Tri :
Date
Editeur
Auteur
Titre
|
|
Statues dogon actives : Allaye Samasekou, forgeron sculpteur
/ 12-01-1998
/ Canal-u.fr
LANDAIS Laurence
Voir le résumé
Voir le résumé
Issu d'une famille de forgerons, Allaye Samasekou en a reçu l'initiation et la maîtrise de sa technique. Il sculpte ici un «vieux qui marche». Après avoir marqué ses repères, il commence toujours par dégager la tête du billot de bois initial. En temps réel, le travail a duré de 2 à 3 heures.
Documents associés
Extraits de Statues actives. Le mouvement dans la statuaire africaine. « Bois » anthropomorphe tshokwe et dogon. Thèse co-dirigée par LOUIS PERROIS et JEAN POLET. Doctorat en histoire de l'art et archéologie, Université Paris1.Année 2004-2005. (Auteur Laurence Landais)
Ces extraits correspondent aux pages 421-431 du Tome deux, Statuaire dogon, un jeu d'énigmes, dans la partie Elèments d'enquêtes sur le terrain, producteurs et utilisateurs d'objets.
L’entrée sculpteurs / Forgerons et non forgerons
(...) L’entrée « producteurs d’objets » me semblait être la première à privilégier. Je voulais m’introduire dans le monde des forgerons et des sculpteurs pour accéder aux représentations mentales et matérielles qui définissent la production actuelle. Quels types de liens celle-ci entretenait-elle avec les pièces anciennes ? La production touristique était–elle marquée par un style régional ? Pouvait-on remonter aux productions d’hier, grâce aux producteurs d’aujourd’hui ? L’identification des pièces en termes d’époque, de région, de population et d’auteur est en effet une des questions les plus centrales auxquelles on doive se confronter. Entrer dans le processus même de fabrication aiderait-il à identifier les styles, les modes de transmission d’un ensemble de savoirs, fait de gestes, d’outils, et de canons de représentation ?
Mes lectures m’avaient appris l’existence de deux types de forgerons. Les jemmen 1, grands métallurgistes, capables de maîtriser toute la chaîne technique depuis l’extraction du minerai de fer jusqu’à la forge, s’étaient retirés de la falaise pour s’installer dans la plaine du Séno vers le Yatenga. Ils semblaient avoir abandonné la production de statues. Les irim (ou iriné) qui descendraient de leurs captifs2 étaient restés sur la falaise et le plateau et perpétuaient la tradition des statues. On attribue en effet l’essentiel de la statuaire de bois et de fer du pays dogon (à l’exception des masques) aux forgerons irim de la falaise. Fort de ce constat, Bruno Martinelli3 suppose que la statuaire ancienne, datée de plus de deux siècles serait l’œuvre des ancêtres de ces forgerons4. J’ai donc décidé de rencontrer en priorité les forgerons de la falaise.
J’ai toujours évité Sangha, haut-lieu touristique par excellence. Mais je n’ai pas cherché le plus vieux forgeron du village le plus reculé ou le plus « préservé ». J’ai rencontré par exemple le forgeron de Yenduma-da, Allaye Samassekou, avec qui j’ai sympathisé. Yenduma-da n’a rien d’un village « préservé » puisqu’il se trouve sur la piste qui relie Douentza à Sanga. C’est un village de plaine d’installation récente. Bâti autour d’un puits, ce qui occasionne beaucoup « moins de fatigue pour l’eau », il résulte du transfert en 1994 de l’ancien village, situé plus haut à flanc de falaise. Contrairement à ce qui se passe pour Kundu (à 7 km en direction de Sanga), où le déplacement vers le bas se fait progressivement et individuellement depuis plusieurs années, (en effet, les quartiers de Kundu du bas s’étendent à mesure que ceux de Kundu du haut se dépeuplent), le transfert de Yenduma-da s’est opéré en seule fois, à la suite d’une décision collective. Tout le village s’était longuement réuni. Tout le monde a beaucoup discuté pour être d’accord5. Une fois la décision prise, il a fallu s’organiser. Ils sont d’abord allés construire des maisons en bas et puis quand tout a été installé, tout le monde est descendu. L’installation en plaine s’est accompagnée d’une conversion à l’islam pour la majorité des habitants. Ce village est à cet égard très représentatif des mutations ordinaires du pays dogon.
Je comptais sur Allaye pour entrer dans l’univers forgeron au présent, et si possible au passé. Effectivement, pour les besoins de mon enquête, Allaye m’a conduit chez d’autres membres de sa famille, portant comme lui le nom de Samasekou, qui marque l’identité des « irim 6 ». Il m’a aussi conduit chez d’autres gens de castes comme des cordonniers devenus antiquaires et supposés « connaisseurs » en statues anciennes.
Il a tenté de me faire comprendre ce qui définit un forgeron, de la naissance aux funérailles, en passant par le mariage, évoquant l’enfance, le long apprentissage, l’obligation d’endogamie et les pouvoirs magiques qui accompagnent ce type de destin. J’ai visité son village abandonné. Allaye l’a repeuplé de ses souvenirs devant la maison de famille, où il a vécu jusqu’à l’adolescence, située tout en haut du village, non loin de la forge paternelle qui était installée sous un rocher. Il redevient alors Wamana, du nom animiste qu’il a reçu à la naissance, pour me montrer l’emplacement du fétiche de la forge, les lieux sacrés du village, les passages interdits aux femmes en règles, le point où l’on guérit les enfants qui tremblent, et les fétiches du village. Certains sont recouverts de crème de mil, séchée depuis peu. Les vieux continuent de venir y faire des sacrifices, régulièrement. Dans chacun des quatre quartiers du village, une maison pour les femmes qui ont leurs règles pendant ce temps, elles ne travaillent pas, leurs sœurs et leurs mamans viennent leur apporter à manger. Les deux grandes pierres plates, à côté, c’est l’endroit où une femme qui a ses règles dort, si son mari l’aime beaucoup, il vient dormir à côté d’elle pour qu’elle ne soit pas toute seule. Un cauri par terre. On payait encore en cauri (???) quand il était petit. Voici la pierre qui servait à mesurer les bandes de coton, une bande de trois mètres valait un franc. La place où les jeunes filles dansent au clair de lune, celle où les garçons jouent à l’akwélé dont les trous sont creusés à même la pierre. Un grand canari et quelques poteries sont restées sous l’auvent rocheux où le guérisseur officiait. C’était plein de statues, mais les enfants sont venus les prendre pour les vendre. Les forgerons connaissent aussi des plantes qui soignent et différentes catégories de magies. Je pourrais par exemple tester le médicament qui rend momentanément invulnérable au feu et au fer... Et puis j’écoute ce qui arrivait du temps où il n’y avait pas de lumière. Les premiers arrivants de Yenduma Ato, c’était un homme avec sa femme. C’était le soir, il faisait très noir. A un moment la femme dit à son mari, qu’elle croit apercevoir dans l’ombre «tiens, prends ton enfant, pendant que je vais préparer le repas ». Elle donne l’enfant à l’homme et va préparer le repas. Le mari arrive et demande « où est mon enfant ?» -« Mais, je te l’ai donné tout à l’heure » répond la femme. Ils n’ont jamais revu leur enfant. Quelqu’un l’avait pris et s’était enfui ...
Mais comment faisait-on quand il n’y avait pas de lumière ? Quand il n’y avait pas de lumière, on prenait deux pierres et un bois. Et puis le forgeron a fabriqué l’allumette dogon. C’est comme ça qu’on a eu le feu et la lumière. Allaye-Wamana me raconte les tambours qui annoncent les funérailles de forgeron, comment on doit ouvrir la cérémonie par des danses de sabres. Les tours de force et de passe-passe que chacun doit exécuter pour montrer sa puissance, sa maîtrise du feu et du fer. Ceux qui s’assoient dans les flammes, les avalent, les font entrer ou sortir de leurs poches, et que le fer ne coupe pas, ceux qui ont des instruments magiques qui peuvent faire voir le soleil en pleine nuit. Et leurs femmes qui dansent avec de grands couteaux. Mais les pouvoirs des forgerons d’aujourd’hui sont peu de chose à côté des exploits des anciens… Allaye-Wamana évoque la perte de pouvoirs magiques plus au moins mythiques comme celui de se transformer en toutes sortes d’animaux redoutables ou de confectionner certains médicaments très puissants, et le déclin des performances techniques. Plus personne n’est capable de fabriquer un outil comme ce « Toutok », (pièce de métal utilisée comme marteau) que je détiens de mon grand-père. On a perdu beaucoup de choses. Avant, ils étaient très forts. En revanche, d'autres outils n'auraient pas varié (Doboï, golo, oniom). Cette perte de savoir-faire est-elle réelle, due à une initiation raccourcie par la scolarisation, une moindre foi dans le processus de transmission ou bien purement fantasmée sur le mode d’une nostalgie du temps passé où tout était forcement mieux ou plus beau…
Officiellement, les Dogon (au sens de non forgeron) ne sont pas des sculpteurs. Ils ne taillent que les échelles et les masques. Or, les enfants commencent très tôt à tailler des lance-pierre et des petits personnages. Et l’augmentation du tourisme a ouvert un marché. De nombreux sculpteurs non forgerons, surtout des jeunes, exécutent des copies pour les touristes à longueur de journée. Je ne voulais pas les exclure de mon travail. Youssouf Dara est l’un d’eux, et réunit tous ces critères ; il travaille pour le compte du propriétaire du campement de Kundu. Je lui ai passé commande. Tous deux producteurs d’objets sculptés, Allaye et Youssouf sont devenus, chacun à leur façon, des collaborateurs précieux, m’ouvrant à des mondes différents. En effet, ils m’ont tous deux aidé dans mes enquêtes, et leur différence de statut m’a donné à penser la sculpture d’un point de vue moins extérieur, à la fois sur le plan technique et sur le plan symbolique. Je les présente en contrepoint l’un de l’autre tels qu’ils me sont apparus.
Comprendre la transcription du mouvement
Mon premier objectif était de tenter de comprendre comment les sculpteurs transposaient le mouvement dans la sculpture, et de tester quelle lecture ils pouvaient faire de statues que j’interprétais comme étant en mouvement. Lors d’un de mes séjours, Allaye allait commencer la sculpture d’un vieux qui marche, j’ai filmé toutes les étapes de sa fabrication, avant de lui passer commande, comme à Youssouf, du portrait d’une personne en train de danser. La demande de représentation d’une personne en mouvement n’a jamais eu l’air de leur paraître incongrue. Elle appelait juste quelques précisions et limites : « Tu veux qu’il danse comment ? Pas avec les bras écartés, parce qu’il faudrait trop de bois… »
Alors que j’espérais recueillir quelque chose de l’ordre d’une théorie de la représentation du mouvement à la Rodin de la bouche d’un forgeron dogon, ou voir clairement se faire la transposition, mes questions sont restées en suspens. Je n’ai approché quelque chose de cet ordre qu’auprès du sculpteur contemporain Amahiguéré Dolo7 qui se situe délibérément hors du champ traditionnel. Car je n’ai pas compris ce qui permettait de distinguer un personnage dansant d’un personnage qui ne dansait pas… Tous invariablement sculptés avec les genoux pliés, et les bras repliés sur le ventre ou les cuisses, très semblables, à mes yeux, aux personnages décrits par les sculpteurs comme étant en train de marcher ou bien « arrêtés8 »... L’homme sculpté par Youssouf et la femme sculptée par Allaye auraient-ils été différents si je n’avais pas spécifié qu’ils devaient danser ? Je n’en suis pas sûre9. Malgré ma bonne volonté et mon insistance, sans doute lassante, à les reformuler en plusieurs versions sur le même thème, je n’ai sans doute pas réussi à poser les bonnes questions. Les précisions que je demandais n’aboutissaient qu’à des réponses du type : Tu vois bien qu’il marche…Comment j’ai fait ? J’ai fait comme ça … C’est comme ça qu’on fait… Pourtant, tous les sculpteurs (forgerons ou non) que j’ai rencontré pouvaient commenter les actions qui définissaient leurs personnages, un vieux qui marche, une femme qui pile, celui-ci prie. A l’intérieur de cercles de sculpteurs forgerons ou non, la lecture du mouvement sur les statues ou leurs reproductions photographiques ne semble pas différer de celle qui est faite à l’extérieur de ces cercles. Elle ne me semble pas non plus différente de celle que j’effectue. Cela ne signifie pas pour autant qu’on sache bien lire les pièces anciennes.
Les premières observations tiennent en quelques phrases. L’intention et la volonté de représenter le mouvement sont bien présentes. Mais les modalités qui le permettent m’échappent. Doit-on à nouveau simplement invoquer Diderot et le pouvoir animateur du regard ? D’après ce que j’ai pu voir et entendre, la symétrie n’est pas à considérer comme un indice d’immobilité. Mais l’inverse n’est pas vrai. J’ai pu le constater dans des représentations asymétriques, notamment celles d’hommes en marche, (aux pieds légèrement décalés) portant un sac en bandoulière ou un outil sur l’épaule, reproduites par Allaye, Youssouf ou de nombreux autres sculpteurs et forgerons. Mais pourquoi cette différence de traitement du mouvement ? Eric Jolly a élaboré une théorie sur l’asymétrie et le mouvement qui croise partiellement des éléments recueillis sur le terrain auprès des guérisseurs. Je développerai ces aspects dans la partie suivante.
Si je n’ai pu tirer au clair les modalités de transcription du mouvement, j’ai pu identifier un certain nombre de canons de représentations. Ainsi pour le portrait qu’exécutait Youssouf, le modèle était un jeune homme peul10. L’identité ethnique s’est trouvée immédiatement exprimée par la coiffure donnée à la sculpture. Celle-ci ne correspond pas du tout à la coiffure réelle du modèle, mais vient jouer son rôle conventionnel de marqueur. Cette règle d’identification par la coiffure semble être valable de façon plus générale, puisqu’à la lecture des œuvres la coiffure est un élément d’interprétation. Le très jeune homme est devenu, une fois sculpté, un homme dont la maturité se lit à la barbe qui lui descend jusqu’à la poitrine, alors que le modèle est imberbe. Cette dernière délicatesse a touché son but, le modèle n’étant pas du tout fâché d’avoir été vieilli. Youssouf justifie d’un « de toute façon il va vieillir, et c’est mieux de le faire en vieux » ce portrait anticipateur et idéalisé qui pare son modèle des belles qualités physiques et psychologiques que l’âge mûr est censé posséder. Cela donne à réfléchir sur les portraits d’ancêtres. Dans les sculptures qu’a déjà réalisées Youssouf, prêtes à être livrées, je remarque des personnages à longue figure qu’on trouve dans tout le pays dogon, dans les points de vente d’objets pour touristes… Leur visage descend sur le tronc. Ce sont des génies d’eau. Cette figuration ne me semble pas si conforme aux descriptions les plus fréquentes qu’on donne des génies d’eau. Il est vrai que ceux-ci sont censés pouvoir se transformer à volonté. Pour Eric Jolly11, on est présence de la création originale d’un style pour touristes avec ces « Nommo. »
Toutes les transcriptions que je vois effectuer spontanément par Youssouf participent pour lui de l’évidence. Il ne les considère pas comme des connaissances. Youssouf dit en effet ne rien savoir des sculptures qu’il réalise, il a été élevé en Côte d’ivoire, le capital statues de sa famille a été dispersé et il n’est pas forgeron. Cela donnera tout son sens à sa participation ultérieure à mes enquêtes. Ces questions d’attributions, de différence de styles et de signification des statues l’intéressent lui-même au plus haut point. Mais ses déclarations contiennent aussi la part de modestie que lui imposent son statut de « copiste », son âge et son aimable caractère de jeune bien élevé. Je ne fais que des copies, je ne sais pas ce qu’elles signifient. Je n’ai pas la connaissance des forgerons, je ne peux pas travailler aussi bien qu’eux. Mes outils ne sont pas aussi puissants que les leurs. Je ne mets pas de feu dans mon travail. Ses outils ressemblent beaucoup à ceux des forgerons, comprenant des herminettes de différentes tailles, des burins, des limes. Les forgerons sont aussi les maîtres qu’il respecte et admire. Il a appris à leur contact, passant des journées entières à étudier leurs gestes, puis s’exerçant à leur art en cachette. Mais ce « vol » (selon ses propres termes) de savoir-faire ne peut être total. Il ne s’autorise pas à commencer une représentation humaine par la tête, comme le font les forgerons. Il commence par les pieds. Il n’ajoute jamais de décorations pyrogravées, pour ne pas manier le feu, n’exécute pas de serrures, car il faut leur adjoindre du fer. Mais il entend avec fierté que son travail puisse être comparé ou comparable à celui d’un forgeron. Il ne voudrait pas pour autant qu’on le confonde avec un forgeron, ces gens aux origines mystérieuses ou suspectes, on ne sait même pas d’où et comment ils ont été créés. Il s’étonne (avant de connaître Allaye) que je puisse passer autant de temps auprès des forgerons, que je partage mes repas avec eux et que je ne craigne pas, dans cette proximité, perdre de mon statut social... Les Dogon ne s’y autoriseraient pas… Mais, pourtant, quand on a besoin d’eux…Les forgerons peuvent résoudre beaucoup de problèmes… de toute sorte… L’étendue des situations que le forgeron peut « arranger » va en effet du traitement thérapeutique au règlement de conflits. Bruno Martinelli a consacré un article12 au rôle de conciliateur qui échoit aux forgerons dogon et moose. Largement partagé dans toute la région, le pouvoir d’imposer le pardon, en faisant cesser les représailles dans un conflit, s’assortit du pouvoir d’interdire et de maudire ceux qui refusent cette conciliation. Selon les parties du pays dogon, le statut du forgeron varie, constituant par rapport au « pardon », la seule instance ou bien l’une des instances de pacification. Dans la plaine, les forgerons dyemmem ont un statut proche de celui des forgerons du Yatenga (auxquels ils sont étroitement affiliés sur le plan clanique). Dans la falaise où les forgerons irî-ne ont un statut subalterne, le pouvoir de pacification est partagé avec d'autres détenteurs de pouvoir sacralisé (D. Paulme13, 1940 : 186). Les forgerons yemmen na Kassambara de Tintam interrogés plus tard, insisteront sur leur pouvoir paradoxal qui leur fait fabriquer des armes mais aussi arrêter la guerre.
… Aux paroles d’Allaye et de Youssouf font écho les phrases écrites par Michel Izard dans sa thèse sur l’histoire des forgerons du Yatenga. D’un côté, la fierté de posséder les secrets de sa caste, de l’autre une admiration fortement teintée d’ambivalence. Les forgerons n’ont pas d’histoire. Ces démiurges venus du ciel, ces hommes de bonne volonté sur la terre, ces durs travailleurs indispensables à la conquête de la nature mais tenus à l’écart de savoir de trop lourds secrets, sont des gens du mythe, qui ne connaissent ni pays, ni frontière, que l’évidence de la présence du métal. Heureux, précisément ou plus exactement vivant dans cette paix dominée de ceux qui ont élaboré une sorte d’orgueilleuse compréhension du sort injuste qui leur est fait, comme si l’ingratitude du plus grand nombre était le seul salaire de la connaissance mise au service de tous, son fruit amer au suc étrangement savoureux14. Cet étrange mélange d’admiration certaine et de mépris où l’on tient les forgerons a été longuement décrit par tous les Africanistes. D’autres citations prestigieuses pourraient en détailler les modalités. On ne peut pas manquer d’en constater la réalité sur le terrain. Le statut du forgeron dogon est-il plus original que celui de ses homologues ouest africains ?
L’ambivalence manifestée au forgeron est-elle plus forte, émanant de quelqu’un qui aime sculpter, et qui gagne sa vie en sculptant ? La concurrence économique que se livrent forgerons et sculpteurs sur le marché des objets touristiques n’explique peut-être pas tout. La sculpture apparaît comme un nouveau débouché offert par la progression du tourisme. Mais lorsqu’elle constitue une des ressources principales d’un adulte qui n’appartient pas aux castes, reste-t-elle une activité anodine ? Qu’on en juge par le long combat du sculpteur contemporain Amahiguéré Dolo entre son impétueux désir de se consacrer à la sculpture et l’interdit qui le pousse à renoncer à sa vocation15. Des années d’hésitation puis d’incompréhension de la part de son entourage scelleront ce choix. Le forgeron yemmen na Kassambara de Tintam insiste lui aussi sur cet aspect : Avant les sculptures, c’était le totem [interdit] des dogon. La sculpture c’était uniquement pour les forgerons. Il avoue s’être caché pour certaines réalisations car les Dogon copient. La position de sculpteur non-forgeron pourrait être relativement inconfortable, car on y frôle le changement d’identité de métier et donc de statut… Ne serait–elle pas potentiellement dangereuse, comme tous les choix qui comportent un aspect transgressif ? On m’a parfois laissé entendre, à mots couverts, qu’elle nécessitait quelques protections magiques, (mais qu’est-ce qui ne le nécessite pas ?) pour combattre, aussi, sans doute, le sentiment d’illégitimité de cette activité. Mais différents niveaux d’ambiguïté et d’ambivalence semblent entourer la sculpture, brouillant les pistes qui permettent de remonter à une origine ou un auteur. Mot(s) clés libre(s) : afrique, Toro so, caste, interdits, bas, haut, herminette, forgeron, statue, dogon, sculpteur, film ethnographique, Mali, vidéo, bois, identité, transmission, Yenduma Da
|
Accéder à la ressource
|
|
Emois Nancy 2009 - Analyse d'outliers hauts à l'hôpital Tenon
/ Canal-U/Sciences de la Santé et du Sport, CERIMES
/ 05-03-2009
/ Canal-U - OAI Archive
KEMPF A
Voir le résumé
Voir le résumé
Emois Nancy 2009 : Session valorisation et contrôle de qualité.Analyse d'outliers hauts à l'hôpital Tenon (APHP) : défauts de codage, non pertinence des hospitalisations et conséquences financières pour un établissement de santé O. Talvard, B. Lukacs, A. Kempf, C. Hodée.SCD Médecine. Mot(s) clés libre(s) : codage, DIM, Emois Nancy 2009, évaluation, GHM, outliers hauts, PMSI, T2A
|
Accéder à la ressource
|
|
Performance des entreprises et satisfaction au travail
/ AUNEGE, CERIMES
/ 10-07-2014
/ Canal-u.fr
GLEE-VERMANDE Catherine
Voir le résumé
Voir le résumé
Dans un contexte de compétition mondialisée, l’enjeu de la performance est devenu vital pour l’entreprise. Cette performance passe par sa capacité à mettre en place un mode de management des ressources humaines qui puisse procurer satisfaction à l’ensemble de ses salariés. Le lien entre performance des entreprises et satisfaction des salariés, mis en évidence dans de nombreux travaux scientifiques, est ici présenté à travers les critères de management qui permettent de l’activer. Mot(s) clés libre(s) : satisfaction, compétence, Critères de satisfaction, Organisation, Système de travail hautement performant
|
Accéder à la ressource
|
|
Emois 2008 - PMSI et évaluation des objectifs de santé publique fixés par la loi du 9 août 2004
/ Canal U/Tice Médecine Santé
/ 03-04-2008
/ Canal-U - OAI Archive
ETTORCHI Amina
Voir le résumé
Voir le résumé
Présentation de l'approche régionale du rôle du PMSI dans l'évaluation des objectifs de santé publique fixés par la loi du 9 août 2004.Intervenant : Amina ETTORCHI SCD Médecine. Mot(s) clés libre(s) : chaînage, DIM, EMOIS 2008, Haut Comité de Santé Publique, HCSP, objectifs de santé, PMSI
|
Accéder à la ressource
|
|
Le dopage : de l'empirisme à la recherche médicale avancée
/ UTLS - la suite
/ 30-05-2002
/ Canal-U - OAI Archive
DINE Gérard
Voir le résumé
Voir le résumé
Le Dopage : de l'empirisme à la recherche médicale avancée. Le dopage dans le domaine sportif est aussi ancien que l'organisation du sport elle-même. Dans sa version moderne apparue à la fin du XIXème siècle, le sport n'a pu se séparer de ce compagnon embarrassant. En fait, la performance sportive notamment au plus haut niveau est basée dans 80 % des disciplines sur des qualités physiques, physiologiques, mentales et biologiques exprimées à travers le corps humain, dont les limites s'inscrivent dans celles de l'évolution de l'espèce sous couvert de 2 éléments : le déterminisme génétique et l'adaptation liée à la pratique d'un entraînement sportif devenu rationnel et scientifique. Le parallélisme entre le dopage sportif et la progression de la performance est une réalité. Les substances naturelles de type alcool ont été largement utilisées lors de la 1ère guerre mondiale et à l'époque dans certaines disciplines sportives éprouvantes. L'emploi dans le sport de molécules stimulantes issues de la chimie comme les amphétamines a suivi leur utilisation chez les pilotes de chasse pendant la seconde guerre mondiale. L'irruption des progrès biochimiques avec la production des stéroïdes qu'ils soient anabolisants ou corticostéroïdes a accompagné la confrontation est ouest des années 50-80. Ces progrès étaient intégrés au concept du sportif d'état dont le point culminant a été observé dans l'ex Allemagne de l'est. La transition entre emploi ponctuel de produits chimiques de synthèse et prescriptions rationnelles d'hormones stéroïdes constituait en fait le passage d'une pratique empirique à une organisation médicalement pour ne pas dire scientifiquement contrôlée. Dans ces conditions, la voie était tracée pour l'introduction de méthodes plus élaborées afin d'optimiser la performance. Le dopage sanguin par transfusion a existé avant l'érythropoïètine dans différentes disciplines comme le football, le ski nordique et l'athlétisme dès les années 1970. La progression parallèle des technologies biomédicales et des enjeux médiatiques, économiques, culturels et politiques du sport de haut niveau devenu spectacle planétaire est devenue convergente. Face à des contraintes de plus en plus lourdes en terme de charges d'entraînement et en terme de résultats à fournir, le sportif acteur et moteur du spectacle sous la pression consciente ou inconsciente des autres opérateurs du secteur sportif se voit proposer des moyens exogènes en vue d'optimiser son potentiel et de le pérenniser. La mise en évidence d'organisations dopantes au sein de plusieurs disciplines sportives employant des produits de plus en plus sophistiqués n'est qu'une évolution logique. L'irruption des méthodes et produits issus de la biotechnologie entraîne toutefois des conséquences nouvelles : l'efficacité réelle, la difficulté de contrôle par une approche toxicologique régulièrement dépassée et le bouleversement éthique. Pour caricaturer l'EPO n'était pas la dernière marche d'une déviance dopante triomphante au sein du sport professionnel mais bien la première marche d'un monde nouveau où l'application des progrès biotechnologiques dans le sport apparaît comme une utilisation parmi d'autres au sein des différentes activités humaines. De telles méthodes ne relèvent pas d'un emploi ponctuel empirique mais d'une volonté structurée exigeant de nombreuses compétences et technologies. L'aspect financier de l'accès à ces outils déviés de leur orientation première ne peut être ignoré. La frontière à définir entre l'utilisation légitime de certaines thérapeutiques issues des biotechnologies et leur emploi détourné pour une formulation dopante est également un autre problème qui ne peut pas trouver de solution dans une lutte uniquement basée sur le contrôle toxicologique dont les limites ont été identifiées. Face à la multitude des questions qui surgissent les parties prenantes du spectacle sportif mondialisé n'ont d'autres ressources que la mise en place d'une réflexion globale qui ne peut pas séparer l'exercice sportif du reste des activités humaines. En fait le sport de haut niveau face à l'emploi dévié de la recherche médicale avancée constitue un espace de cristallisation vis-à-vis d'autres dérives bio-éthiques dont les conséquences pourraient être beaucoup plus fâcheuses pour notre espèce. Mot(s) clés libre(s) : compétition, dopage, performance, produits dopants, sport, sportifs de haut niveau
|
Accéder à la ressource
|
|
Expériences de réhabilitation dans des réalisations de l'agence Candilis en PACA / Sylvie Denante
/ Claire SARAZIN, Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM
/ 09-04-2010
/ Canal-U - OAI Archive
DENANTE Sylvie
Voir le résumé
Voir le résumé
Deux expériences en cours de "connaissance-réhabilitation patrimoniale" dans des réalisations de l'agence Candilis en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Sylvie DENANTE. In colloque "Conservation, restauration de l'architecture du Mouvement Moderne : l'exemple de l'Université de Toulouse-Le Mirail de Georges Candilis" organisé par l'Université de Toulouse II-Le Mirail en partenariat avec les universités de Rennes 2 et Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Université Toulouse II-Le Mirail / Musée Les Abattoirs, 8-10 avril 2010.Sylvie Denante présente deux expériences de conservation du patrimoine architectural moderne, deux réalisations "sœurs" labellisées "Patrimoine du XXe siècle" : le lotissement "Les Muriers" à Manosque et la résidence "le Petit Nice" à Aix-en-Provence, conçus en 1962-1963 par les architectes Georges Candilis, Alexis Josic et Shadrach Wodds.Ces deux chantiers de réhabilitation sont représentatifs de la difficulté d'intervenir pour protéger les réalisations du XXe siècle hors d'un cadre règlementaire car il ne résulte aucune protection particulière de l'obtention du label. Dans les deux cas, l'intervention a consisté tout d'abord à "documenter" les bâtiments (étude historique, expertise architecturale...), à poser un partenariat avec les copropriétaires pour les aider à l'entretien de l'édifice, à les sensibiliser sur l'esprit architectural d'origine... Mot(s) clés libre(s) : Aix-en-Provence (Bouche-du-Rhône), architecture moderne, logement (réhabilitation), Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), politique de rénovation urbaine
|
Accéder à la ressource
|
|
Les accélérateurs de particules : du microcosme au macrocosme
/ UTLS - la suite
/ 07-07-2001
/ Canal-U - OAI Archive
DE RUJULA Alvaro
Voir le résumé
Voir le résumé
En étudiant "comment fonctionnent les choses" au niveau microscopique on découvre combien elles sont simples, combien la gigantesque variété de tout ce qui existe est gouvernée par des lois qui sont aussi simples, peu nombreuses et "unifiées". L'univers dans sa jeunesse etait une "soupe" de particules, de plus en plus énergétiques ou "chaudes" à mesure qu'on avance vers le passe'. C'est ainsi que les expériences "de haute énergie" dans les accélérateurs de particules nous permettent, entre autre, de mieux comprendre l'univers quand il etait beaucoup plus jeune. La compréhension du micro et de macrocosme sont aussi une science unique ou, de façon surprenante, l'objet le moins bien compris est le vide, qui semble ne pas l'être du tout. Mot(s) clés libre(s) : accélérateur de particules, collision d'atomes, constante cosmologique, cosmologie, infiniment grand, infiniment petit, particule élémentaire, physique des hautes énergies, physique des particules, univers
|
Accéder à la ressource
|
|
Villages fantômes / José María Cuesta
/ Jean JIMENEZ, Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM, Université Toulouse II-Le Mirail
/ 01-05-2005
/ Canal-u.fr
CUESTA José María
Voir le résumé
Voir le résumé
Dans le Sobrarbe, en Aragon (Espagne), des dizaines de villages furent abandonnés entre les années 1950 et 1965. Le processus de reproduction socio-économique s'est interrompu à ce moment là... mais il reste certains témoins et quelques traces de ce qu'il s'est passé. De manière scientifique, ce sont les mécanismes de l'émigration, anciens et plus récents, et les causes du dépeuplement que l'auteur étudie et essaie de faire connaître à travers ce film.
Un documentaire réalisé à partir de témoignages, s'appuyant sur une importante documentation et une riche iconographie : images d'hier et d'aujourd'hui, musiques, ambiances, tout un environnement sonore qui transporte dans un monde inconnu, celui d'un Sobrarbe peuplé de fantômes... les fantômes de ces villages à l'abandon qui, seuls, peuvent faire imaginer ce que pouvait représenter cette société paysanne vivant en autarcie.
[Version française : commentaire en français, entretiens en espagnol sous-titrés en français].
Film réalisé grâce au concours du Musée Pyrénéen (fonds Briet) et de la ville de Lourdes, des Musées de Huesca et San Juan de Plan (collections photographiques), de Max Daumas (collection personnelle). Mot(s) clés libre(s) : aménagement du territoire, exode rural, Sobrarbe (Espagne), Haut-Aragon (Espagne), Espagne (1950-1970), gestion des ressources en eau (Pyrénées)
|
Accéder à la ressource
|
|
Pueblas fantasmas / José María Cuesta
/ Jean JIMENEZ, Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM, Université Toulouse II-Le Mirail
/ 01-09-2002
/ Canal-u.fr
CUESTA José María
Voir le résumé
Voir le résumé
La Comarca de Sobrarbe comprende unos 2.000 km2 donde vivían unas 26.000 personas aprincipios del siglo XX y donde hoy no quedan más que 6.400 decenas de pueblos que fueron abandonados a partir de la década de 1950. La lectura del paisaje, la exploración de los archivos y los numerosos testimonios recibidos de los ancianos del lugar, permiten observar una forma tradicional de organización del territorio muy diferente a la reciente. Este film intenta explica los mecanismos de la emigración antigua y reciente, las causas y
mecanismos de la despoblación de la comarca altoaragonesa del Sobrarbe,
mostrando diversos testimonios personales
Dans le Sobrarbe, en Aragon (Espagne), des dizaines de villages furent abandonnés entre les années 1950 et 1965. Le processus de reproduction socio-économique s'est interrompu à ce moment là... mais il reste certains témoins et quelques traces de ce qu'il s'est passé. De manière scientifique, ce sont les mécanismes de l'émigration, anciens et plus récents, et les causes du dépeuplement que l'auteur étudie et essaie de faire connaître à travers ce film.
Un documentaire réalisé à partir de témoignages, s'appuyant sur une importante documentation et une riche iconographie : images d'hier et d'aujourd'hui, musiques, ambiances, tout un environnement sonore qui transporte dans un monde inconnu, celui d'un Sobrarbe peuplé de fantômes... les fantômes de ces villages à l'abandon qui, seuls, peuvent faire imaginer ce que pouvait représenter cette société paysanne vivant en autarcie.
Film réalisé grâce au concours du Musée Pyrénéen (fonds Briet) et de la ville de Lourdes, des collections photographiques des Musées de Huesca et San Juan de Plan, de Max Daumas (collection personnelle), des habitants de la vallée du Sobrarbe (archives familiales et témoignages).
> Voir la version courte (58 mn.) en français : "Villages fantômes". Mot(s) clés libre(s) : aménagement du territoire, exode rural, paysage rural, Sobrarbe (Espagne), Haut-Aragon (Espagne), Espagne (1950-1970), gestion des ressources en eau (Pyrénées)
|
Accéder à la ressource
|
|
CIDMEF Libreville 2011 - Coopération internationale au niveau disciplinaire.
/ Canal-U/Sciences de la Santé et du Sport
/ 16-04-2011
/ Canal-U - OAI Archive
COUZIGOU Patrice
Voir le résumé
Voir le résumé
XVIIIème Journées Universitaires Francophones de Pédagogie des Sciences de la Santé de la CIDMEF.3ème Congrès International Francophone de Pédagogie des Sciences de la Santé 16-19 avril 2011 Faculté de Médecine de Libreville (Gabon). Université des Sciences de la Santé.Titre : CIDMEF Libreville 2011 - Les coopérations institutionnelles et professionnelles en éducation dans les Sciences de la Santé Intervenant : Patrice COUZIGOU (Pessac, France)Résumé : Les coopérations institutionnelles et professionnelles en éducation dans les Sciences de la Santé. Qu’elles coopérations internationales au niveau disciplinaire ? L’exemple de l’AAFFCHGE (Association Africaine Francophone de Formation Continue en Hépato-Gastro-Entérologie).Organisé avec le partenariat de l’UNF3S/UMVF et le FSP mère-enfant du ministère des affaires étrangères.Réalisation, production : Canal U/3S.SCD Médecine. Mot(s) clés libre(s) : AAFFCHGE, CIDMEF Libreville 2011, enseignement, gastroentérologie, HDH, hémorragies digestives hautes, inclusions, JFHOD
|
Accéder à la ressource
|
|