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"Beneficial JI" Debate
/ Canal-u.fr
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"Beneficial JI" Debate Mot(s) clés libre(s) : interaction linguistique, improvisation
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"Dans la Solitude des Champs de Coton" de B.-M. Koltès (par Christophe Bident)
/ Pascal CECCALDI, Lycée d’Etat Jean Zay - Internat de Paris
/ 02-12-2013
/ Canal-u.fr
BIDENT Christophe, DOROSZCZUK Catherine
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Christophe Bident est professeur à l’université de Picardie où il dirige le centre de recherches en art, il est l’auteur de nombreux ouvrages, notamment sur Blanchot, Maurice Blanchot, partenaire invisible, paru en 2008, et Koltès : Bernard Marie Koltès, Généalogies, paru en 2000, Voix de Koltès paru en 2005. Il présente, lors de sa conférence, deux ouvrages à paraître sur Koltès : un collectif, Dans la solitude de B.M. Koltès, revue Textuel, qui doit paraître en février, et un dernier ouvrage, Koltès, le sens du monde, à paraître en début d’année 2014. Il intervient auprès des étudiants de classes préparatoires littéraires (plus particulièrement les khâgneux) dans le cadre du programme des ENS en 2013-2014, qui a choisi de faire travailler les élèves sur Dans la solitude des champs de coton, pièce centrale dans les écrits et travaux de C. Bident, qu’il choisit d’aborder d’abord en tant qu’ancien metteur en scène, sensibilisant le public aux problèmes que pose la langue de Koltès, sa mémorisation, la diction particulière qu’impose son phrasé, mais aussi l’attribution des rôles, leur violence… Son travail de metteur en scène lui permet de revenir sur la mise en scène mythique de Patrice Chéreau. Il aborde ensuite le problème central de leur programme, celui du rapport entre théâtre et morale, autour de la question du dialogue éthique, et des enjeux de réflexion morale de la pièce. Les questions posées par les élèves sont enrichies par la présence du frère de l’écrivain, François Koltès, qui se prête volontiers à l’échange avec les étudiants, permettant une réflexion commune riche et vivante.Catherine Doroszczuk Mot(s) clés libre(s) : jeu théâtral, mise en scène théâtrale, analyse du discours littéraire, pièce de théâtre, Bernard-Marie Koltès, Patrice Chéreau, Samuel Beckett, François Koltès, théâtre français contemporain
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"Orfeu Negro" ou le bidonville utopique / Cristina Duarte Simoes
/ SCPAM / Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail, Claire SARAZIN, Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
/ 15-10-2014
/ Canal-u.fr
DUARTE SIMÕES Teresa-Cristina
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"Orfeu Negro" ou le bidonville utopique / Cristina Duarte Simões, in colloque "Les Amériques noires : identités et représentations", organisé par le Pôle Sud-Ouest de l'Institut des Amériques, l'Institut de recherche et études culturelles (IRIEC), l'Institut Pluridisciplinaire pour les Études sur
les Amériques à Toulouse (IPEAT) et le laboratoire Cultures Anglo-Saxonnes (CAS), Université Toulouse Jean-Jaurès-campus Mirail, 15-18 octobre 2014. Thématique 5 : Entendre et voir les Amériques noires.O filme "Orfeu Negro", dirigido em 1959 pelo francês Marcel Camus -tendo recebido a Palma de ouro no Festival de Cannes nesse mesmo ano- muito contribuiu para a descoberta da cultura brasileira na França e na Europa. Adaptado da peça de teatro do escritor brasileiro Vinícius de Moraes, escrita em 1956, o filme situava a lenda grega de Orfeu numa favela do Rio de Janeiro, durante o Carnaval. Todos os atores eram negros, respeitando as diretrizes impostas pelo mesmo Vinícius de Moraes, nas páginas iniciais da obra. Esse filme, porém, nâi foi bem acolhido por grande parte do público brasileiro, que nele via uma representaçâo idealizada da favela carioca, estética apoiada pela escolha do elenco e de ceros elementos da faixa sonora. Dentre os descontentes, o director de cinema brasileiro Carlos Diegues que, em 1992, propôe uma nova adaptaçâo da peça inicial, incorporando elementos realistas da cidade do Rio de Janeiro, de suas favelas e de seu Carnaval. Desta forma, os parâmetros cinematográficas do filme "Orfeu" sâo bastante dos do precedente "Orfeu Negro", mas será que conseguiram agradar ao espectador brasileiro ? Mot(s) clés libre(s) : cinéma brésilien, noirs au cinéma, cinéma français, Orphée (mythologie grecque), Orfeu negro (film)
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031 - Du cinéma direct au documentaire : les évolutions du cinéma militant
/ ENS-LSH/SCAM
/ 23-05-2008
/ Canal-U - OAI Archive
LECLER Romain
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Session Effets artistiques et littéraires de Mai 68. Transformations plastiques, déstabilisations génériques, nouveaux dispositifs de création Colloque Mai 68 en quarantaine Le cinéma militant, formalisé comme genre à part entière aux Etats Généraux du cinéma en Mai 68, naît véritablement un an avant, avec des films comme Loin du Vietnam ou A bientôt j’espère. Diffusé dans un circuit non commercial, et en particulier auprès d’un public déjà politisé, le genre entre en crise au début des années 1980 avec la disparition de ce public. Notre travail a porté sur le collectif Slon-Iskra, le principal collectif de diffusion militante de la période. Au cours des années 1970, le genre du cinéma militant y a été marqué par des évolutions formelles et thématiques, qui renvoient aux évolutions militantes de la décennie : d’abord focalisé sur les ouvriers, il s’ouvre progressivement aux paysans, à la police, à la psychiatrie, puis aux nouvelles revendications féministes, écologistes, éducatives, et enfin à des thématiques moins revendicatives et plus documentaires. Au niveau international, l’intérêt exclusif pour les luttes révolutionnaires laisse place à des thèmes plus éclectiques. En outre, issu du cinéma direct, le cinéma militant trouve une filiation dans le documentaire. L’analyse des trajectoires des cinéastes militants permet d’expliquer une telle évolution.Bibliographie Darley, Catherine, (1983), « De Slon à Iskra. Quinze ans de cinéma militant, 1967-1982. », maîtrise, Paris 1, (sous la direction de A. Prost). Fleckinger, Hélène (2007) « Caméra au poing : Cinéma et vidéo au service des luttes féministes (France, années 1970) », Colloque international sur le patriarcat comparé et les institutions américaines. Université de Savoie. Foltz, Colin, (2001), « L’expérience des Groupes MEDVEDKINE – SLON, 1967-1974 », maîtrise, Paris 1, (sous la direction de N. Brenez). Hatzfeld, Nicolas, Gwenaelle Rot, et Alain Michel (2004), « Le travail en représentation dans les films militants. Caméras et micros dans les usines automobiles, 1968-1974 » in Revue européenne d’histoire sociale, n°9 (Histoire et sociétés). Hennebelle, Guy (1975). Quinze ans de cinéma mondial 1960-1975. Paris, les éditions du Cerf. Layerle, Sébastien, (2005), « Le cinéma à l’épreuve de l’événement. Mémoires croisées de quelques pratiques militantes en Mai 68 », doctorat, Paris III, (sous la direction de J.-P. Bertin-Maghit). Lecler Romain (2007) « Cinéma militant et cinéastes militants en France après Mai 68. De l’adhésion militante à l’autonomie artistique : la réhabilitation de l’auteur », master 2, Paris 1, (sous la direction de F. Matonti).Equipe technique Directeur de la production: Christophe Porlier, Responsable des moyens techniques: Francis Ouedraogo, Réalisation : Service commun audiovisuel et multimédia : Mathias Chassagneux, Son: Xavier Comméat, Encodage-Montage-Diffusion Web : Jean-Claude Troncard Mot(s) clés libre(s) : chris marker (1921-....), cinéma engagé, cinéma et politique, cinéma militant, films documentaires, france (1968), mai 68, slon-iskra
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1 - Master Classe Jean GAUMY
/ Philippe KERGRAISSE, Direction de l'Audiovisuel de l'EHESS (Dir. Jean-Claude Penrad)
/ 23-11-2013
/ Canal-u.fr
GAUMY jean, BERGALA Alain
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Master classe Jean Gaumy, enregistré le 23 novembre 2013 à l'EHESS.
Organisé par le Comité du Film Ethnographique.
Rencontre avec Jean Gaumy, cinéaste et photographe de l’agence Magnum,
animée par le critique et cinéaste Alain Bergala.
1ère partie: Autour du film "La Boucane" (1984)
2ème partie: Autour des films "Jean-Jacques" (1987) et "Marcel, Prêtre" (1994)
3ème partie : Autour du film "Sous-marin" (2006)
« J’ai commencé à m’intéresser aux films ethnographiques très naturellement. Ce que j’y découvrais était un peu ce que, photographe, je faisais très instinctivement, par approximations successives. Être proche des gens, me frotter à eux, les mettre en image, découvrir à travers eux d’autres façons d’envisager le monde, me remettre en question. » (Jean Gaumy)
« Jean Gaumy est un homme discret et « dense ». C’est ce mot bizarre qui le définit le mieux : une densité de présence, de regard, d’attention à l’autre, de parole aussi, d’inquiétude toujours. »
« Les hommes sont toujours dans son viseur une espèce qu’il regarde avec étonnement et compassion fraternelle. »
« Il y a une chose dont il parle peu, sans doute par pudeur. Mais quand il le fait, d’un coup tout s’éclaire. C’est l’origine dans l’enfance de son désir et de ses tropismes d’homme d’image. Cette part d’enfance qu’il y a dans ses photos et ses films est soigneusement protégée derrière des sujets graves, et vient contre toute attente du cinéma. Il fait partie de ces cinéastes et photographes qui savent que l’on ne peut filmer et photographier le réel qu’à partir de l’imaginaire qui nous constitue si l’on veut que l’image, aussi documentaire soit-elle, ne relève pas de la seule représentation du visible. Les images fortes du réel emportent toujours une part secrète qui vient nous parler en sourdine, sous la surface des choses captées, de ce qui constitue le noyau imaginaire fondamental de celui qui en est le capteur/auteur. »
« Dans son enfance, comme pour d’autres créateurs de sa génération – celle de l’après-guerre et de la cinéphilie historique –, c’est le cinéma qui a révélé Jean Gaumy à lui-même et lui a désigné les voies de l’image pour tenter de résoudre l’énigme du monde et de sa propre présence à ce monde. » (…) « L’univers des films qu’il a croisés dans son enfance relève d’un bric-à-brac hétéroclite idéal pour se constituer un imaginaire fort, sauvage et personnel, ne ressemblant à aucun autre, résistant à toute catégorisation déjà faite, à tout lissage culturel, de quoi tenir une vie entière. »
« Sa rencontre avec le cinéma commence par des images fixes vues dans l’isolement grâce à la lanterne magique Pathé Webo de ses parents : des photogrammes du Napoléon de Gance (à qui la grandiloquence ne faisait pas peur), Nanouk l’esquimau et L’Homme d’Aran. Le film décisif de son enfance c’est La Grande Aventure, de Sucksdorff, vu de multiples fois vers l’âge de dix ans, une histoire d’hommes et de loutres – donc de rencontre des espèces déjà – dans la nature enneigée du Grand Nord. A la même époque l’impressionneront (au sens quasiment pelliculaire du terme) les films de science-fiction (La Marque, Les Soucoupes volantes attaquent, La Guerre des mondes), les films de sous-marins, (Cuirassé Potemkine, Vingt mille lieues sous les mers), mais aussi Golgotha de Duvivier et Marcellino pane e vino. Cette liste suffit à regarder autrement les images créées par Jean Gaumy, car tous les films en question y font souvent sans crier gare un retour imprévu, en filigrane, en contrebande du réel rencontré.
On touche ici à l’un des plus beaux mystères de la création : comment une esthétique cohérente et personnelle parvient-elle à se constituer à partir d’un stock d’images initiales aussi hétéroclites qu’indélébiles ? C’est que l’enfance avale tout et digère tout, sans trier – son seul critère est ce qui lui fait signe – et l’homme qui arpentera ensuite le monde avec sa caméra n’aura rien à renier de ce précieux capital initial, et surtout pas ses contradictions qui sont à la source même de la constitution de son style unique. »
Alain Bergala
(Texte composé d’extraits remaniés de la préface du livre Jean Gaumy publié aux éditions Actes Sud, collection Photo poche, 2010)
Jean Gaumy est l’une des figures majeures de la photographie française. Après des études de lettres, il fait ses premières armes professionnelles en tant que rédacteur photographe pour un quotidien rouennais et rejoint, à la demande de Raymond Depardon, l’agence Gamma en 1973. Il est remarqué aux Rencontres d’Arles de 1976 par Marc Riboud et Bruno Barbey, et entre à l’agence Magnum en 1977. Durant ces années, il couvre l’actualité internationale, mais s’investit également dans de longs projets personnels. Citons à ce propos son document consacré à la vie d’un hôpital (1975-1976) et celui sur les prisons françaises, considéré comme le premier essai photographique jamais réalisé sur ce sujet à l’époque (1976-1979). Son travail est régulièrement publié par des quotidiens et des revues en France et à l’étranger. Jean Gaumy reçoit par deux fois le prestigieux Prix Nadar en 2002 et en 2010. Parmi ses publications, on citera : L’Hôpital (1976) ; Les Incarcérés (1983) ; Portraits en altitude (1994) ; Le Pont de Normandie (1994) ; Le Livre des tempêtes (2001) ; Pleine mer (2001) ; D’après Nature (2010) ; Jean Gaumy, collection Photo Poche (2010).
Il est aussi réalisateur. Influencé par le cinéma de Jean Rouch, il tourne plusieurs films tous diffusés par les télévisions françaises et européennes, dont La Boucane (1985), primé au 3e Bilan du film ethnographique et nominé au César du meilleur documentaire en 1986. Sa série documentaire Sous-marin (2006), lui vaut deux ans plus tard le titre de « Peintre officiel de la Marine ».
Filmographie :
La Boucane (1984) : Prix Kodak premier film, 3e Bilan du film ethnographique de 1984 ; Grand prix du jury, Festival du film de Belfort de 1984 ; Nominé aux Césars, catégorie court-métrage documentaire, en 1986
Jean-Jacques (1987), Prix du film documentaire de Belfort en 1987
Marcel, Prêtre (1994)
Sous-marin (2006).
Jean Gaumy : http://www.magnumphotos.com/C.aspx?VP3=CMS3&VF=MAGO31_10_VForm&ERID=24KL53ZFL3
Alain Bergala essayiste, critique, enseignant de cinéma, réalisateur, ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, est l’auteur nombreux ouvrages de référence dont Monika de Ingmar Bergman ou L’Hypothèse cinéma. Il est connu pour être un spécialiste de l’œuvre de Jean-Luc Godard (Nul mieux que Godard ; Godard par Godard ; Godard au travail). En 2000, il est sollicité par Jack Lang pour mettre en place un projet d’éducation au cinéma à l’école. Aujourd’hui enseignant à la Femis, Alain Bergala est aussi commissaire d’expositions (Correspondances : Kiarostami Erice, centre Pompidou 2007 ; Brune/Blonde, Cinémathèque française 2010, Pasolini Roma, Cinémathèque française 2013). Mot(s) clés libre(s) : films ethnographiques, cinéma documentaire
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1/2 Master class de Claire Simon, réalisatrice.
/ Philippe KERGRAISSE, Direction de l'Audiovisuel de l'EHESS (Dir. Jean-Claude Penrad)
/ 10-11-2012
/ Canal-u.fr
SIMON Claire, PIAULT Marc Henri
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Rencontre avec la réalisatrice Claire Simon, animée par Marc Henri Piault, directeur de recherche honoraire au CNRS, anthropologue et cinéaste.
« Pour moi faire un film, c’est avant tout peindre, montrer dans ce que je vois, ce qui crie, ce que je ne veux pas voir, ce que je ne sais pas deviner et qui finalement se révèle peu à peu dès que le tournage commence » (Claire Simon)
Claire Simon a appris le cinéma par le biais du montage ainsi qu’en tournant parallèlement des courts-métrage de manière indépendante. Parmi ses films les plus remarqués on trouve La police en 1988 ou Scènes de ménage avec Miou Miou, en 1991. Elle découvre le cinéma direct aux Ateliers Varan et réalise plusieurs documentaires : Les Patients (1989), Coûte que coûte (1996), Récréations (1998), films souvent primés.
En 1997, elle présente à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes son premier long métrage de fiction, Sinon oui, histoire d’une femme qui prétend être enceinte et vole un enfant. Pour Arte et dans l’espace du Parlement Européen, elle réalise un film avec des étudiants, Ça c’est vraiment toi (2000). Mi fiction, mi documentaire, ce film recevra les grands prix du documentaire et de la fiction au festival de Belfort. Elle tente alors une expérience théâtrale puis retrouve le documentaire avec 800 km de différence – Romance (2002) et Mimi (2003) : ce dernier a été présenté au Festival de Berlin en 2003. Son deuxième long métrage de fiction, Ça brûle (2006), est présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2006.
En 2008 elle réalise un film de fiction, Les Bureaux de Dieu, avec des acteurs et des actrices connus, Anne Alvaro, Nathalie Baye, Michel Boujenah, Rachida Brackni, Isabelle Carré, Béatrice Dalle et Nicole Garcia personnalisant les spécialistes et les consultants d’un bureau de planning familial dont l’expérience réelle avait été auparavant étudiée.
Ce sont de « vraies » conversations, entre les conseillères, actrices connues et les visiteuses interprétées par des actrices non professionnelles inconnues des spectateurs afin d’échapper à un voyeurisme éventuel. Sans doute est-ce également une façon de donner aux expériences individuelles évoquées une dimension plus large.
Les entretiens sont filmés en plans-séquences, intensifiant la relation entre « conseillères » et « consultantes » mais également l’attention du spectateur entraîné dans une narration ponctuée par les moments de respiration offerts aux conseillères entre les différentes consultations.
En 2012, Claire Simon, poursuivant son entreprise concrète de saisie de la réalité par et dans le cinéma de fiction, se plonge longuement dans l’espace de la gare du Nord à Paris. Des dialogues, des fragments de vie, des rencontres. Six mois à observer, noter, enregistrer des passages, des rencontres. Sept semaines de tournage sur place. Claire Simon déclare : « Heure par heure, la gare du Nord peut donner une image de la France dans sa totalité. C’est une vraie place publique » (Télérama).
Le film Gare du Nord (2012), en cours d’achèvement, avec les acteurs Nicole Garcia, François Damien et Reda Kateb ainsi que Richard Copans comme chef opérateur : « La gare, dit Claire Simon, c’est Internet en dur. La multiplicité des flux et des réseaux se matérialise sous nos yeux, et il suffit de cliquer quelque part pour voir naître une histoire. » (Télérama).
Elle dit également : « Ce qui m’intéresse n’est pas la maîtrise, mais plutôt l’idée d’être au front, là où tout est incertain, où le monde est mouvant » (Télérama).
Il nous reste désormais à partager cette mouvance, à entendre ces interrogations et ces inquiétudes, à réfléchir ces observations et peut-être à les interroger à notre tour en questionnant sans cesse nos propres certitudes, nos propres attentes.
MARC H. PIAULT ; Septembre 2012
♦ Filmographie ♦
Tandis que j’agonise 1980 | court métrage.
La police 1988 | court métrage.
Les patients 1989 | documentaire.
Scènes de ménage 1991 | 10 courts métrages de fiction.
Récréations 1992 | documentaire.
Artiste peinture 1992 | documentaire.
Histoire de Marie 1993 | court métrage.
Comment acheter une arme 1993 | court métrage.
Scènes de ménage 1991 | fiction de 10 courts métrages.
Coûte que Coûte 1995 | documentaire | Prix Louis Marcorelles 1995.
Sinon, oui 1997 | fiction | Sélection Quinzaine des Réalisateurs.
Ça c’est vraiment toi, 1999 | fiction et documentaire Téléfilm | Grand Prix Fiction et Grand Prix Documentaire au Festival De Belfort.
800 km de différence / Romance 2001 | documentaire.
Mimi 2002 | documentaire.
Est-ce qu’on a gagné ou est-ce qu’on a encore perdu 2004 | Court métrage.
Ça brûle 2006 | Fiction | Sélection Quinzaine des Réalisateurs.
Les bureaux de Dieu (coproduction franco belge) 2008 | Sélection Quinzaine des Réalisateurs.
Le projet Gare du Nord 2009/13 | comprenant : un long métrage documentaire Géographie Humaine, un long métrage de fiction Gare du Nord remix et une pièce de théâtre Gare du Nord / les voix et un objet web garedunord.net Mot(s) clés libre(s) : art cinématographique, analyse cinématographique
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2 - Master Classe Jean GAUMY
/ Philippe KERGRAISSE, Direction de l'Audiovisuel de l'EHESS (Dir. Jean-Claude Penrad)
/ 23-11-2013
/ Canal-u.fr
GAUMY jean, BERGALA Alain
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Master classe Jean Gaumy, enregistré le 23 novembre 2013 à l'EHESS.
Organisé par le Comité du Film Ethnographique.
Rencontre avec Jean Gaumy, cinéaste et photographe de l’agence Magnum,
animée par le critique et cinéaste Alain Bergala.
1ère partie: Autour du film "La Boucane" (1984)
2ème partie: Autour des films "Jean-Jacques" (1987) et "Marcel, Prêtre" (1994)
3ème partie : Autour du film "Sous-marin" (2006)
« J’ai commencé à m’intéresser aux films ethnographiques très naturellement. Ce que j’y découvrais était un peu ce que, photographe, je faisais très instinctivement, par approximations successives. Être proche des gens, me frotter à eux, les mettre en image, découvrir à travers eux d’autres façons d’envisager le monde, me remettre en question. » (Jean Gaumy)
« Jean Gaumy est un homme discret et « dense ». C’est ce mot bizarre qui le définit le mieux : une densité de présence, de regard, d’attention à l’autre, de parole aussi, d’inquiétude toujours. »
« Les hommes sont toujours dans son viseur une espèce qu’il regarde avec étonnement et compassion fraternelle. »
« Il y a une chose dont il parle peu, sans doute par pudeur. Mais quand il le fait, d’un coup tout s’éclaire. C’est l’origine dans l’enfance de son désir et de ses tropismes d’homme d’image. Cette part d’enfance qu’il y a dans ses photos et ses films est soigneusement protégée derrière des sujets graves, et vient contre toute attente du cinéma. Il fait partie de ces cinéastes et photographes qui savent que l’on ne peut filmer et photographier le réel qu’à partir de l’imaginaire qui nous constitue si l’on veut que l’image, aussi documentaire soit-elle, ne relève pas de la seule représentation du visible. Les images fortes du réel emportent toujours une part secrète qui vient nous parler en sourdine, sous la surface des choses captées, de ce qui constitue le noyau imaginaire fondamental de celui qui en est le capteur/auteur. »
« Dans son enfance, comme pour d’autres créateurs de sa génération – celle de l’après-guerre et de la cinéphilie historique –, c’est le cinéma qui a révélé Jean Gaumy à lui-même et lui a désigné les voies de l’image pour tenter de résoudre l’énigme du monde et de sa propre présence à ce monde. » (…) « L’univers des films qu’il a croisés dans son enfance relève d’un bric-à-brac hétéroclite idéal pour se constituer un imaginaire fort, sauvage et personnel, ne ressemblant à aucun autre, résistant à toute catégorisation déjà faite, à tout lissage culturel, de quoi tenir une vie entière. »
« Sa rencontre avec le cinéma commence par des images fixes vues dans l’isolement grâce à la lanterne magique Pathé Webo de ses parents : des photogrammes du Napoléon de Gance (à qui la grandiloquence ne faisait pas peur), Nanouk l’esquimau et L’Homme d’Aran. Le film décisif de son enfance c’est La Grande Aventure, de Sucksdorff, vu de multiples fois vers l’âge de dix ans, une histoire d’hommes et de loutres – donc de rencontre des espèces déjà – dans la nature enneigée du Grand Nord. A la même époque l’impressionneront (au sens quasiment pelliculaire du terme) les films de science-fiction (La Marque, Les Soucoupes volantes attaquent, La Guerre des mondes), les films de sous-marins, (Cuirassé Potemkine, Vingt mille lieues sous les mers), mais aussi Golgotha de Duvivier et Marcellino pane e vino. Cette liste suffit à regarder autrement les images créées par Jean Gaumy, car tous les films en question y font souvent sans crier gare un retour imprévu, en filigrane, en contrebande du réel rencontré.
On touche ici à l’un des plus beaux mystères de la création : comment une esthétique cohérente et personnelle parvient-elle à se constituer à partir d’un stock d’images initiales aussi hétéroclites qu’indélébiles ? C’est que l’enfance avale tout et digère tout, sans trier – son seul critère est ce qui lui fait signe – et l’homme qui arpentera ensuite le monde avec sa caméra n’aura rien à renier de ce précieux capital initial, et surtout pas ses contradictions qui sont à la source même de la constitution de son style unique. »
Alain Bergala
(Texte composé d’extraits remaniés de la préface du livre Jean Gaumy publié aux éditions Actes Sud, collection Photo poche, 2010)
Jean Gaumy est l’une des figures majeures de la photographie française. Après des études de lettres, il fait ses premières armes professionnelles en tant que rédacteur photographe pour un quotidien rouennais et rejoint, à la demande de Raymond Depardon, l’agence Gamma en 1973. Il est remarqué aux Rencontres d’Arles de 1976 par Marc Riboud et Bruno Barbey, et entre à l’agence Magnum en 1977. Durant ces années, il couvre l’actualité internationale, mais s’investit également dans de longs projets personnels. Citons à ce propos son document consacré à la vie d’un hôpital (1975-1976) et celui sur les prisons françaises, considéré comme le premier essai photographique jamais réalisé sur ce sujet à l’époque (1976-1979). Son travail est régulièrement publié par des quotidiens et des revues en France et à l’étranger. Jean Gaumy reçoit par deux fois le prestigieux Prix Nadar en 2002 et en 2010. Parmi ses publications, on citera : L’Hôpital (1976) ; Les Incarcérés(1983) ; Portraits en altitude (1994) ; Le Pont de Normandie (1994) ; Le Livre des tempêtes (2001) ; Pleine mer (2001) ; D’après Nature (2010) ; Jean Gaumy, collection Photo Poche (2010).
Il est aussi réalisateur. Influencé par le cinéma de Jean Rouch, il tourne plusieurs films tous diffusés par les télévisions françaises et européennes, dont La Boucane (1985), primé au 3e Bilan du film ethnographique et nominé au César du meilleur documentaire en 1986. Sa série documentaire Sous-marin (2006), lui vaut deux ans plus tard le titre de « Peintre officiel de la Marine ».
Filmographie :
La Boucane (1984) : Prix Kodak premier film, 3e Bilan du film ethnographique de 1984 ; Grand prix du jury, Festival du film de Belfort de 1984 ; Nominé aux Césars, catégorie court-métrage documentaire, en 1986
Jean-Jacques (1987), Prix du film documentaire de Belfort en 1987
Marcel, Prêtre (1994)
Sous-marin (2006).
Jean Gaumy : http://www.magnumphotos.com/C.aspx?VP3=CMS3&VF=MAGO31_10_VForm&ERID=24KL53ZFL3
Alain Bergala essayiste, critique, enseignant de cinéma, réalisateur, ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, est l’auteur nombreux ouvrages de référence dont Monika de Ingmar Bergman ou L’Hypothèse cinéma. Il est connu pour être un spécialiste de l’œuvre de Jean-Luc Godard (Nul mieux que Godard ; Godard par Godard ; Godard au travail). En 2000, il est sollicité par Jack Lang pour mettre en place un projet d’éducation au cinéma à l’école. Aujourd’hui enseignant à la Femis, Alain Bergala est aussi commissaire d’expositions (Correspondances : Kiarostami Erice, centre Pompidou 2007 ; Brune/Blonde, Cinémathèque française 2010,Pasolini Roma, Cinémathèque française 2013). Mot(s) clés libre(s) : films ethnographiques, cinéma documentaire
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2. Le tourisme durable
/ Université Paris I Panthéon-Sorbonne, UVED
/ 28-05-2015
/ Canal-u.fr
MARSAT Jean-Bernard
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Dans cette vidéo, Jean-Bernard Marsat discute du tourisme durable. Il examine tout d'abord plusieurs aspects du tourisme : économiques, environnementaux, sociaux, culturels, ainsi que les jeux d'acteurs qui leur sont associés, puis évoque les enjeux et les possibilités d'un tourisme durable. Mot(s) clés libre(s) : acteurs, environnement, impacts, tourisme, développement durable
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2/2 Master class de Claire Simon, réalisatrice.
/ Philippe KERGRAISSE, Direction de l'Audiovisuel de l'EHESS (Dir. Jean-Claude Penrad)
/ 10-11-2012
/ Canal-u.fr
SIMON Claire, PIAULT Marc Henri
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Rencontre avec la réalisatrice Claire Simon, animée par Marc Henri Piault, directeur de recherche honoraire au CNRS, anthropologue et cinéaste.
« Pour moi faire un film, c’est avant tout peindre, montrer dans ce que je vois, ce qui crie, ce que je ne veux pas voir, ce que je ne sais pas deviner et qui finalement se révèle peu à peu dès que le tournage commence » (Claire Simon)
Claire Simon a appris le cinéma par le biais du montage ainsi qu’en tournant parallèlement des courts-métrage de manière indépendante. Parmi ses films les plus remarqués on trouve La police en 1988 ou Scènes de ménage avec Miou Miou, en 1991. Elle découvre le cinéma direct aux Ateliers Varan et réalise plusieurs documentaires : Les Patients (1989), Coûte que coûte (1996), Récréations (1998), films souvent primés.
En 1997, elle présente à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes son premier long métrage de fiction, Sinon oui, histoire d’une femme qui prétend être enceinte et vole un enfant. Pour Arte et dans l’espace du Parlement Européen, elle réalise un film avec des étudiants, Ça c’est vraiment toi (2000). Mi fiction, mi documentaire, ce film recevra les grands prix du documentaire et de la fiction au festival de Belfort. Elle tente alors une expérience théâtrale puis retrouve le documentaire avec 800 km de différence – Romance (2002) et Mimi (2003) : ce dernier a été présenté au Festival de Berlin en 2003. Son deuxième long métrage de fiction, Ça brûle (2006), est présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2006.
En 2008 elle réalise un film de fiction, Les Bureaux de Dieu, avec des acteurs et des actrices connus, Anne Alvaro, Nathalie Baye, Michel Boujenah, Rachida Brackni, Isabelle Carré, Béatrice Dalle et Nicole Garcia personnalisant les spécialistes et les consultants d’un bureau de planning familial dont l’expérience réelle avait été auparavant étudiée.
Ce sont de « vraies » conversations, entre les conseillères, actrices connues et les visiteuses interprétées par des actrices non professionnelles inconnues des spectateurs afin d’échapper à un voyeurisme éventuel. Sans doute est-ce également une façon de donner aux expériences individuelles évoquées une dimension plus large.
Les entretiens sont filmés en plans-séquences, intensifiant la relation entre « conseillères » et « consultantes » mais également l’attention du spectateur entraîné dans une narration ponctuée par les moments de respiration offerts aux conseillères entre les différentes consultations.
En 2012, Claire Simon, poursuivant son entreprise concrète de saisie de la réalité par et dans le cinéma de fiction, se plonge longuement dans l’espace de la gare du Nord à Paris. Des dialogues, des fragments de vie, des rencontres. Six mois à observer, noter, enregistrer des passages, des rencontres. Sept semaines de tournage sur place. Claire Simon déclare : « Heure par heure, la gare du Nord peut donner une image de la France dans sa totalité. C’est une vraie place publique » (Télérama).
Le film Gare du Nord (2012), en cours d’achèvement, avec les acteurs Nicole Garcia, François Damien et Reda Kateb ainsi que Richard Copans comme chef opérateur : « La gare, dit Claire Simon, c’est Internet en dur. La multiplicité des flux et des réseaux se matérialise sous nos yeux, et il suffit de cliquer quelque part pour voir naître une histoire. » (Télérama).
Elle dit également : « Ce qui m’intéresse n’est pas la maîtrise, mais plutôt l’idée d’être au front, là où tout est incertain, où le monde est mouvant » (Télérama).
Il nous reste désormais à partager cette mouvance, à entendre ces interrogations et ces inquiétudes, à réfléchir ces observations et peut-être à les interroger à notre tour en questionnant sans cesse nos propres certitudes, nos propres attentes.
MARC H. PIAULT ; Septembre 2012
♦ Filmographie ♦
Tandis que j’agonise 1980 | court métrage.
La police 1988 | court métrage.
Les patients 1989 | documentaire.
Scènes de ménage 1991 | 10 courts métrages de fiction.
Récréations 1992 | documentaire.
Artiste peinture 1992 | documentaire.
Histoire de Marie 1993 | court métrage.
Comment acheter une arme 1993 | court métrage.
Scènes de ménage 1991 | fiction de 10 courts métrages.
Coûte que Coûte 1995 | documentaire | Prix Louis Marcorelles 1995.
Sinon, oui 1997 | fiction | Sélection Quinzaine des Réalisateurs.
Ça c’est vraiment toi, 1999 | fiction et documentaire Téléfilm | Grand Prix Fiction et Grand Prix Documentaire au Festival De Belfort.
800 km de différence / Romance 2001 | documentaire.
Mimi 2002 | documentaire.
Est-ce qu’on a gagné ou est-ce qu’on a encore perdu 2004 | Court métrage.
Ça brûle 2006 | Fiction | Sélection Quinzaine des Réalisateurs.
Les bureaux de Dieu (coproduction franco belge) 2008 | Sélection Quinzaine des Réalisateurs.
Le projet Gare du Nord 2009/13 | comprenant : un long métrage documentaire Géographie Humaine, un long métrage de fiction Gare du Nord remix et une pièce de théâtre Gare du Nord / les voix et un objet web garedunord.net Mot(s) clés libre(s) : films documentaires, analyse cinématographique
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3 - Master Classe Jean GAUMY
/ Philippe KERGRAISSE, Direction de l'Audiovisuel de l'EHESS (Dir. Jean-Claude Penrad)
/ 23-11-2013
/ Canal-u.fr
GAUMY jean, bergala alain
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Master classe Jean Gaumy, enregistré le 23 novembre 2013 à l'EHESS.
Organisé par le Comité du Film Ethnographique.
Rencontre avec Jean Gaumy, cinéaste et photographe de l’agence Magnum,
animée par le critique et cinéaste Alain Bergala.
1ère partie: Autour du film "La Boucane" (1984)
2ème partie: Autour des films "Jean-Jacques" (1987) et "Marcel, Prêtre" (1994)
3ème partie : Autour du film "Sous-marin" (2006)
« J’ai commencé à m’intéresser aux films ethnographiques très naturellement. Ce que j’y découvrais était un peu ce que, photographe, je faisais très instinctivement, par approximations successives. Être proche des gens, me frotter à eux, les mettre en image, découvrir à travers eux d’autres façons d’envisager le monde, me remettre en question. » (Jean Gaumy)
« Jean Gaumy est un homme discret et « dense ». C’est ce mot bizarre qui le définit le mieux : une densité de présence, de regard, d’attention à l’autre, de parole aussi, d’inquiétude toujours. »
« Les hommes sont toujours dans son viseur une espèce qu’il regarde avec étonnement et compassion fraternelle. »
« Il y a une chose dont il parle peu, sans doute par pudeur. Mais quand il le fait, d’un coup tout s’éclaire. C’est l’origine dans l’enfance de son désir et de ses tropismes d’homme d’image. Cette part d’enfance qu’il y a dans ses photos et ses films est soigneusement protégée derrière des sujets graves, et vient contre toute attente du cinéma. Il fait partie de ces cinéastes et photographes qui savent que l’on ne peut filmer et photographier le réel qu’à partir de l’imaginaire qui nous constitue si l’on veut que l’image, aussi documentaire soit-elle, ne relève pas de la seule représentation du visible. Les images fortes du réel emportent toujours une part secrète qui vient nous parler en sourdine, sous la surface des choses captées, de ce qui constitue le noyau imaginaire fondamental de celui qui en est le capteur/auteur. »
« Dans son enfance, comme pour d’autres créateurs de sa génération – celle de l’après-guerre et de la cinéphilie historique –, c’est le cinéma qui a révélé Jean Gaumy à lui-même et lui a désigné les voies de l’image pour tenter de résoudre l’énigme du monde et de sa propre présence à ce monde. » (…) « L’univers des films qu’il a croisés dans son enfance relève d’un bric-à-brac hétéroclite idéal pour se constituer un imaginaire fort, sauvage et personnel, ne ressemblant à aucun autre, résistant à toute catégorisation déjà faite, à tout lissage culturel, de quoi tenir une vie entière. »
« Sa rencontre avec le cinéma commence par des images fixes vues dans l’isolement grâce à la lanterne magique Pathé Webo de ses parents : des photogrammes du Napoléon de Gance (à qui la grandiloquence ne faisait pas peur), Nanouk l’esquimau et L’Homme d’Aran. Le film décisif de son enfance c’est La Grande Aventure, de Sucksdorff, vu de multiples fois vers l’âge de dix ans, une histoire d’hommes et de loutres – donc de rencontre des espèces déjà – dans la nature enneigée du Grand Nord. A la même époque l’impressionneront (au sens quasiment pelliculaire du terme) les films de science-fiction (La Marque, Les Soucoupes volantes attaquent, La Guerre des mondes), les films de sous-marins, (Cuirassé Potemkine, Vingt mille lieues sous les mers), mais aussi Golgotha de Duvivier et Marcellino pane e vino. Cette liste suffit à regarder autrement les images créées par Jean Gaumy, car tous les films en question y font souvent sans crier gare un retour imprévu, en filigrane, en contrebande du réel rencontré.
On touche ici à l’un des plus beaux mystères de la création : comment une esthétique cohérente et personnelle parvient-elle à se constituer à partir d’un stock d’images initiales aussi hétéroclites qu’indélébiles ? C’est que l’enfance avale tout et digère tout, sans trier – son seul critère est ce qui lui fait signe – et l’homme qui arpentera ensuite le monde avec sa caméra n’aura rien à renier de ce précieux capital initial, et surtout pas ses contradictions qui sont à la source même de la constitution de son style unique. »
Alain Bergala
(Texte composé d’extraits remaniés de la préface du livre Jean Gaumy publié aux éditions Actes Sud, collection Photo poche, 2010)
Jean Gaumy est l’une des figures majeures de la photographie française. Après des études de lettres, il fait ses premières armes professionnelles en tant que rédacteur photographe pour un quotidien rouennais et rejoint, à la demande de Raymond Depardon, l’agence Gamma en 1973. Il est remarqué aux Rencontres d’Arles de 1976 par Marc Riboud et Bruno Barbey, et entre à l’agence Magnum en 1977. Durant ces années, il couvre l’actualité internationale, mais s’investit également dans de longs projets personnels. Citons à ce propos son document consacré à la vie d’un hôpital (1975-1976) et celui sur les prisons françaises, considéré comme le premier essai photographique jamais réalisé sur ce sujet à l’époque (1976-1979). Son travail est régulièrement publié par des quotidiens et des revues en France et à l’étranger. Jean Gaumy reçoit par deux fois le prestigieux Prix Nadar en 2002 et en 2010. Parmi ses publications, on citera : L’Hôpital (1976) ; Les Incarcérés(1983) ; Portraits en altitude (1994) ; Le Pont de Normandie (1994) ; Le Livre des tempêtes (2001) ; Pleine mer (2001) ; D’après Nature (2010) ; Jean Gaumy, collection Photo Poche (2010).
Il est aussi réalisateur. Influencé par le cinéma de Jean Rouch, il tourne plusieurs films tous diffusés par les télévisions françaises et européennes, dont La Boucane (1985), primé au 3e Bilan du film ethnographique et nominé au César du meilleur documentaire en 1986. Sa série documentaire Sous-marin (2006), lui vaut deux ans plus tard le titre de « Peintre officiel de la Marine ».
Filmographie :
La Boucane (1984) : Prix Kodak premier film, 3e Bilan du film ethnographique de 1984 ; Grand prix du jury, Festival du film de Belfort de 1984 ; Nominé aux Césars, catégorie court-métrage documentaire, en 1986
Jean-Jacques (1987), Prix du film documentaire de Belfort en 1987
Marcel, Prêtre (1994)
Sous-marin (2006).
Jean Gaumy : http://www.magnumphotos.com/C.aspx?VP3=CMS3&VF=MAGO31_10_VForm&ERID=24KL53ZFL3
Alain Bergala essayiste, critique, enseignant de cinéma, réalisateur, ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, est l’auteur nombreux ouvrages de référence dont Monika de Ingmar Bergman ou L’Hypothèse cinéma. Il est connu pour être un spécialiste de l’œuvre de Jean-Luc Godard (Nul mieux que Godard ; Godard par Godard ; Godard au travail). En 2000, il est sollicité par Jack Lang pour mettre en place un projet d’éducation au cinéma à l’école. Aujourd’hui enseignant à la Femis, Alain Bergala est aussi commissaire d’expositions (Correspondances : Kiarostami Erice, centre Pompidou 2007 ; Brune/Blonde, Cinémathèque française 2010,Pasolini Roma, Cinémathèque française 2013). Mot(s) clés libre(s) : films ethnographiques, cinéma documentaire
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