du VIe
siècle avant de s'arrêter durant le VIIe siècle à partir duquel les
données deviennent épisodiques alors que nous perdons toutes traces
matérielles témoignant d'une occupation du site entre le VIIIe siècle et
la fin du IXe siècle.
C'est à la fin du IXe siècle que le Mas
Desports présente à nouveau des indices d'occupation avec la mention de
l'église Notre-Dame-des-Ports en 897, puis de l'église
Saint-Pierre-de-Port en 909. Le nom de Portus que relatent les textes,
souligne avant tout une fonction portuaire comme c'était le cas dans
l'Antiquité. Cette activité portuaire semble être avérée jusqu'au XIIe
siècle, alors qu'à partir du XIIIe siècle, la construction du canal de
Lunel marque le déclin du site de Desports qui est relégué à un simple
lieu de passage des marchandises. Le Portus et les deux églises sont
mentionnées jusqu'au XVIIe siècle, alors que l'église Sainte-Marie est
indiquée à l'état de ruine au XVIIIe siècle sur les cartes de Cassini et
du canal de Lunel. Portus, aujourd'hui appelé Desports, n'a gardé de
son passé portuaire que son nom. Un mas, en lien avec les travaux
agricoles de ce secteur, perpétue à présent l'occupation de ce site.
Mot(s) clés libre(s) : archéologie