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À l’Est se lève la notabilité ? (1930-1943) par Julien Fromage (Université Paris 7) Colloque pour une histoire critique et citoyenne - le cas de l'histoire franco-algérienne De la construction d’une identité nationale à la guerre d’indépendance algérienne (1)Résistances anticoloniales et nationalisme : l’avant 1954 : session thématique (prés. Omar Carlier) Paroles entendues le 8 mai 2005 lors du colloque tenu à l’université Ferhat Abbas de Sétif : « L’historien ne peut se passer du témoin car celui-ci a vu et vécu ce que le premier s’échine à reconstituer par le biais de son érudition. » Si la trace - qu’elle soit témoignage, vestige ou silence - est bien l’atome historique premier pour paraphraser Lucien Febvre, le lien de nécessité et de subordination établi par les propos rapportés, du témoin à historien, ne peut quant à lui être tenu pour avéré.Une telle entrée en matière pour traiter de la Fédération des élus des musulmans du département de Constantine - FEMDC - peut surprendre. Elle n’est pourtant pas fortuite. Pour nous en tenir aux années 1930 il n’est pas inutile de s’interroger sur les lignes de fracture mises en avant par l’histoire. Les partitions politiques qui, de Charles-André Julien à Mahfoud Kaddache, ont assis l’historiographie nationaliste du nationalisme algérien, laissèrent la FEMDC en marge. À l’aune de ce paradigme national à vocation unanimiste et de son avancée graduelle, confinant parfois au télos, la FEMDC fut écrite sur un mode ternaire. Élément moteur jusqu’au congrès musulman de juin 1936, puis perturbatrice pendant la lutte autour du projet Blum-Viollette de 1936 à mars 1938, elle fut considérée comme dépassée et inutile au-delà.Notre analyse est ici par trop fruste pour avoir valeur générale. Elle vise simplement à faire entendre que si la FEMDC ne fut pas oubliée, elle ne fut pourtant pas comprise. Les critères du nationalisme et de la radicalité ne sont que seconds dans l’appréhension de l’action des élus et, par-delà, du renversement des années 1930. L’enjeu est ici à la fois plus simple et plus complexe. Il s’agit du politique ou plutôt de la politique, comme pratique. Ainsi, la FEMDC naît le 29 juin 1930 de la frustration suscitée par les célébrations du centenaire de la prise d’Alger. Sous la conduite d’une nouvelle génération de notables, la première de double culture, l’Est algérien fut le cadre d’une première politisation du peuple colonisé par ses élites. En sens inverse, ceux-ci surent s’appuyer sur la soif de changement, les solidarités existantes et certains modes anciens de mobilisation et d’échange. L’expérience fédérale fut celle d’un continuum politique en gestation. L’échec et le dépassement de la FEMDC entre 1938 et 1943 marquent une transition. Cela étant, pour l’historien, Bendjelloul et ses hommes furent le cœur politique battant de l’Algérie des années 1930.Comprendre ce mouvement, c’est sans doute en saisir d’abord les origines, l’héritage reçu. Quelle est donc l’ambition sociale et politique de cette génération nouvelle de notables ? Il convient également de s’interroger sur les projets et les méthodes, mais aussi sur la nature même de la FEMDC en tant que structure. Au cœur des années 1930, comment caractériser la pratique politique de la Fédération et de ses leaders ? Enfin, entre histoire et historiographie, quel sens donner à l’expérience fédérale ? Quelles inflexions apporter à l’analyse historique et quelles perspectives ouvrir dans la compréhension de l’Algérie de l’entre-deux-guerres ?Equipe technique Directeur de la production: Christophe Porlier, Responsable des moyens techniques: Francis Ouedraogo, Réalisation : Service commun audiovisuel et multimédia : Mathias Chassagneux, Julien Lopez, Son: Xavier comméat, Encodage-Diffusion Web : Jean-Claude Troncard
Mot(s) clés libre(s) : algérie, constantinois (algérie), fédération des élus des musulmans du département de Constantine - FEMDC, histoire, nationalisme, politique et gouvernement