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Une conférence du cycle : "Quels humanismes pour quelle humanité aujourd'hui ?"La moraline et les moralistes par Jean-Charles DarmonLa tentation a souvent été grande de légitimer l’enseignement de la littérature en mettant au premier plan des raisons et des finalités morales. Mais ce type de démarche, encouragé aujourd’hui par tout un courant critique et philosophique outre-Atlantique, a souvent pour effet d’occulter l’inquiétante étrangeté des expériences de pensée que la littérature (même la plus « classique ») permet d’explorer, loin, très loin assurément des « leçons de morale » qui l’on prétend parfois y puiser. Ceux que l’on nomma, précisément, les « moralistes », furent des maîtres du soupçon impitoyablement critiques et prodigieusement inventifs à cet égard. On pourrait montrer, notamment, qu’avec Montaigne et ses grands successeurs s’ouvre une crise de l’exemplarité morale sans précédent, faisant de la lecture un exercice éthique d’un style nouveau. Je voudrais réexaminer, de ce point de vue, un cas, célèbre entre tous, celui des Fables de Jean de La Fontaine ; et, en abordant les jeux complexes qu’il instaure avec la notion même d’exemplarité, rappeler quelle fut la profondeur souvent déroutante des allégories de la pensée morale dont certaines Fables offrent le spectacle.
Mot(s) clés libre(s) : fables, humanisme, Jean de la Fontaine, littérature et morale, moralistes